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Pierre-henri pappalardo, président de france-maghreb
« Ne cultivons pas les regrets »
Publié dans El Watan le 07 - 11 - 2004

Je suis né à Notre-Dame d'Afrique en octobre 1948. J'ai vécu toute mon enfance entre le village Nègre et le village Victor. Mes compagnons de jeu s'appelaient : Bernard, Mahdjoub, Kamel, Geneviève, Leïla, Maurice. Nous fêtions ensemble Noël, Pessah, l'Aïd....
Lorsqu'il manquait un enfant de chœur, Maurice servait la messe. Il m'est arrivé de prier dans une mosquée, là je récitais le Notre-Père. C'est dire si la mosaïque était belle. La suite, on connaît. Juin 1962 : un départ brutal. Une intégration difficile en terre de France. Il a fallu beaucoup de courage et d'abnégation pour recommencer dans un monde qui nous était étranger. Les pieds-noirs sont comme tous les Algériens, bruyants dans la joie, silencieux et fiers dans la peine. Nous nous sommes tus, nous avons travaillé. Les temps étaient difficiles. Je faisais des études supérieures et, dans le même temps, je devenais spécialiste en fabrication de croissanterie et de viennoiserie pour payer mes études. Quelques années plus tard, j'avais réussi et conforté l'humble éducation reçue de mes parents. Bien des années plus tard, quand on me demandait d'où je venais, il m'arrivait de répondre : « De Marseille », puis de me reprendre en disant : « Avant, d'Alger ». Et oui ! Alger, c'était avant. Il est passé quarante-deux ans. Je n'avais pas déchiré la page, mais elle était tournée. C'est la vie. En novembre 2003, j'ai eu l'opportunité de retourner en Algérie. Je croyais, à mon âge, être fort, et pouvoir garder mon sang-froid face à l'intensité des sentiments. Je m'étais trompé. Ce fut bouleversant. L'appréhension, l'émotion et enfin la sérénité. C'est à ce moment-là que je me suis promis de ne pas en rester là, d'être à nouveau en phase avec ma terre natale, l'Algérie. J'ai créé cette fondation France-Maghreb avec pour objectif le rapprochement des deux rives. Pour commencer trois belles missions :
la réhabilitation des lieux de mémoires ;
le thème « Se retrouver en terre natale » ;
le projet d'une maison France-Maghreb pour retisser les liens et construire l'avenir.
Les deux premiers objectifs sont largement en cours de réussite. Pour le troisième, nous n'avons toujours pas trouvé d'écho auprès de nos interlocuteurs algériens. Nous continuons à essayer de les sensibiliser à cette structure nouvelle et dynamique.
C'est la terre qui fait l'homme
1948 à Alger. Ma mère gravement malade après ma naissance. Mon père, par relation, avait trouvé, pour l'aider, une dame de même âge, veuve, et qui venait aussi d'avoir un bébé. Ma mère, catholique, et l'autre femme, musulmane. Elles sont devenues amies et complices. C'est, entouré de leur tendre affection, que j'ai grandi. Affection que je partageais, naturellement, avec l'autre bébé. Les années passèrent, nous grandissions tous deux paisiblement. Nos voies étaient tracées. Nous étions enfants d'Algérie et heureuxde l'être. En cours de route, de terribles bouleversements ont changé nos itinéraires. Cinquante-six ans plus tard, nous sommes toujours, lui et moi, enfants d'Algérie. Si nous avons suivi des trajectoires différentes, nos cœurs n'ont pas changé. Chacun d'entre nous, quelle que soit son histoire personnelle, ses opinions, porte en lui une mémoire. Il y a, sans doute, autant de mémoires que de personnes. Qu'elles soient faites de nostalgie ou de déchirement, ces mémoires doivent être respectées, comme doit l'être toute souffrance, mais elles ne doivent pas faire obstacle à la compréhension collective du monde. Pour les mémoires appartenant à l'histoire de l'Algérie jusqu'en 1962, leur simple juxtaposition conflictuelle ne peut en elle-même faire l'histoire. Il appartient, et il appartiendra encore longtemps aux historiens - c'est là leur rôle fondateur - de prendre en compte ces mémoires, de les pacifier, pour les transformer en histoire, pour que l'histoire des relations de l'Algérie, de la France, de l'Europe soit une transmission génératrice de sens. Car, entre la mémoire et l'histoire, le présent doit être construit par des hommes de bonne volonté, sur des valeurs qui les rassemblent. En débarquant à Alger, en septembre de cette année, j'ai toutes ces vérités en moi, ces grandes idées, ces valeurs essentielles. Une femme voilée attend dans l'aérogare son amie qu'elle n'a pas revue depuis quarante-deux ans. A cet instant, l'émotion qui réunit ces deux femmes, qui les étreint dans une extraordinaire tendresse, provoque un formidable rayonnement pour tous ceux qui sont présents. Dans cette assistance, je porte toujours en moi mes réflexions, mais je sais que seuls Amour et Respect entre les hommes apporteront la paix. Amour et Respect. Des Algériens disaient : « Bienvenue chez vous », et nous nous sentions bienvenus, tellement bienvenus qu'il nous est apparu évident que nous étions aussi « bienvenus chez eux ». Le temps de l'apaisement, des retrouvailles est enfin venu. Des passerelles sont établies. Nos présidents de la République ont clairement exprimé la volonté des peuples algérien et français ; la majorité des hommes de bonne volonté œuvre au développement des échanges de toutes sortes. Une grande partie des perspectives d'avenir français est en Algérie. Cette dynamique est valable dans les deux sens. Dans cet esprit, j'ai fondé France-Maghreb dont l'objet est de rapprocher, à travers diverses missions, les deux rives de la Méditerranée. Nous voulons réussir cette formidable action en conjuguant les efforts de tous. Nous avons attendu plus de quarante ans, ne cultivons plus les regrets. Allons, ensemble, fraternellement. Mon père disait : la terre fait l'homme, elle donne à tous ceux, issus d'elle, les mêmes qualités, la même nature. C'est la même terre qui nous faits. La terre d'Algérie.
P. H. P.


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