Il ne fait pas de doute que l'auteur de l'attentat de Batna ciblait la personne du président de la République. Le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, n'a pas écarté cette éventualité qui donne froid au dos. On n'ose pas imaginer, en effet, les « dividendes » médiatiques d'une telle opération terroriste si elle avait réussi son objectif, celui d'attenter à la vie du Président. Certains médias arabes, notamment la chaîne de télévision qatariote Al Jazeera, ne manquent pas une occasion pour donner une aura à une organisation terroriste fortement malmenée sur le terrain militaire. Le GPSC en Algérie et Al Qaïda dans le monde ont récemment accentué le recours aux médias pour donner plus de propagande à leurs actions militaires. Celle de Batna aurait pu plonger le pays dans une situation politique des plus sensibles. Le kamikaze n'a pas réussi son objectif, mais la bombe qu'il a fait actionner a causé la mort de plusieurs citoyens. Des victimes innocentes qui étaient là, la plupart de simples spectateurs d'un événement particulier : la venue de Abdelaziz Bouteflika dans leur localité. Elles viennent s'ajouter à une liste déjà longue de citoyennes et de citoyens arrachés à la vie par une organisation terroriste qui prône une idéologie moyenâgeuse en totale contradiction avec l'Islam authentique que les Algériens et les Maghrébins de manière générale ont de tout temps connu. Avec l'attentat de Batna, le GSPC affilié à Al Qaïda a montré qu'il a en main une arme redoutable et difficile à repérer : le terroriste kamikaze. Des jeunes Algériens plongés dans l'univers presque psychédélique de l'islamisme et dont l'endoctrinement poussé à l'extrême les amène à accepter de se donner la mort. Il était impensable pour l'opinion publique nationale que le terrorisme islamiste en Algérie puisse recourir un jour à des actions kamikazes. Pourquoi ? « Parce que nous sommes des sunnites, rétorquent la plupart, et le suicide est un péché. » Hélas ! La réalité est toute autre. Elle doit amener le pouvoir en place à reconsidérer sa vision de l'islamisme radical et la stratégie mise en place dans la lutte antiterroriste. L'on ne comprend pas en effet comment et pourquoi le président de la République parle encore de réconciliation et tend la main à des gens qui manifestement la refusent et promettent de semer la mort et la dévastation jusqu'à l'avènement d'une république islamique ? La pire des choses à faire est d'essayer de comprendre ou de justifier les actes de ces personnes belliqueuses et entêtées, comme on a souvent l'habitude d'entendre dans le discours officiel ou chez certaines élites. Parce que l'islamisme armé répond à une autre logique et surtout prend ses ordres d'une organisation internationale qui s'est retournée contre son principal allié, les Etats-Unis, après l'invasion de l'Irak. Après la réconciliation nationale et le retrait de la couverture politique aux groupes armés, l'Etat algérien a le devoir de châtier sévèrement tous ceux qui ont décidé de recourir à la violence pour imposer leur idéologie. Il y va de la crédibilité de l'Etat aux yeux de ses citoyens et de sa pérennité.
