Après le départ à la retraite de Mustapha Lakehal, son ancien PDG, l'entreprise portuaire de Mostaganem a un nouveau patron. Il s'agit de Mokhtar Chérif, un ancien cadre dirigeant. A la faveur de ce changement à la tête de l'entreprise, il était attendu de cette dernière qu'elle se fixe de nouveaux objectifs et donc de nouveaux défis. Car entre-temps, une partie du conseil d'administration subira également des remplacements. C'est ainsi que désormais, l'EPM éditera un bulletin trimestriel dont le premier numéro est déjà disponible. Dans l'éditorial que signe le nouveau PDG, il est mis l'accent sur le rôle de la communication dans le développement des relations harmonieuses et efficaces entre les partenaires économiques. Dans un article à la Une, les contraintes et les perspectives sont traitées dans un langage direct qui met rapidement en évidence les goulots d'étranglement qui freinent considérablement la croissance de l'activité portuaire. Le premier obstacle est indubitablement le tirant d'eau qui limite considérablement la taille des navires admis à l'accostage. En effet, avec une profondeur des bassins qui varie entre 6,77 et 8,22 mètres, il n'est possible d'accueillir que des navires de faible tonnage. Il arrive souvent que des cargos d'un tonnage moyen soient obligés de transiter par un autre port algérien ou étranger afin de se délester d'une partie de leur cargaison pour ensuite pouvoir venir mouiller à Mostaganem. Ces contraintes majeures n'auront pas échappé aux responsables qui auront engagé une étude et dépensé beaucoup d'argent pour augmenter le tirant d'eau. Mais l'opération qui aurait englouti beaucoup d'argent n'aura pas été concluante pour tous. Seules l'entreprise ayant effectué les travaux aurait tiré profit de cette opération. Pour les responsables de l'EPM, parvenir à un tirant d'eau d'au moins 12 mètres devrait permettre au port d'accueillir des navires autrement plus grands. Mais cette opération d'envergure ne peut se décider localement. C'est pourquoi, les responsables projettent d'organiser une journée d'études et de réflexions à laquelle ils espèrent associer le ministère des Transports, la holding Sogeports, les chercheurs universitaires ainsi que les opérateurs économiques. Un troisième bassin Cette rencontre devrait aboutir à un consensus sur la nécessité d'agrandir le plan d'eau par la création d'un troisième bassin. Un projet ambitieux qui aura de tous temps intéressé les responsables et autres élus locaux, notamment du temps de la colonisation. Période durant laquelle le port de Mostaganem avait un rôle prépondérant dans l'exportation à destination de la métropole de gros tonnages de produits agricoles et d'animaux destinés à la boucherie. L'autre contrainte qui grève notablement l'activité portuaire est celle relative au terre-plein. Ne disposant à l'heure actuelle que de 6 hectares d'aire de débarquement, le port de Mostaganem ambitionne d'augmenter cette superficie à hauteur de 21 hectares. Pour y parvenir, l'aménagement du troisième bassin, le prolongement de la jetée à hauteur de 980 mètres, la création d'un nouveau poste d'accostage ainsi qu'un quai pour accueillir les portes containers sont nécessaires. Une activité en pleine expansion qui pourrait favoriser l'émergence d'un véritable pôle spécialisé qui fait encore défaut en Algérie. Mais cette ambition butte encore sur des contraintes autrement plus insurmontables ; le second port à l'ouest d'Alger faisant les frais de la rude concurrence qui l'oppose à son voisin d'Oran. Pour s'en convaincre, il suffit de rappeler que la nouvelle ligne qui reliera sous peu le port français de Sète à Oran, était fortement convoitée par l'EPM. Car sans l'ouverture d'une ligne avec la rive nord de la méditerranée, soit à partir d'un port espagnol qui pourrait être celui d'Alicante, soit à partir d'un port français, comme celui du Port Vendres ou Port la nouvelle, il serait illusoire de tenter la moindre prospective. Toutefois, les responsables de l'EPM ne semblent pas résignés face à la concurrence. C'est en regardant vers l'avenir et en proposant une refonte totale de la relation avec leurs partenaires qu'ils espèrent donner une impulsion des plus dynamiques à leur entreprise. C'est dans ce cadre que trois opérateurs nationaux sont désormais bénéficiaires d'une concession qui leur permet d'ériger leurs propres structures de stockage. C'est le cas du minotier Métidji qui projette d'ériger 3 silos-tours de 6 000 tonnes chacun ; ce qui permettra un trafic céréalier de l'ordre de 300 000 tonnes/an. Deux entreprises spécialisées dans le bitume auront également bénéficié de concessions similaires. Côté exportation, c'est sans doute l'arrivée de l'opérateur Orascom qui dynamisera, dans un proche avenir, cet autre volet de l'activité portuaire à Mostaganem. En effet, c'est par l'intermédiaire de sa filiale ACC (Algérian Ciment Company), dont la cimenterie de Sig, qu'elle pourra rapidement exporter 30 000 tonnes de ciment blanc et 1.2 millions de tonnes de ciment gris. Ce qui provoquera indéniablement un essor inespéré pour l'EPM. A condition que les nombreuses embarcations et autres chalutiers qui encombrent outre mesure les deux bassins, trouvent un autre port pour les accueillir. Car, à ce jour, ni le port de Sidi Lakhdar, ni à fortiori celui en construction à Salamandre ne semblent en mesure de soulager les quais de Mostaganem. Pourtant, selon une étude américaine, c'est ce port algérien qui possèderait les meilleures opportunités d'extension. C'est la substance du cri d'alarme de Med Bouabida, le commandant du port, qui souhaite que cette structure retrouve sa vocation commerciale. Malheureusement, ce ne sont pas les retards dans l'érection du port de Salamandre et l'indispensable dragage pérenne de celui de Sidi Lakhdar qui pourront soulager le port de Mostaganem qui continue de souffrir d'un étranglement sans fin.
