Sans crier gare et sans faire trop de tapage, Saïb est parvenu non seulement à s'imposer en tant qu'entraîneur mais à imposer ses idées. Peut-on dire aujourd'hui que Saïb est bel et bien dans la peau d'un entraîneur. (Rires) Oui, je suis dans la peau d'un entraîneur. Nous voulons dire par là, est-ce que désormais cette fonction de coach vous ne la craignez plus ? J'y suis de plain-pied. Il est vrai que débuter une carrière d'entraîneur dans un club comme la JSK est un véritable coup de poker. Car ce n'est pas facile avec des supporters très exigeants de mettre en pratique vos idées. El Hamdoulillah (Dieu Merci), je pense avoir bien entamé ma carrière. Vous en serez ce jeudi à votre huitième journée aux commandes de la JSK. Si on vous demande d'évoquer votre groupe, vous direz quoi ? J'ai entre les mains 29 hommes de bonne famille qui sont très respectueux du staff et surtout de la profession qu'ils exercent et pour laquelle ils sont payés. Mais, au départ, certains n'avaient pas accepté leur statut de se retrouver sur le banc. C'est vrai qu'au départ, il y avait une certaine incompréhension de la part de quelques joueurs, mais par la suite tout est rentré dans l'ordre. Mon message était clair : tout le monde est titulaire et tout le monde est remplaçant. J'ai bien expliqué que j'ai un groupe sur lequel je privilégierai l'équipe. Je pense que tout le monde adhère à cette politique et c'est tant mieux pour tout le monde. Et après 8 journées, comment trouvez-vous le niveau du championnat ? Je dirai juste moyen. Et quelle est votre appréciation de la programmation actuelle. Je dirai tout simplement qu'elle est insensée et qu'elle n'obéit à aucun critère logique. C'est de l'emporte-pièce, du bricolage tout simplement. Ce n'est pas de cette manière que l'on progressera. Une chose est certaine, cela perturbe tout le monde. La logique aurait voulu que les responsables de la Ligue se mettent autour d'une table avec leurs homologues des clubs pour arrêter définitivement une programmation qui sera scellée dans la mesure où tout le monde aurait donné son quitus. Je ne vois pas comment on pourra continuer à travailler de la sorte dès lors que les dates FIFA, CAF et UAF sont connues d'avance. Et pour cette valse d'entraîneurs, vous en dites quoi ? Ce n'est pas nouveau. C'est courant dans tous les pays, mais avec moins de légèreté que chez nous. Vous savez, quand l'équipe marche, c'est tout le monde qui réclame la paternité des résultats, et lorsque rien ne va plus, c'est l'entraîneur qui paie. C'est cela la vie d'un entraîneur. Mais elle est faite aussi pour durer à l'image des grands clubs européens. Il y a des entraîneurs qui sont en place même si leurs équipes n'ont pas eu les résultats escomptés... C'est une autre culture. On en est encore un peu loin de ce genre de politique où l'on vous donne les moyens de bâtir une équipe à moyen et long termes. Ces clubs font aussi dans du management de haute voltige puisqu'ils récoltent à chaque fois une plus-value dans leurs investissements, tant dans les infrastructures que dans les joueurs. Ils ont compris qu'un investissement réel doit être durable. C'est comme un vent nouveau que vous faites souffler sur le championnat national avec un jeu à une touche de balle. Une stratégie payante jusque-là... Le football est un jeu simple. C'est ce que j'essaye d'inculquer aux joueurs. C'est au ballon de courir le plus et non pas le joueur. Ce jeudi, vous allez jouer le MCA dans un classico. Vous l'avez bien dit, classico. Mais cette rencontre ne doit pas dépasser ce cadre. Le MCA, à mes yeux, est une équipe du championnat au même titre que le reste des 15 autres formations. Nous avons travaillé comme nous l'avions fait jusque-là avec toutes les équipes. Je ne vois pas pourquoi on accorde plus d'attention à cette rencontre qu'à une autre. Pour clore cet entretien, récemment, le nouveau coach de l'EN, Rabah Saâdane, a déclaré dans une émission radiophonique que vous méritez d'intégrer le staff technique national. Vous en pensez quoi ? Cela me flatte et me fait énormément plaisir, mais pour le moment, je ne pense même pas à cela même si l'appel des couleurs nationales ne peut être refusé. Je suis à la JSK et j'essaye de faire mon boulot comme il se doit, sans trop de calculs avec une remise en cause quotidienne.
