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Comment amener les jeunes à lire ?
Publié dans El Watan le 06 - 11 - 2007

Au moment où se tient à Alger, du 31 octobre au 9 novembre 2007, le Salon du livre, la question du livre aujourd'hui en Algérie nous interpelle. En effet, les Algériens, dans leur majorité, ne lisent pas, et ceci n'est pas leur spécificité.
La question de la lecture se pose dans les pays occidentaux eux-mêmes, mais tout est relatif. Il n'y a bien sûr aucune comparaison, et les causes ne sont pas les mêmes. Si les Algériens ont un rapport particulier avec le livre, ce n'est pas parce qu'ils n'aiment pas lire, mais davantage parce qu'ils ne veulent plus lire. Les sources du mal se trouvent loin dans le temps. En 1962, à l'indépendance de l'Algérie, c est la mainmise de l'Etat sur le secteur du livre, d'où une certaine méfiance de la population vis-à-vis des ouvrages publiés, assimilés à de le propagande. Décriés, peu lus, ces livres s'érigeaient en maîtres dans les librairies où ils n'avaient d'ailleurs aucune concurrence, et finissaient défraîchis sur les étalages. A partir de ce moment-là, les Algériens n'accorderont de crédit qu'aux écrivains algériens qui publient à l'étranger, plus précisément en France. Des livres interdits sont passés sous le manteau, on se les arrache et on les lit avec avidité. La question de la liberté d'expression est donc, dès 1962, au cœur du problème. C'est elle qui mènera les écrivains algériens à publier leurs ouvrages à l'étranger. Mais non seulement, car publier au Caire pour les arabophones, ou à Paris pour les francophones, assure la renommée. De ce fait, pour les Algériens, seuls les ouvrages publiés dans les grandes capitales du monde sont considérés comme de qualité. Cette question de la qualité a longtemps porté un lourd préjudice aux écrivains algériens qui publient dans leur pays. Et ce préjudice perdure aujourd'hui. Les écrivains algériens qui écrivent et publient en Algérie sont d'un courage qui force le respect, car pour écrire dans ce pays, il faut forcément du courage et de la persévérance (en plus du talent bien évidemment) non seulement par rapport à la liberté d'expression qui est bien sûr majeure, mais parce que ce n'est pas facile d'écrire dans un environnement qui n'aide en rien à la créativité. Ces écrivains sachant aussi que quel que soit leur talent, ils seront considérés, dans les esprits, comme des écrivains mineurs par rapport à ceux qui publient à l'étranger. Pourtant, les choses ne sont plus ce qu'elles étaient, s'il reste beaucoup à faire au niveau de la liberté d'expression, le secteur de l'édition est néanmoins libéré, les librairies sont désormais du domaine privé, les écrivains algériens abordent des thèmes que jamais ils n'auraient osé il y a quelques années. Un Salon du livre permet aux professionnels de ce secteur de se retrouver et d'exposer leurs livres. La présence des éditions étrangères est un signe fort d'une ouverture sur le monde extérieur, même s'il arrive que la censure vienne tout gâcher comme ce fut le cas en 2006 pour les éditions La Découverte. Mais les idées reçues sont bien ancrées dans les esprits, car on continue de penser que non seulement seuls les écrivains qui publient à l'étranger sont de vrais et bons écrivains, mais aussi s'ils le font à l'étranger, c'est parce qu'ils ne peuvent pas s'exprimer comme ils veulent dans leur pays. La question de la liberté d'expression continue encore aujourd'hui d'être au cœur du problème. Les Algériens continuent à lorgner du côté de ce qui se publie en France, et les écrivains algériens n'ont tous qu'un seul rêve, une reconnaissance à Paris. Il est naturel de vouloir pareille reconnaissance, Paris n'est-elle pas la plaque tournante du monde ? Et n'est-t-il pas légitime pour tout écrivain de vouloir une reconnaissance internationale ? Pourtant jamais autant d'Algériens n'ont publié d'ouvrages en France que durant la décennie noire, mais combien d'entre eux ont récidivé ? La liberté d'expression explique-t-elle, à elle seule, le fait que les Algériens ne lisent plus ou peu ? Assurément non, car aujourd'hui les librairies sont mieux achalandées, d'éditions algérienne et étrangère, et les écrivains algériens s'expriment avec plus de liberté qu'avant. Mais la question économique est venue se greffer à celle de la liberté d'expression. En effet, le pouvoir d'achat des Algériens, qui ne cesse de s'effriter, fait du livre un produit de luxe que peu d'Algériens peuvent se permettre d'acheter. Confrontés à des problèmes de survie (problème de l'eau, chômage, problème crucial du logement, celui du transport...) qui empoisonnent leur vie au quotidien, au point que leur parler de nourriture livresque, c'est avoir l'air de se moquer d'eux. Aujourd'hui, avec toute la bonne volonté du monde, la libération du secteur de l'édition, l'ouverture de librairies privées, le Salon du livre... le livre en Algérie a du mal à trouver sa place dans une société préoccupée par des problèmes de survie et pour qui le livre ne veut plus rien dire du tout. En Algérie, ce ne sont pas seulement ceux qui sont confrontés aux problèmes de survie qui ne lisent pas, car ce « désert livresque » a touché toute la population quelle que soit sa place dans la hiérarchie sociale. En effet, le mal est plus profond. L'école algérienne a failli à sa mission ; celle de donner aux écoliers l'amour du livre. Longtemps le ministère de l'Education et celui de la Culture ont occulté que le livre est un passage obligé en tant qu'outil du savoir et d'ouverture sur le monde. De ce fait, ils ne lui ont pas accordé la place qui lui revient dans une société digne de ce nom. Les jeunes Algériens ne lisent pas. Leur loisir préféré c'est la tchatche sur Internet. En cela, ils sont comme tous les jeunes à travers le monde. Mais, fait aggravant pour l'Algérie, le manque de bibliothèques et la pauvreté de celles qui existent n'aident en rien. Comment réconcilier les Algériens avec l'édition algérienne ? Comment rétablir la confiance entre l'écrivain algérien qui publie en Algérie et son public ? Comment amener les jeunes à lire ? En d'autres termes, comment faire en sorte que le livre se vende mieux en Algérie ? La question économique, c'est la politique qui la résoudra. Mais la question de la liberté d'expression n'est-elle pas hautement politique ? La boucle est bouclée, et n'est-il pas trop tard à l'heure où le livre papier est aujourd'hui concurrencé par le livre électronique, à l'heure où il est plus simple de surfer sur Internet pour être au courant de tout et à la minute près ? Si nous avions dit au départ de cette réflexion que la question de la lecture se pose aux pays occidentaux eux-mêmes, c'est bien parce que le livre papier est aujourd'hui en perte de vitesse en Occident-même, concurrencé par le livre électronique, comme le fut naguère la radio par la télévision. Mais un média ne remplace jamais un autre. En Occident, le livre papier a encore de beaux jours devant lui ; jamais on ne l'a autant « chouchouté » que depuis l'avènement d'Internet. On le protège, on le met à la portée des petites bourses par une politique du livre appropriée. En France par exemple, en dehors du livre de poche et du prix unique du livre, les bibliothèques s'agrandissent et se multiplient. Et les spécialistes de la question ne cessent de réfléchir sur les moyens qui feraient définitivement du livre un bien de consommation comme tout autre. En Algérie, que fait-on ? C'est d'abord à l'école qu'il revient de remettre en route ce qui devrait être un geste simple d'ouvrir un livre et de lire. Mais comment donner le goût de la lecture aux jeunes Algériens, alors qu'aujourd'hui, la majorité d'entre eux vivent la malvie (exclus du système scolaire, chômage...) passent leurs journées adossés aux murs des villes et villages, préoccupés par une seule question, celle de quitter le pays ? Lorsque des jeunes, par centaines, se retrouvent dans des embarcations de fortune, direction vers ce qu'ils croient être l'éldorado, même s'ils doivent mourir en chemin, on se dit que la question du livre est dès lors désuète, et on se demande si c'est cette question qu'il faut poser.
L'auteur est Docteur en communication


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