Dans plusieurs quartiers périphériques de la capitale, la vente des moutons, destinés à l'accomplissement du rituel du sacrifice, a été entamée depuis au moins une semaine. Le moindre espace, ayant échappé à l'urbanisation décidée par l'ineptie des élus locaux, est squatté par les éleveurs de la race ovine. Ceux-ci en provenance essentiellement des Hauts-Plateaux ont acheminé une partie considérable de leur cheptel destiné à la vente. Toutefois, les aires les plus prisées sont celles qui donnent sur les grands axes routiers. La démission des pouvoirs publics est encore une fois constatée. « Auparavant jusqu'aux années 1970, la vente des ovins était bien réglementée. Elle était localisée au niveau du marché des bestiaux d'El Harrach. On ne tolérait pas l'anarchie qui règne de nos jours. Actuellement, on profite de la circonstance : n'importe qui peut exercer cette activité. Ajoutons à cela, la saleté qui envahit les voies publiques et les mauvaises odeurs qui agressent sans cesse les riverains », constate amèrement A. Khelifa, un ex-éleveur de bovin. Pour de plus amples informations, une virée effectuée dans plusieurs communes a été nécessaire. A Bachedjarah, un terrain, entouré d'arbres plantés par les habitants, a été transformé en aire de vente de bétail. Des éleveurs authentiques, qu'on peut identifier à travers leur tenue, recommandent une bête à un client manifestant un intérêt. « Je vous conseille de prendre cette bête. Elle vous convient pour accomplir le rite. Décidez-vous, nous allons trouver un arrangement », lance un vendeur à un client. Au même endroit, une personne non avertie ne peut différencier entre des engraisseurs venus des zones steppiques et des maquignons au col blanc. Ces derniers font des émules car le créneau est porteur. Dans certains quartiers de Kouba, des locaux commerciaux abritent des dizaines de têtes d'ovins. « Les achats dépendent des moyens des acquéreurs qui ont à choisir des têtes dont le prix est situé entre 16 000 et 40 000 DA. La majorité des achats serait située au niveau des 20 000 DA. Je pense que les prix proposés cette année sont nettement abordables que ceux de l'année passée », a estimé un revendeur, proposant des bêtes ramenées depuis la région de Béchar. A côté, attirés par la logique des gains faciles, des jeunes désœuvrés déposent des bottes de foin à même le sol et assurent la vente au détail. Dans la localité de Jolie Vue, un terrain, situé derrière un CEM, vient d'être aménagé en enclos. Çà et là, des dizaines de moutons regroupés autour d'une mangeoire attirent des clients en quête de la « bonne affaire ». En contrebas, des locaux commerciaux ont été rouverts pour assurer le même type de vente. Décor identique à Aïn Naâdja. Des véhicules de transport sont parqués de part et d'autre de la voie. Aux abords du bidonville de Aïn Melha, l'air est imprégné de l'odeur des moutons. Elle ne semble déranger aucun. « Les autorités locales devraient penser à y aménager des enclos destinés à la vente des bestiaux. Il y aura plus de propreté et moins d'anarchie. En outre, une source de financement sera assurée », remarque avec pertinence un habitant de la cité populaire. Entre temps, le flux humain est incessant, mais on ne sait quel tam-tam a avisé les vendeurs à proposer presque les mêmes prix.