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Les nouveaux dieux du stade
Les combats de béliers connaissent un engouement sans précédent
Publié dans El Watan le 17 - 12 - 2007

Depuis 4 ans, à l'approche de l'Aïd, il écume les marchés à bestiaux des villes des Hauts-Plateaux et revient avec une pleine cargaison de moutons destinés à être sacrifiés pour commémorer le geste d'Abraham.
A 23 ans révolus, Hakim travaille à plein temps au port de Béjaïa, mais sa passion des béliers l'a poussé à s'improviser maquignon. Pas n'importe quel maquignon. Il n'achète et ne vend que des moutons aux formes et aux cornes impressionnantes. « Un fartasse, je ne le prendrais pas même gratuitement », dit-il avec dédain, affichant ainsi un mépris souverain pour les moutons dont Dame nature a omis d'embellir le haut du crâne avec une belle paire de cornes en colimaçon. Un mois avant l'Aïd El Kebir, il loue un local sur les hauteurs de Sidi Ahmed et tient boutique. Il revend ses moutons à des prix oscillant entre 20 000 et 50 000 DA et se fait au passage un joli petit bénéfice mais, surtout, il assouvit sa dévorante passion pour les combats de béliers.Il ne fait pas que vendre ses moutons comme un vulgaire maquignon, Yacine. Il assure le service après-vente. Pendant notre passage dans son écurie, un client est venu avec son bélier qui doit subir une opération chirurgicale bénigne. Il doit se faire enlever les ongles des pattes qui ont trop poussé depuis qu'il a quitté les vastes steppes de Djelfa pour le trois pièces cuisine de Sidi Ahmed. Des enfants viennent acheter du fourrage, de l'orge ou du son pour leurs moutons. Agrippées aux clôtures, les grappes de gamins couvent les bêtes d'un regard béat d'admiration. Dans le garage que Yacine loue actuellement, Omar Sharif partage un morceau de paille avec Tyson, Zidane frotte ses cornes fraternellement contre celles de Rivelino, alors que Cannibale, Hulk, Marteau, Pelé, Beckam et d'autres célébrités locales se disputent le contenu de la mangeoire dans une ambiance plutôt bon mouton. Petit maquignon et petit manager, Yacine n'organise que des petits combats dans la catégorie amateur. Dans le cercle bougiote de la béliomachie, il y a tout d'abord les combats de quartier. Ils ont lieu au bas de l'immeuble et mettent aux prises le bélier du voisin du dessous contre celui du voisin de dessus. A l'échelle au dessus, il y a les combats interquartiers. Sidi Ahmed contre Ihaddaden, Sidi Ouali contre Taqliât, les 600 contre les 1000, etc. Accompagné de nuées de supporters, chaque champion défend les couleurs et l'honneur de son quartier à coups de tête rageurs. Au-delà de ses modestes catégories, il y a le titre national qui est mis en jeu au gré des prétentions des uns et des autres à s'en revendiquer. Tout dernièrement gladiateur, le champion en titre, un bélier annabi a affronté à Béjaïa le challenger kamikaze, champion d'Alger. Kamikaze est venu à Béjaïa 5 jours avant le combat pour bien se préparer à cette échéance déterminante. Entraînement léger, régime spécifique et massage à volonté loin de la pression populaire. Gladiateur, superstar au firmament de sa gloire, avait 5 gardes du corps qui assuraient sa sécurité jour et nuit. Personne ne pouvait l'approcher à moins de 10 m. Entre les deux camps, la tension est montée crescendo avant d'atteindre son paroxysme le jour du combat. Précédé d'une réputation de tueur, Gladiateur avait la cote auprès des nombreux parieurs. Le jour J, dans un stade Benallaouache survolté et rempli comme pour une finale de coupe d'Algérie et à l'issue d'un combat passionnant, riche en émotions et en rebondissements, Kamikaze a envoyé au tapis Gladiateur sous les vivats et les applaudissements de milliers de spectateurs. Porté à bout de bras par une foule en délire, Kamikaze, le nouveau champion d'Algérie, a inscrit son nom sur les tablettes sans qu'aucune gazette n'évoque son retentissant exploit. Sofiane, ami et associé de Yacine, nous parle des stars qui scintillent dans le ciel étoilé de la béliomachie locale. Carlos est mort presque invaincu. Après une brillante carrière sur tous les terrains vagues de Béjaïa, il est tombé traîtreusement sous le couteau de son propriétaire ingrat et a fini au fond d'une marmite. C'est plutôt rare pour un champion. Habituellement, ces vedettes finissent reproducteurs ou coulent des jours heureux à l'écurie par égard à leur statut. Gladiateur, lui, est une véritable légende qui possède son propre CD qui compile le best off de ses combats. Cette superstar sur pattes, originaire de Annaba, a combattu même en Tunisie. Au stade Benallouache, Ballack le jijelien, est revenu combattre sur ses terres d'origine et il a vaincu. « Vini, Vedi, Vici », aurait-il dit, s'il avait la possibilité de sortir autre chose que des bêlements de son museau. Marteau a été vendu 8 millions de centimes. Sur le marché des transferts, Pelé a rapporté un peu moins : 7,5 millions de centimes. Camacho est resté 13 ans invaincu. Ainsi va le monde de la béliomachie. De l'argent, des noms et de la passion. Pour Lamine, 28 ans, qui se présente comme éleveur, de simples moutons peuvent devenir de redoutables gladiateurs. Quand on décèle chez eux des qualités de force et de résistance et qu'ils possèdent un beau gabarit, ils sont d'abord isolés du reste du troupeau. Il faut qu'ils aient au minimum quatre ans. Soigneusement tondus, ils sont isolés pour être gavés. Le régime alimentaire du bélier de combat devient celui d'un athlète de haute performance. Chaque jour, il reçoit sa ration d'orge, de son légèrement mouillé et d'aliment du bétail spécialement conçu pour l'engraissement des bovins. On lui donne aussi du fourrage riche en fibres pour faciliter le transit intestinal et de l'huile d'olive. Parqué dans un box, le futur champion ne frotte pas sa noble toison à celle du cheptel dont le destin est de finir sur le grill du barbecue. Au bout de quelques combats victorieux, son prix peut grimper jusqu'à 25 millions de centimes et même au-delà. Certains béliers ont changé de propriétaires pour le prix d'une voiture neuve. Chaque succès augmente sa cote de popularité et sa valeur marchande. Et chaque défaite le rapproche inexorablement du couteau du boucher et d'une fin de carrière aussi prématurée que tragique. Le bélier de combat ne s'attache pas au bout d'une corde comme un vulgaire mouton. Sa majesté a droit à un harnais en cuir et une chaîne. On est toujours aux petits soins avec lui. Tonte, douche, henné, massage, vétérinaire et autres petits soins. Pour l'entraînement, chaque coach a ses petits trucs malins. Pour leur muscler le poitrail, par exemple, on les fait marcher sur la plage sablonneuse une heure et demie par semaine. Pour les rendre agressifs, l'astuce, c'est les laisser dans le noir complet. Avant le combat, passage obligatoire sur la balance. Pas question de faire combattre deux béliers de deux catégories différentes. On ne joue pas avec les règlements même chez les amateurs. « Il faut que les combats soient équilibrés », dit Yacine qui prend des airs de fin connaisseur. Foufa fait partie des organisateurs de combat. Sa propre écurie compte quatre béliers qui se prénomment Dounga, Capsula, Bezza et Omar Sharif. Comme dans un champ de courses à l'hippodrome, les paris font partie intégrante des combats de béliers. « Ceux qui ont de l'argent peuvent aller très loin », nous dit Foufa. En fait, de très grosses sommes peuvent circuler lorsque les noms à l'affiche sont connus. Certains mordus sont allés jusqu'à parier une voiture ou un appartement. A 18 ans à peine, Laârvi possède quatre béliers de combat qu'il entraîne avec son frère. Ses champions, il les a dénichés à Laghouat. Il nous montre sur son téléphone portable la vidéo du premier combat d'Ulysse payé 40 000 DA. Au bout de 18 coups et une victoire, Ulysse a gagné 20 000 DA de valeur marchande. Après l'Aïd, Ulysse va combattre à Alger, une ville qui se laisse gagner petit à petit par la fièvre de la béliomachie. Baraki et Douéra font, paraît-il, partie des premières places fortes de ce sport qui conquiert de plus en plus d'aficionados. Cependant, les choses sérieuses vont commencer après l'Aïd lorsqu'il ne restera de la majorité des petits prétendants qu'une peau séchée sur un balcon, quelques os et une paire de cornes en guise de souvenirs. Il ne restera alors que les professionnels. Ceux qui, d'un coup de tête magistral, vous collent à jamais la passion du combat de béliers.

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