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Un veau pour tous et l'Aïd pour chacun
LES CITOYENS CONTOURNENT LA CHERTE DU MOUTON

Plus réaliste, Mohamed préfère consacrer ses économies à autre chose: «Je pense qu'il est préférable que j'habille mes enfants et que je leur offre un micro-ordinateur.»
L'Aïd, un jour dans l'année. Mais un jour que tout le monde aspire à vivre pleinement. Entendre par là avec l'accomplissement du rituel du sacrifice. En ces temps de disette, ce ne sont pas toutes les familles qui peuvent se permettre d'accomplir ce rite. Le roi mouton n'est plus à la portée de tous. L'Aïd d'autrefois n'est qu'un souvenir pour beaucoup d'Algériens. Un constat que nous avons fait à travers quelques wilayas du pays d'où l'on sort désappointé. Saïd est visiblement dépité. Il vient de quitter le marché aux bestiaux lorsque nous l'avons abordé. «A ce prix, je préfère mettre de côté le peu de sous dont je dispose,», disait-il non sans préciser que «le mouton n'est pas à la portée de tous. Il faut être fou pour mettre autant d'argent pour un mouton alors que beaucoup de choses manquent à mon ménage». Comme lui, nous en avons rencontré beaucoup. On quitte souvent bredouille un marché sans pitié. Plus réalistes, les gens préfèrent consacrer leurs économies à autre chose. C'est le cas de Mohamed: «Je pense qu'il est préférable que j'habille mes enfants et que je leur offre un micro-ordinateur».
Un sacrifice collectif
A Sidi Aïch, les gens sont plus astucieux. Des citoyens ont mis en pratique une idée ancestrale: le sacrifice collectif. Il est à la fois peu coûteux et permet d'effectuer le riturel religieux. Ahmed et Da Ali sont chargés par leurs familles d'acheter un veau. Cette pratique ancestrale dans la société kabyle est reprise à l'occasion de l'Aïd El Adha. «Cela fait trois ans que nous nous associons pour ce sacrifice», affirmait Da Ali qui soutient que leur choix, troisième du genre, fait des émules depuis que le mouton est intouchable.
Ces dernières années, de nombreux Algériens s'abstiennent. Face à la flambée continuelle des prix du mouton de l'Aïd et la baisse vertigineuse du pouvoir d'achat, les ménages n'en peuvent plus. Entre ceux qui s'abstiennent et ceux qui ont recours aux astuces peu coûteuses, le même souci est partagé: ne pas s'endetter pour un jour de fête. Même les imams semblent encourager ce choix. Dans ce sens, les explications qu'ils donnent aux fidèles contribuent à cette évolution dans les esprits. «Le bon musulman n'a pas le droit de s'endetter pour le sacrifice rituel.» «Ce n'est pas une obligation, mais tout juste une sunna», autant de messages délivrés pour assurer les fidèles et atténuer un peu leurs souffrances. Il faut dire que cette année a été particulière en termes de prix, non seulement pour les moutons, mais également pour les produits de large consommation. C'est ce qui a compliqué la situation des familles aux faibles revenus. Aussi, cette année, la fête de l'Aïd El Kebir intervient dans un contexte relativement marqué par un regain de pauvreté. A quelques heures de la fête, plusieurs Oranais sont toujours réticents, voire hésitants.
Plusieurs familles tiennent des «conclaves et concertations» pour décider de la suite à donner quant au sacrifice du mouton. En dépit de la chute du pouvoir d'achat, le sacrifice du mouton est devenu un autre casse-tête chinois. Nous ne sommes plus au temps où l'Etat pouvait intervenir en important des moutons d'Australie, comme ce fut le cas au début des années 90.
A quel saint se vouer? Faut-il égorger le mouton? Faut-il bannir cette journée et sacrifier la joie des enfants? Faut-il procéder carrément à la révision des modes de vie des Algériens. La problématique réside ailleurs. Des dizaines de familles n'arrivent plus à subvenir à leurs besoins quotidiens. Qu'en est-il alors du sacrifice pour ces familles? Les avis sont partagés et les explications sont multiples. Les tendances qui se dessinent chez les habitants diffèrent des localités rurales à celles des zones urbaines. Et à chacun sa version.
«Sincèrement, je ne peux pas acheter un mouton à 20.000DA alors que mon salaire ne suffit pas à habiller mes deux enfants», a fait remarquer Mokhtar, résident de la ville d'Oran.
Fini le bon vieux temps
Un monde fou grouille à l'abattoir d'Oran, lieu de regroupement des maquignons. Peu de transactions sont conclues. Les acheteurs sont ceux venus de Hassi Bounif, Sidi Benyebka, Benfreha..., atteste un maquignon de Djelfa. Pour ceux-là, «on ne badine pas avec les rites religieux», a-t-il ajouté. Les citadins sont toujours prudents. Aussi, les papas ne semblent plus passionnés par le sacrifice.
Une seule explication a été donnée: «L'Aïd El Kebir est un véritable sacrifice, pour ce faire, il faut plusieurs acrobaties.» Fini le bon vieux temps où le sacrifice était une fiesta pour les enfants tout en répondant au rite religieux. Le contexte des temps actuels ne permet pas d'accomplir le rituel. Comme à Oran, la problématique se pose également à Tizi Ouzou. Acquérir un mouton devient, à l'approche du jour de la fête, un désir impérieux. Mais, ces dernières années, les pères de famille trouvent de plus en plus inaccessible ce rituel. Les prix du mouton sont en contradiction avec l'entendement humain. L'animal devient inabordable pour la majorité des bourses.
Le sujet domine toutes les discussions sur les places publiques. Dans les cafés, les marchés, les djemaâ et sur les trottoirs, les gens s'interrogent sur les causes de ces pratiques étrangères à l'Islam.
«Doubler le prix du mouton à l'approche de cette fête chère à nos coeurs, n'est rien d'autre que du vol», nous dira, avec amertume, un septuagénaire excédé, avant de poursuivre: «Même durant le mois sacré de Ramadhan, ils nous font la même chose.» Hamid, âgé d'une trentaine d'années dira, quant à lui, que cela n'arrive jamais ailleurs, ni en Europe, ni en Asie, ni même en Afrique. Ainsi, toutes les personnes abordées, des jeunes aux plus vieux, estiment, sans être des exégètes, que l'Islam condamne ces pratiques. A bien lire les commentaires recueillis, le prix exorbitant du mouton n'est que l'élément déclencheur de cette colère. La raison profonde est la frustration intime de ne pas pouvoir célébrer l'Aïd comme il se doit. «Cela fait mal au coeur tout de même de ne pas célébrer l'Aïd comme nos ancêtres.»
Beaucoup de familles ne font plus ce sacrifice et la majorité des avis s'accordent sur l'inaccessibilité des prix. Certains, cependant, imputent cela à l'évolution de la société. «Du temps où les Kabyles faisaient de l'élevage, personne ne pouvait manquer à ce rituel» dira un vieux avant d'ajouter qu'«aujourd'hui, les budgets des familles des travailleurs ne peuvent plus accéder à ces bêtes dont les prix sont établis ailleurs qu'en Kabylie». Un autre père de famille s'interrogeait sur l'opportunité de s'endetter, ce qui n'est pas une obligation, et d'ajouter que «personne, en Algérie, ne peut s'ériger en donneur de leçons sur l'Islam avant que les gens pauvres et ceux qui dorment sur les trottoirs ne trouvent un gîte». Questionné à ce propos, Cheikh Hacène, imam dans une mosquée à Tigzirt, dira que l'Aïd est une sunna absolue qu'il faut observer. Toutefois, ajoutera-t-il, l'Islam est une religion qui facilite les choses car même certaines obligations, à l'exemple du Hadj, sont soumises à la capacité humaine.


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