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Une tendance à la hausse affirmée
Enseignants issus de l'immigration maghrébine
Publié dans El Watan le 22 - 11 - 2004

Les Français d'origine immigrée, dans leur orientation professionnelle, sont de plus en plus nombreux à emprunter la voie de l'éducation nationale.
Une enquête intitulée Les enseignants issus de l'immigration : l'effet génération a été menée auprès de stagiaires enseignants de l'éducation nationale à l'Ile-de-France par l'Institut Maghreb Europe de l'université de Paris 8 pour l'UNSA éducation et l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES). Sur 1022 enseignants concernés par l'enquête, toutes origines confondues, 17,3% sont issus des immigrations (soit 177 sur 1022). Les enseignants dont au moins un des parents est issu du Maghreb sont de 42,6% pour une population d'origine maghrébine de 33,7% en Ile-de-France. La nationalité algérienne est fortement surreprésentée (23,9% contre 16,4%), la nationalité tunisienne un peu moins (8,5% contre 6,2%) et la marocaine légèrement sous-représentée (10,2% contre 11,1%). « Nous sommes partis d'un constat et d'observations empiriques : beaucoup de jeunes issus des immigrations font des demandes aux métiers de l'éducation nationale. Nous avons voulu savoir si cette demande exprimait une tendance forte », nous affirme Aïssa Kadri, directeur de l'Institut Maghreb Europe de l'université Paris 8 et qui a dirigé la recherche. Pourquoi cette orientation vers l'enseignement ? Que représente-t-elle en termes de choix et de représentations ? Quelles reconnaissances accordent-ils aux inégalités face à l'école ? Comment y répondent-ils ? Pour répondre à ces questions et à d'autres encore, l'enquête a été complétée par des entretiens approfondis. Pour l'enquête qualitative, le choix des interviewés s'est fait sur la base d'une sélection des étudiants qui allaient s'inscrire au Sufice (Service universitaire de formation initiale aux concours de l'enseignement de l'université de Paris 8) pour préparer les différents concours de l'éducation nationale. Ces catégories d'enseignants issus des immigrations n'ont jamais été étudiées, nous précise Aïssa Kadri, ni dans le cadre d'une recherche quantitative ni dans celui d'une approche qualitative. Il ne s'agit pas d'une population homogène du point de vue du degré de motivation et d'inscription dans l'exercice du métier. Ce n'est pas non plus une population homogène du point de vue des trajectoires sociales, des parcours sociaux, scolaires et universitaires. Il y a les étudiants aux cursus « classiques », ceux qui sont issus en partie de la catégorie d'anciens étudiants migrants qui ont exercé en tant que maîtres auxiliaires ou vacataires dans l'enseignement ; il y a aussi ceux qui viennent du milieu associatif et qui se sont investis préalablement dans l'encadrement éducatif, social, culturel. Il y a enfin ceux qui ont exercé divers petits jobs et autres métiers et qui s'investissent dans le métier comme par désenchantement, repli ou reclassement ; il y a ceux, les plus jeunes qui se définissent par la « vocation » et enfin ceux qui se retrouvent dans le métier comme par hasard. La majorité de ces enseignants se situe au bas de l'échelle sociale. Dans l'enquête quantitative, ont été considérés comme issus des immigrations les professeurs stagiaires dont au moins un des parents est immigré ou étranger né en France. Parmi ces deux catégories, la première est de loin la plus importante puisqu'elle compte pour 93,2% contre 6,8% pour la seconde. L'éducation nationale est le corps de la Fonction publique qui apparaît comme le plus neutre et le « moins discriminant » pour les candidats à l'enseignement issus de l'immigration. Et dans l'éducation nationale, l'ordre d'enseignement le plus favorable semble être le corps des professeurs des écoles (instituteurs) qui, par rapport au corps des professeurs d'enseignement général du secondaire, recrute plus souvent des enseignants issus des immigrations (19% pour le premier contre 14,6% pour le second). L'enseignement secondaire reste plus fermé à la mobilité sociale : les enseignants issus des immigrations qui y accèdent sont issus dans leur majorité d'un couple mixte (54,3%).
Plus de 80% des enseignants sont des femmes
Toutefois, la surreprésentation des enseignants d'origine maghrébine profite essentiellement aux filles. Actuellement, ce sont principalement les filles qui profitent du renouvellement du corps des professeurs, lié aux départs à la retraite. Sur l'ensemble des enseignants issus des immigrations recensées dans l'enquête, elles représentent respectivement 83,3% et 78,4% des professeurs des écoles et des enseignants du secondaire. Il apparaît que les enseignants issus des immigrations ne remettent pas davantage en question le modèle de l'école républicaine que leurs collègues d'origine française. Ils ont une vision plus large de leur métier, le définissant par le terme d'« éducateur au sens large », c'est-à-dire qu'ils ne le limitent pas à la transmission des connaissances mais englobent les fonctions de socialisation et d'intégration à la société française. Ils affirment plus fortement que les enseignants d'origine française ne doivent pas discriminer les élèves de quelque manière que ce soit. Si tous se réclament de la République, ils divergent sur sa définition, sur le rôle de l'école et sur les remédiations à apporter face à l'hétérogénéité sociale et culturelle des élèves. Ils divergent également sur leurs définitions du métier. Trois groupes se distinguent. Un premier groupe appelé « Les républicains plus » qui se recrutent en grande partie parmi les plus âgés et les plus anciens dans le métier. Ils sont généralement issus de familles mixtes ou de classes relativement aisées ; il y a cependant, parmi eux, des enfants d'ouvriers de la première génération. Fortement politisés, idéologiquement armés, ils sont engagés dans des luttes pour l'amélioration de leurs conditions de travail et pensent pour certains que là est le véritable problème. Si beaucoup d'entre eux sont arrivés dans l'enseignement par hasard, vécu comme base de repli à des ambitions professionnelles plus grandes, une bonne partie avait consciemment construit le projet de s'investir dans les tâches d'éducation. Le modèle républicain laïque est pour eux la référence suprême. Dans ce contexte, la diversité culturelle ne pose pas problème, elle leur semble soluble dans un débat responsable quand les conditions économiques et sociales suivent. Les « républicains écorchés vifs » sont souvent jeunes et nés en France de parents nés à l'étranger, principalement au Maghreb, et issus de milieux populaires. Ils ont été socialisés en banlieue des grandes villes, dans les quartiers populaires stigmatisés. Ils sont pour une large part religieux « culturellement », certains se déclarant pratiquants. Ils ont en commun « une vocation » ancienne pour le métier d'enseignant, pour l'humanitaire. Ils ont souvent fortement ressenti une discrimination, une relégation ethnique ou sociale dans leur trajectoire scolaire et sociale. Selon la plupart d'entre eux, c'est la discrimination ethnique, le refus de considérer les personnes de l'immigration comme des citoyens à part entière qui est générateur de problèmes et d'échec scolaire, de violence. Ce n'est pas la différence culturelle en soi qui est problématique mais la manière dont elle est perçue et ses « porteurs affichés ». Il s'agit de tenir compte de la diversité, de l'hétérogénéité inhérente à la réalité sociale. Les programmes sont à modifier dans la perspective d'une ouverture aux autres, notamment sur ceux qui sont traditionnellement occultés. « Les républicains SOS » sont des jeunes issus des classes moyennes. Ils ont été socialisés plutôt en province ou dans les campagnes résidentielles de l'Ile-de-France. C'est un groupe plutôt féminin. La différence culturelle des enfants est acceptée de fait, reconnue et appréciée en tant que facteur de richesse, d'ouverture d'esprit, de tolérance. Leurs propres origines, non cachées, sont cependant mises à distance vis-à-vis des élèves en tant que représentants de la neutralité républicaine. La différence la plus marquante entre les enseignants issus des immigrations et les autres enseignants est sans doute que les premiers expriment une plus grande sensibilité à l'environnement national et local, voire international.


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