Dans les années 1970 et 1980, les pompes funèbres avaient du pain sur la planche, puisqu'elles travaillaient essentiellement avec des étrangers de confession autre que musulmane. Fuyant le terrorisme, les ressortissants étrangers sont rentrés chez eux durant la décennie noire. « Avant, nous nous occupions d'organiser leurs obsèques, nous révèle le gérant des pompes funèbres sises à la rue des Frères Meslem (ex-Edgar Quinet). Aujourd'hui, nous nous sommes reconvertis en ambulanciers express. Nous nous chargeons de transporter les malades ou les morts lorsqu'on fait appel à nos services. Nous disposons de 3 ambulances équipées d'oxygène. » Il faut compter entre 2000 et 3000 DA (selon le kilométrage) pour un déplacement de ce genre en ville. Plus la distance est grande, plus la facture est salée. « Le trajet le plus long que nous avons eu à effectuer était Alger-In Salah. Nous transportions une personne qui avait rendu son dernier soupir à l'hôpital Mustapha », nous dit notre interlocuteur. La profession dénonce le fait que de nombreux clandestins s'adonnent à ce métier d'ambulancier urgentiste sans avoir ni expérience ni registre du commerce. « Même les camions frigorifiques destinés à la distribution de yaourt et de produits laitiers sont utilisés comme corbillard. » Et puis, il y a les farceurs qui font des blagues de mauvais goût, « ils nous font des appels masqués et lorsque nous arrivons sur les lieux, toute sirène hurlante, il n'y a aucun malade à l'adresse indiquée ! »