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Les étudiantes face au harcèlement sexuel
Beaucoup d'entre elles en sont victimes chaque année
Publié dans El Watan le 14 - 02 - 2008

Tout juste sorties de l'adolescence, fraîchement diplômées, les jeunes filles entrent à l'université à l'âge où l'insouciance stigmatise le visage d'une béatitude légendaire.
Avoir 20 ans sur les bancs de l'université, refaire le monde entre deux cours, planifier son avenir qu'aucun voile ne saurait assombrir, sont le lot de milliers de jeunes filles et de jeunes hommes empressés d'obtenir leur diplôme. Les jeunes filles partent confiantes et décidées à en découdre une bonne fois pour toutes avec le sacro-saint cliché culturel qui les gratifie derrière un fourneau. Certaines ressortiront de ces années d'assouvissement intellectuel avec un sentiment de grandeur et l'intime conviction que tout reste encore à entreprendre. D'autres auront trébuché maladroitement sur ce qu'elles nommeront un accident de parcours, une parenthèse. Au cours de ces quatre années d'intense combat, elles seront confrontées à l'idée pernicieuse qu'avant d'être des étudiantes, des cervelles en jachère prêtes à absorber quantité de données, elles sont avant tout des femmes que leur discours matheux ou philosophe n'aura pas su cacher. Jeunes, étourdies et insouciantes, elles seront l'objet de convoitise, de désir de la part de leurs camarades, mais également de leurs enseignants. Certains, peu scrupuleux, useront de leurs positions pour assouvir leur instinct de domination, allant jusqu'à demander des faveurs en échange d'une bonne note.
Vulnérables victimes
« Il était réputé pour draguer les filles, tout le monde savait qu'il s'intéressait aux étudiantes. J'ai pris le parti de suivre mes cours chez lui sans porter grande attention à ce qui se disait à son propos », raconte Nora. Les yeux hagards, elle se souvient de cette mésaventure qui lui aura tout de même coûté une année de sa vie. Aujourd'hui, Nora est resplendissante. Active dans le secteur de la communication dans une entreprise de renommée internationale, elle n'a plus rien à voir avec cette jeune fille frêle et naïve. Le monde du travail l'a rodée aux entourloupes et manigances, mais cette année, où son enseignant lui avait fait comprendre qu'une bonne note était si facilement obtenue, aura donné un goût amer et âpre à ses études. « C'était mon professeur de civilisation et sciences…Tandis que la plupart des autres cours étaient suivis par environ une trentaine d'élève, le sien n'avait pas un grand nombre d'assidus. Tout au plus une dizaine. Je me dis, avec le recul, qu'il existait des signes précurseurs dont je n'ai pas tenu compte, mais qui étaient révélateurs... En effet, il n'hésitait pas à dire des grossièretés ou à parler d'érotisme. D'ailleurs, ses cours étaient boudés par les garçons », poursuit Nora. Ses longs cheveux, tombant sur ses épaules, accentuent l'innocence de son discours et cette plongée temporelle dans ce qui fut vécu par elle, comme une escarmouche du destin, courbe sa bouche dans un accent de mépris. Le recul et les années donnent de la hauteur à Nora et ses yeux, soulignés de k'hôl, se durcissent à l'évocation de certains détails sordides. « Il m'a appelé à la fin d'un cours et m'a félicitée pour ma note. Il m'a cependant reproché de ne pas savoir construire mon discours et m'a invité à m'en rendre compte chez lui à Sidi Fredj. Je n'ai rien répondu, je suis restée sans voix », hoquette Nora. Son enseignant avoisinait les 60 ans. Nora ne partira pas à Sidi Fredj au grand dam de son professeur qui aurait tant aimé lui enseigner l'art de construire une idée. Ecœurée et injustement honteuse, elle ne partira plus à ses cours, mais s'assurera de les rattraper avec l'aide de ses camarades. Elle obtiendra cependant une note éliminatoire qui la contraindra à refaire son année, elle qui n'avait jamais doublé. Elle n'aura pas été soutenue, parce qu'à l'époque, elle n'avait raconté cela à personne. D'ailleurs, l'idée ne lui serait pas venue, sachant à l'avance que la responsabilité lui aurait été imputée. « Elle l'a aguiché (…) elle l'a bien cherché avec ses tenues provocantes... », reproduit Nora mimant les mauvaises langues de la faculté de Bouzaréah.
Des sueurs froides
« C'est un problème de société qui n'est pas propre à l'université. Je ne peux que condamner », avance M. Boukaroura, ex-coordinateur national du CNES et enseignant en mathématiques à l'université de Sétif. Le professeur n'est pas surpris d'entendre parler de harcèlement sexuel et reconnaît qu'on lui en a fait part dans son cercle familial et à l'université. « Nous n'en parlons pas suffisamment, parce que cela est tabou au même titre que la pédophilie. Mais je constate que ce silence ne fait qu'enliser le problème au point où la femme doit affronter seule la pression sexuelle de l'homme. Je n'ai aucun problème pour en parler. Je trouve que l'université doit débattre du problème du harcèlement sexuel, mais il faut surtout redonner à la femme les moyens de se défendre », ajoute l'ex-coordinateur. La femme, dès le moment où elle sort du cercle familial, n'est, semble-t-il, plus protégée et les atteintes qui peuvent être portées à son intégrité morale ou physique sont autant de coups d'épée dans l'eau. A l'université où l'essentiel des étudiantes, qui ne sont pas conscientes des désirs qu'elles provoquent, mais également des droits que la loi leur confère, démarrent leurs études en étant particulièrement démunies. Parfois, la solidarité qui pourrait servir d'étau à l'enseignant harceleur ne joue plus son rôle dès lors que les étudiantes harcelées sont lâchées par leur « consœurs », quand le dénigrement n'est pas totalement de mise. « J'ai tenté de joindre à ma cause des jeunes filles qui étudiaient avec moi et dont j'avais entendu parler de leurs mésaventures. On m'avait raconté qu'elles avaient été approchées par notre professeur de droit à Ben Aknoun, mais lorsque je les ai questionnées, elles ont toutes les deux démenti et m'ont complètement tourné le dos », argumente Nadjia qui a fini ses études et obtenu sa capacité en droit. Ses cheveux sont cachés par un foulard qu'elle a tressé autour de sa tête, version libanaise. Maquillée légèrement, ses yeux en amande vont de gauche à droite comme pour veiller à ne pas être entendu. Elle n'a pas trop mal vécu la tentative de son professeur au point où dans son esprit les choses ont été totalement banalisées. Elle récite ce passage de son existence comme s'il s'agissait uniquement d'une simple tentative de drague qui a tourné court. D'ailleurs, hormis le fait que son professeur ait été insistant, elle ne considère pas qu'elle ait été harcelée sexuellement. « Quand je lui est signifié que je n'étais pas intéressée, il ne s'est pas vengé sur ma note et j'ai poursuivi mes études le plus normalement du monde », explique-t-elle. Pourtant, elle reconnaît que cet épisode lui a donné des sueurs froides, qu'elle a longtemps hésité à lui donner une réponse définitive, préférant le laisser languir plutôt que de l'affronter et de se retrouver écartée du rang des élèves qui réussissent. Deux années après les faits, elle n'a ni rancœur ni haine vis-à-vis de celui qui lui a proposé de l'accompagner et de prendre des cours particuliers dans un appartement qu'il tenait de son frère à Tipaza. On pourrait presque penser qu'elle lui est reconnaissante de ne pas avoir mal réagi à son refus, comme les otages d'un hold-up remercient leur kidnappeur de leur avoir laissé la vie sauve. Syndrome de Stockholm ? A. A. a bien tenté d'aider sa fille face à son enseignant, mais il a vite compris que c'était peine perdue. « La première fois, ma fille Houda n'a fait que demander sa copie. Je lui ai toujours appris à ne pas contester sa note mais à demander à voir sa copie. C'est exactement ce qu'elle a fait. Au début, on lui a signifié qu'elle n'avait pas composé. Elle a répliqué qu'elle avait émargé sur la feuille de présence et que tout ce qu'elle voulait savoir c'est où elle avait commis des fautes », raconte A. A. Son enseignant lui a assuré de ne pas s'en faire et qu'il y avait la séance de rattrapage de septembre. Mais en septembre, il lui donne une note éliminatoire et refuse toujours de lui remettre sa copie. Quand Houda insiste, il l'invite dans son bureau. Quand elle lui a signifié qu'elle viendrait plus tard avec sa copine, il lui a répondu « ce n'est pas la peine ». A.A. a téléphoné à un ami enseignant à l'université de Bab Ezzouar qui lui a déconseillé d'agir, car il serait confronté à l'esprit corporatiste. A.A. est père de trois jolies jeunes filles et a lui-même été enseignant un temps. Il se souvient que les confrères plus âgés formaient un groupe qui prodiguait aux nouveaux toutes les leçons d'éthique nécessaires pour enseigner. « Aujourd'hui, l'enseignement universitaire a beaucoup perdu entre l'émigration et le terrorisme. Ceux qui ont été recrutés proviennent d'autres secteurs et n'ont aucune idée des relations enseignants/étudiants ». Ce père de famille s'interroge sur le sort des jeunes filles venues de l'intérieur du pays pour étudier dans la capitale. Leur vulnérabilité est accentuée par l'éloignement et l'isolement. Conditions idoines pour le harceleur qui n'aura pas manqué de le constater.


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