Une maire à Marseille, une autre à Paris. Une à gauche, l'autre à droite, personne au centre. Les municipales françaises n'ont pas réservé une grande place à la diversité. C'est la faute aux partis, accusent les candidats malheureux. Paris : De notre bureau Le Parti socialiste affirme avoir fait de grands efforts. Les Français ont exprimé leur préférence pour la gauche lors des dernières élections municipales. Uniquement trois mairies pour des candidats issus de la diversité, dont deux pour des candidates d'origine maghrébine. Rachida Dati pour le Parti présidentiel et Samia Ghali pour le Parti socialiste. La première dans l'arrondissement cossu de Paris (VIIe), où « même un balai estampillé UMP gagnerait », selon les propos d'une militante, la seconde dans le 8e secteur de Marseille, un quartier populaire qu'elle a labouré depuis des années. Philippe Nguyen Thanh (PS) complète la liste en arrachant la ville de Vernon (Eure). A qui la faute si la France politique reste désespérément monocolore ? Le Parti socialiste, voulant effacer sa frilosité et surtout son image ringarde après l'entrée au gouvernement de Rachida Dati, Rama Yade et Fadéla Amara, initiative que ses responsables n'ont jamais osé prendre, se défend de ne pas avoir laissé de place à des candidats issus de la diversité. Bruno Le Roux, secrétaire national aux élections, voit dans les résultats des municipales une grande avancée. Plus de 250 adjoints au maire PS sont issus de la diversité dans les villes de plus de 20 000 habitants, après les élections municipales des 9 et 16 mars. Dans cette catégorie de villes, « ce sont déjà plus de 250 adjoints, bien souvent élus pour la première fois, qui sont en situation de responsabilité et qui vont participer au renouvellement de la pratique des socialistes sur le terrain et à plus de responsabilités », se réjouit le responsable socialiste. Bruno Le Roux ne cache pas qu'il y a des « résistances aussi au PS » sur la diversité. Il estime que le parti ne devait pas se donner « les mêmes délais » pour désigner les candidats issus de la diversité et les autres et que, pour les premiers, il fallait préparer les prochaines échéances électorales, notamment les régionales de 2010, « le plus en amont possible ». Chiche, lui répond en substance Faouzi Lamdaoui, secrétaire national du PS (égalité, diversité et promotion sociale). Numéro 3 sur la liste PS qui a remporté l'élection municipale d'Argenteuil (Val-d'Oise), Faouzi Lamdaoui estime que « le PS devrait investir dès maintenant ses 17 candidats de la diversité aux législatives pour celles de 2012. Cela éviterait les manoeuvres de dernière minute pour nous évincer. Certains barons locaux du parti ont peur ». Le président du Cran (Conseil représentatif des associations noires), Patrick Lozès, déplore « l'indigence » du nombre d'élus issus de la diversité. Statistiques à l'appui, il distribue de bons et de mauvais points. Dans les villes de plus de 30 000 habitants, l'UMP et le PS avaient respectivement présenté 13 et 7 têtes de liste issues de la diversité. Sur les quelque 520 000 conseillers municipaux élus en France, seuls 2000 sont issus de la diversité (dont 900 pour l'UMP et autant pour le PS). Quant aux 3800 conseillers généraux élus, 14 sont issus de cette diversité. Patrick Lozès plaide pour la mise en place d'un comité de suivi de la diversité dans chacun des partis pour les prochaines élections ainsi que d'un groupe de travail trans-partis.
