Invité par les journalistes présents au Centre culturel algérien, jeudi 29 mars, pour la présentation du livre de Michel Naït Challal Dribbleurs de l'indépendance. Paris. De notre bureau L'incroyable histoire de l'équipe de football du FLN algérien (lire El Watan du 30 mars), à donner son point de vue sur la crise du football algérien et les maux qui minent ce sport-roi, Rachid Mekhloufi affirme que « nous avons des moyens matériels et humains extraordinaires ; il manque le sérieux, l'organisation et l'application des programmes. Il faut un planning, un organigramme, un directeur technique qui chapeaute le tout et des structures au niveau des régions. On n'a pas besoin de stades, mais de terrains. » Les questions se suivent : Qu'est-ce qui bloque ? La réponse est claire. Mekhloufi sait, par expérience de ce qu'il en est : « Les hommes représentent la première qualité d'un pays. On l'a fait en 1975. J'ai essayé en 1971 avec l'équipe nationale, les peaux de bananes, les difficultés ont été innombrables. En 1975, des anciens de l'équipe du FLN étaient en place, un travail a été fait. On a été impliqués de 1975 à 1982, on a mis les mains dans le cambouis, on a réussi à faire émerger une équipe de 30 joueurs séniors et de 30 juniors. Les Tunisiens, les Marocains se donnent les moyens de le faire. L'Egypte nous donne une leçon de stabilité sportive et de technicité ; un travail est à faire avec les jeunes. Il y a un manque de décision politique en Algérie. Aucun ministre depuis l'indépendance ne s'est enfermé avec ses cadres pour réfléchir et en sortir avec un plan de bataille. On a la chance d'avoir l'école de la rue, ce qui représente un gain d'au moins cinq ans sur l'Europe. Mais ce n'est pas suffisant. Les jeunes des quartiers vont dans les clubs, il n'y a rien, ils régressent. Si on était sérieux, Benzema, Nasri et d'autres jeunes encore seraient en Algérie. » Retour à 1958 et à l'équipe du FLN. Bien installé, reconnu, vous abandonnez tout pour rejoindre le FLN, lui est-il demandé ? « Si j'étais resté en France, dans mon club, on m'aurait traité de collaborateur. Depuis notre enfance on a été imprégnés par la révolte, cela ne peut pas s'oublier. » La réponse à cette question trouve sa réponse dans la préface du livre de Michel Naït Challal, Dribbleurs de l'indépendance. L'incroyable histoire de l'équipe de football du FLN algérien, écrite par Rachid Mekhloufi : « Nous étions une bande de footballeurs, appréciés, aimés par la population française, notre existence était confortable, et il était tentant de s'y abandonner. Mais chacun d'entre nous portait dans son cœur une blessure, provoquée par le colonialisme. Depuis notre naissance, nous avions tous été confrontés à la misère, à l'humiliation. Et cela sur notre propre sol, sur notre propre terre. C'est pourquoi, malgré tous les sacrifices que cela pouvait impliquer, nous avons décidé de nous engager dans cette lutte juste et estimable. Ce choix ne fut pas facile, mais nous l'avons fait sans hésitation. Et jamais nous n'avons eu à le regretter. »... « Ces quatre années passées à sillonner le monde, au nom de notre combat pour l'indépendance, nous ont permis d'ouvrir les yeux sur les misères de la planète. Au début de notre aventure, nous étions des footballeurs ; nous sommes devenus des témoins privilégiés des bouleversements de notre époque. Cet engagement a fait de nous plus que des sportifs, des citoyens responsables. »… « Mais pour l'éternité, notre grande fierté sera d'avoir ‘'fait avancer de dix ans la cause de l'indépendance algérienne'', comme l'a déclaré Ferhat Abbas, qui fut le premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne. Dix ans et des milliers de morts en moins…Quel footballeur peut se prévaloir d'un si beau palmarès. »
