Au tout début, lorsque nous lui avions rendu visite, ses élèves ne dépassaient pas la dizaine, rassemblés en une salle de l'école primaire Harchaoui. Assis sagement et studieusement sur trois table-bancs des premières rangées, ils étaient plus attendrissants que les potaches qui les précédaient dans la journée en ces mêmes lieux. L'année suivante, en 1999, lors d'une autre visite, l'école du soir est passée à deux classes, avec près de 50 apprenantes. Et, en juillet 2006, ils étaient 436 apprenants répartis sur 8 classes, dont une pour les hommes. Cherroud Mohammed, qui a l'âge d'un petit fils de l'une des femmes-élèves, est toujours le directeur de cette école de l'alphabétisation. Ces femmes avouent qu'elles ne viennent plus seulement pour être à même de lire le texte coranique, prétexte quelles invoquaient pour se déculpabiliser de vouloir apprendre à lire et à écrire « à un âge où il est trop tard ». Khadra, alors 68 ans, nous avait lu un poème de son cru pour dire le bonheur d'apprendre avec des rimes nourries de naïveté mais surtout de sincérité. Elle était absente le 16 avril dernier, durablement alitée qu'elle est. Ses camarades n'oublient jamais de lui rendre visite et de lui rapporter les nouvelles de l'école. Aujourd'hui, le visiteur ne peut manquer d'être agréablement surpris : les douze salles de classe du rez-de-chaussée de l'école sont toutes occupées, dont trois pour les hommes. Mieux encore, le constat du succès est tel que ce ne sont plus que les gens du 3ème âge qui constituent le gros des effectifs. Félicitations à l'association « Iqra ».
