Les capacités annuelles en eau avoisinent les 12 milliards de mètres cubes, mais on en consomme que 5 milliards. » Voilà une indication, somme toute claire, émanant du directeur général de l'Ecole nationale supérieure de l'hydraulique (ENSH), Mohamed Saïd Benhafid, et qui pourrait bien nous renseigner sur la déperdition de l'eau dans notre pays. Les fuites (ou les pertes) dans les réseaux d'alimentation en eau potable dépasseraient les 50%, a indiqué, hier, M. Benhafid, lors d'un colloque international sur l'eau et l'environnement, tenu à Alger. Aux yeux de M. Benhafid, le déficit en eau dans notre pays est dû au manque de sites de barrage et d'infrastructures hydrauliques, aux pertes dans les réseaux d'alimentation en eau et à l'envasement des barrages. Selon lui, pour mobiliser toute cette ressource et donc résorber le déficit, il faut prendre en considération tous les éléments sus-cités. Pour lui, il faut revoir tout le système d'alimentation en eau potable. Hier, la communauté scientifique, notamment des universitaires et des professionnels de l'ENSH, aux côtés de laquelle se trouvaient certaines ONG internationales (l'Académie française de l'eau, le Conseil mondial de l'eau et l'université de Rinvo d'Ukraine), s'était retrouvée une nouvelle fois pour contribuer à soulever les obstacles à travers une gestion rationnelle et efficace de l'eau et de l'environnement. « Nous devons, en tant qu'universitaires et professionnels à travers nos travaux scientifiques, nos activités, nos réflexions, valoriser nos résultats et alerter la conscience des populations et des politiques sur l'importance de la maîtrise de ce précieux élément sur les aspects qualitatifs et quantitatifs au service de la consommation et de la production des richesses à travers l'agriculture et l'industrie », dira M. Benhafid à l'ouverture de ce colloque. Il s'agit pour nos scientifiques, tout en s'inspirant des expériences des différents pays étrangers, d'essayer d'émettre des solutions « scientifiques » afin de résorber le déficit en eau, mais aussi de réfléchir sur comment protéger notre environnement qui ne cesse de se dégrader. Ainsi, aux yeux du directeur de l'ENSH, « le combat pour atteindre l'objectif du millénaire en ce qui concerne l'eau est un combat à mener dans nos cités, villes, villages, sur nos parcelles d'irrigation, où l'on consomme de l'eau et produits de déchets ». Ce combat de rationalisation dans la gestion de cette denrée doit être de mise pour le cas de la capitale où « la consommation de l'eau dans 20 ans a être doublée », si l'on se réfère à la déclaration du représentant du ministère des Ressources en eau, M. Bedideche. Pour ce responsable, « sans réhabilitation des réseaux d'alimentation, les investissements n'assurent pas les résultats consentis ». Sans compter que la réflexion devra se faire aussi sur comment desservir les 13 millions de la population qui se trouve dans le monde rural. Cinq thèmes, « Les techniques de gestion des systèmes d'alimentation en eau potable », « La gestion des systèmes d'irrigation », « L'hydrologie des bassins », « Le dessalement de l'eau de mer » et « La protection de la ressource de l'environnement », ont été programmés dans ce colloque où les professionnels et les scientifiques devront sortir avec des recommandations qui pourront contribuer à une gestion rationnelle de l'or bleu.
