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L'assainissement financier
Entreprises publiques algériennes l'arbre qui cache la forêt
Publié dans El Watan le 12 - 12 - 2004

b/ Les dysfonctionnements de l'économie publique liés au mode de mise au travail des producteurs.
Par mode de mise au travail des producteurs, j'entends la manière dont s'exerce le pouvoir économique dans l'entreprise ; pouvoir qui consiste à faire rendre aux travailleurs un surplus économique susceptible de servir à l'accumulation. Tel qu'entendu, le pouvoir économique revient à exercer une autorité indiscutée - et indiscutable - sur les producteurs, ce qui suppose l'existence de règles explicites selon lesquelles on accède aux fonctions de commandement et de responsabilité. L'absence de telles règles est propice à toutes les dérives. Le pouvoir discrétionnaire des tenants du régime autoritaire de gouvernement se répercute en cascade sur les travailleurs depuis l'échelon le plus élevé de la hiérarchie (un régime autoritaire de gouvernement s'installe partout où les droits de propriété ne reflètent pas les rapports de propriété ; où donc le pouvoir effectif d'appropriation des richesses n'est pas socialement homologué - régime - qui se diffracte en un pouvoir réel correspondant aux vrais rapports de propriété, et en un pouvoir formel en charge des droits de propriété). En l'absence de toute légitimité sociale, les détenteurs de l'autorité dans l'entreprise et par-delà, dans l'Administration de tutelle et l'Etat (car il faut bien reconnaître que les sociétés de gestion des participations ne sont que des démembrements de l'Administration en tant qu'organe de l'Etat) n'ont d'autre choix que de s'entourer de personnes aux ordres sur lesquelles ils peuvent compter et auxquelles ils transmettent la partie la plus ingrate de leurs responsabilités. Ces personnes sont aux ordres soit parce que, n'ayant aucune compétence avérée, elles ne peuvent espérer accéder par elles-mêmes à de telles responsabilités, soit parce qu'elles forment avec leur tuteur une unité organique de commandement sur des bases claniques et/ou népotiques. Incapables de conceptualiser leur mission qui est de faire rendre aux producteurs un surplus accumulable ni, par voie de conséquence, d'inscrire leur action dans un projet national, les dirigeants à tous les niveaux de la hiérarchie, qui se heurtent à une hostilité à peine voilée et somme toute légitime des travailleurs, n'ont pas cessé de distribuer prébendes et privilèges pour s'assurer les bonnes grâces de leurs subordonnés et pour les tenir de quelque façon à leur merci. Ceux-ci agissent évidemment de même envers les leurs en sorte que c'est toute la chaîne de commandement qui est gangrenée. Incapables d'assumer socialement leurs décisions, ils font tout pour dissimuler leur pouvoir réel en invoquant la hiérarchie tout en cherchant à en tirer le plus grand avantage personnel ou de groupe. Il n'est pas étonnant dans ces conditions que ce ne soit pas nécessairement les tenants du pouvoir formel dans le pays qui ont le plus de poids dans les décisions touchant au devenir de l'entreprise publique en Algérie. Cela a pour effet non seulement de démotiver durablement le travailleur qui perçoit vaguement la perversité du système, mais de dénaturer la relation au travail au point de faire apparaître le travail comme l'antivaleur sociale par excellence. Tout baigne alors dans le formalisme exactement comme dans les autres sphères de la société où l'idéologie du paraître domine. Mais, et c'est là où réside à la fois la pérennité du système et sa précarité, tout ne tient que grâce à l'existence de revenus extérieurs au système, à savoir la rente pétrolière.
c/ L'absence d'un complexe de machines dans la stratégie algérienne d'industrialisation et ses conséquences sur l'économie.
La situation des entreprises publiques algériennes décrite ci-dessus ne tient, on vient de le dire, que parce qu'existent des revenus pétroliers qui permettent de combler leurs déficits chroniques d'exploitation, expression condensée de leur inefficacité économique. Ces revenus représentent la contre-valeur dinars des réserves en devises du pays avec lesquelles on importe équipements et demi-produits (sans parler des biens-salaires) en l'absence de capacités propres de production de ces biens-capital à fort contenu technologique si indispensables à la poursuite de l'activité productive dans toute économie. Cette faiblesse n'est pas le fait du hasard, mais la résultante d'un choix délibéré : celui de reporter indéfiniment la mise en place d'un complexe de machines intégré (même incomplet) dont M. Lanzarotti (6) dit qu'il est le seul critère de mesure du niveau de développement industriel d'un pays. Sans doute ce choix était-il dicté par des considérations - justifiées en leur temps - relatives à l'état général de l'économie. Mais elles n'en ont pas moins eu des effets pervers sur la cohérence de la structure de celle-ci. Les conséquences furent nombreuses. L'une d'elles, et non des moindres, est la disqualification de la monnaie nationale - le dinar - dans sa fonction de réserve de valeur sans laquelle aucune épargne en cette monnaie ne peut se transformer en investissement (7). Pour cette raison même, le fonds d'amortissement dans les bilans des entreprises se trouve doublement inapte à se transformer en capacité d'autofinancement des investissements de renouvellement : 1- En tant que fonds en dinars et en l'absence d'un complexe de machines, il ne peut servir à cette fin que moyennant la conversion administrative des dinars en devises ; 2- en raison de la dépréciation rampante du dinar vis-à-vis des monnaies des règlements internationaux, le fonds d'amortissement est toujours en situation de déficit relativement aux besoins de financement des investissements. En regard de ces trois causes fondamentales d'inefficacité économique des entreprises publiques algériennes, quelle attitude adopter et quelles décisions prendre ?
2/ La nécessité d'une nouvelle réforme d'envergure
Face au problème de l'inefficacité économique des EPE, leur assainissement financier tel qu'envisagé - c'est-à-dire comme retraitement comptable de leurs créances et dettes - ne peut évidemment constituer qu'une solution de replâtrage. Il faut préciser d'ailleurs (et le ministre des Finances n'a pas manqué de le relever) que ce sont les banques créditrices qui tirent le plus grand bénéfice de cette opération répétitive dans la mesure où, contre la transformation de tout ou partie du découvert bancaire des entreprises et de leurs dettes d'exploitation en dettes à moyen terme, elles obtiennent du Trésor public le refinancement de leurs crédits d'exploitation sans pouvoir en faire autre chose que :
1/ Financer de nouveau les cycles d'exploitation des entreprises toujours en manque d'argent frais ;
2/ se constituer des encaisses ou au mieux ;
3/ transformer cet argent en lignes de crédit au profit des importateurs de biens de consommation de toutes sortes qui bénéficient de trop puissantes relations dans les arcanes du pouvoir pour se voir limiter la possibilité de convertir ces lignes de crédit en monnaie transférable. Comment dès lors rompre avec cette logique financière si ce n'est en enclenchant un processus vertueux de remise au travail des producteurs et en mettant fin aux dérives de la gestion actuelle des entreprises publiques qui consistent à transformer une rente publique en fortunes privées ? Tel est l'enjeu en ces temps de libéralisation planétaire où le pays est de nouveau confronté à son destin. C'est dire si, et contrairement à l'affirmation du ministre des Finances, une stratégie de sortie de l'économie de rente est nécessaire ! L'alternative est, en effet, toute simple : ou bien on enclenche une réforme d'envergure touchant l'économie publique, les institutions et l'Etat dont on redéfinira et les prérogatives et les missions (entre autres missions, le rétablissement de l'autorité dans toute sa rigueur sur des franges entières de la société qui vivent au-dessus de la loi), ou bien on laisse les choses suivre leur cours en procédant de temps à autre à des retouches dans l'équilibre instable des pouvoirs et dans le fragile consensus social sur lesquels on vit depuis des décennies. Sur le second terme de l'alternative il n'y rien à dire, sinon que tout paraîtra aller au mieux jusqu'à un nouveau 5 octobre - qui ne différerait de l'ancien, (différence toute hypothétique) que par la décision du président de l'APN de démissionner sans tarder de son perchoir suivie de celle (encore plus hypothétique) du président de la République (sur sa propre initiative). Sur le second terme de l'alternative en revanche, il y a tout à dire. Il s'agit en particulier de savoir dans quel esprit et selon quelles modalités se fera l'insertion de l'économie publique dans le processus actuel de libéralisation aux dimensions planétaires. Une libéralisation qui frappe déjà à la porte avec l'accord d'association Algérie-Union européenne et la perspective d'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Mais on doit s'interroger sur le contenu de la libéralisation si on ne veut pas en être réduit à n'en voir que l'aspect commercial. Sans évoquer les autres aspects de son contenu, je dirai de la libéralisation qu'elle consiste en l'instauration ou en la généralisation de règles explicites de mise au travail des producteurs et de gestion des capitaux marchands. La force de l'économie de marché en tant que système réside peut-être moins dans la vertu intrinsèque du système à s'autoréguler (8) que dans l'existence de règles explicites (9) de conduite des acteurs économiques. Ces règles concernent la mise au travail des producteurs et la gestion des capitaux marchands. Quant à la mise au travail des producteurs, la règle explicite fondamentale tient de l'application d'un paradigme sociopolitique, le principe de propriété qui légitime socialement et l'appropriation privative des produits du travail, et l'autorité en charge de la mise au travail des producteurs. Le principe de propriété est à la base du rapport salarial comme mode de mise au travail des producteurs le plus à même de leur faire rendre un surplus accumulable. Quant à la gestion des capitaux marchands, la règle explicite est que, parce qu'il a toute latitude de décider de l'affectation du produit (et en particulier de se l'approprier), le détenteur de capital mettra tout en œuvre pour le faire fructifier (principe de rentabilité du capital). Toute la question est alors de savoir comment adapter ces principes à l'économie publique, question qui peut se transformer en cette autre : comment sortir de l'économie publique ? La réponse à l'une ou à l'autre de ces questions ne va pas de soi. La première appelle un traitement en profondeur des causes de l'inefficacité économique des entreprises publiques dans le cadre de la propriété étatique, tandis que la seconde appelle un changement de paradigme sociopolitique.
( A suivre)
Notes :
(6) M. Lanzarotti, Corée du Sud, Une sortie du sous-développement, IEDE, Ed. PUF, 1992. (7) C'est ce qui explique l'accumulation d'encaisses oisives au niveau des banques. Rien que la CNEP-Banque en posséderait 450 milliards de dinars d'après la presse mondiale. (8) K. Polanyi, La Grande transformation, aux origines économiques et politiques de notre temps, Ed. Gallimard, 1992. (9) P. Hugon, « Le consensus de Washington en question », Revue Tiers-Monde, n°137, 1999.


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