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La blessure vive de Wahiba
Histoire Vraie
Publié dans Horizons le 20 - 03 - 2012

Wahiba. Elle est une terre à elle seule. Avec tous les désespoirs, les larmes, les attentes, les déceptions de l'enfance abandonnée. Par la force du destin et des choses de la vie, elle est devenue de tous les combats, les engagements, les espoirs, de pouvoir donner, se donner le droit à une vie d'une citoyenne à part entière . La dignité. Un mot qui revient à chaque fois dans la bouche de cette jeune femme de 44 ans. Il y a tant de questions qui restent sans réponse. Elle parle pour elle , pour les hommes, les femmes, les enfants, les nouveau-nés à venir, nés ou appelés à naître sous X, sans désignation patronymique. Sans identité réelle. Wahiba la révoltée contre le monde entier, le verbe sage mais rebelle parle pour elle, pour toute une frange de la société n'ayant pour extrait de naissance qu'un papier administratif suscitant plus un malaise du mal-être que la naissance elle-même. Du fait qu'il réveille à chaque fois la douleur d'être un enfant abandonné. Combien sommes-nous, nous les personnes adoptées ou ayant vécu une existence entière dans des centres d'accueil pour enfants abandonnés ? Qui se soucie de notre blessure vive le jour où l'on nous jette à la face « enfant du péché ? Pourquoi faut-il que nous soyons les sacrifiés de couples n'ayant aucun sens de responsabilité et d'une société qui nous rejette ? ». Il y a tant de questions qu'elle pose sans trouver de réponse. Wahiba la révoltée contre le monde entier, le verbe rebelle mais sensé, a pris la résolution de s'engager avec d'autres enfants nés sous X pour arracher leur place au soleil. Sa souffrance qu'elle habille de témérité ne peut rester sans sourdre. Des larmes coulent de ses yeux qu'elle essuie très vite et s'excuse pour cette faiblesse. Née il y a 44 ans, Wahiba ne saura jamais qu'elle a été adoptée par sa famille : « Ma mère m'a donné son affection, gâtée, offert une enfance heureuse. Mon père également. Le jour où je devais préparer mon examen de BEM, il me manquait un extrait de naissance au dossier administratif. Ma mère n'a pas pu me fournir ce document alors que je m'impatientais, d'autant que le prof me harcelait. Puis excédée, l'enseignante me fait comprendre que j'étais une enfant adoptée. » Wahiba dans tous ses états rentre à la maison et raconte à sa mère la scène. Cette dernière nie et lui affirme qu'elle lui avait donné la vie en 1967 et qu'elle avait vu le jour à Blida, alors que les contractions l'avaient prise justement à Blida chez la tante... La jeune fille rétorque alors : « Va à Blida et ramène-moi cet extrait ! » Il faut rappeler que Wahiba vivait dans une fratrie de 6 enfants, tous adoptés et n'ayant jamais soupçonné que leurs parents n'étaient pas leurs parents adoptifs. Quand elle atteint 18 ans, la maman meurt. La sœur à celle-ci,, le jour de l'enterrement en pleurant la défunte, laisse tomber ces paroles sans mesurer leur teneur sur « ses neveux » : « J'ai de la peine pour toi ma sœur, toi que le destin a lésé pour n'avoir jamais enfanté. » Le père en remettant le livret de famille à Wahiba, ne songe pas une minute à ce qui va advenir : « Je m'enferme dans ma chambre et là je découvre réellement que nous ne sommes pas leurs enfants. Le ciel me tombe dessus. Elle est partie emportant son secret et le nôtre dans sa tombe. Je suis détruite une première fois. La deuxième fois lorsque je me rapproche de la DAS on m'apprend que je suis enregistrée dans la catégorie « T », Trouvée sur la voie publique ! » Depuis, Wahiba porte une flétrissure au fer rouge dans sa chair et son âme. Mais dit-elle : « Je ne fais plus de complexe et je souhaiterais que tous les enfants de la DAS ne renient pas leur passé. »
A 28 ANS, ELLE TROUVE UNE AUTRE FAMILLE D'ACCUEIL
Puis un jour avec ses frères et sœurs d'infortune, ils se retrouvent à la porte de leur foyer. Une belle-sœur sans vergogne parvient à les expulser du lieu qui les avait vu grandir. Elle a 28 ans. Elle n'ira pas à la rue. Le destin lui ouvre les bras d'une deuxième famille d'accueil qui lui offre affection et abri. Depuis, elle est avec ses nouveaux parents. Ces derniers ne trouvent pas à redire sur le désir de Wahiba à faire des recherches sur ses origines. « Il faut faire en sorte que les mères qui viennent accoucher sous X soient obligées de laisser un signe de ‘‘traçabilité'' pour que l'enfant abandonné puisse se reconstruire. Et pour éloigner l'inceste régularisé, parce que qui dit que lorsqu'on rencontre un homme ou une femme l'on n'ait pas en face de soi un frère ou une sœur biologique et faute de papiers on peut en arriver à l'inceste sans le vouloir. Il est anormal qu'en 2012 on n'ait pas encore adopté des mesures afin que les jeunes mères ayant eu des enfants hors mariage soient mises en face de leur acte ! Elle doit assumer, laisser son identité et celle du géniteur ! » Rien n'est insurmontable pour la jeune femme. Elle se dit appelée par une mission « non pas pour moi, j'ai 44 ans, ma vie est derrière moi, mais pour les plus jeunes afin de leur assurer une reconnaissance au niveau de l'état civil ». Un jour, mise en face d'un éminent homme de religion, Wahiba s'entend dire que « la loi algérienne issue de la charia ne reconnaît pas de statut aux enfants nés sous X ». Cette dernière offusquée lui rétorque : « Alors chaque femme ayant défié la société par un comportement amoral doit être soumise au châtiment du fouet, et l'homme à la lapidation. » Un des nombreux volets de son « combat », selon ses termes, le renvoi des pupilles de la nation des centres d'accueil après leur majorité : « Après cela, on s'étonne que le garçon devienne un marginal et que la fille se prostitue pour entrer dans le cercle vicieux que celui emprunté par sa mère. Là encore, il y a matière à réflexion des autorités publiques. » Pour cela, elle réclame qu'ils aient des droits au logement, à un statut, « à être des Algériens à part entière. Notre société ne pardonne pas, elle incrimine même les enfants nés sous X, alors que ce sont des innocents ». Wahiba a pris son bâton de pèlerin, émissions de radio, plateau de télévision, rencontres, séminaires, tout ce qui permet de faire valoir les droits de cette catégorie de citoyens ne lui est pas étranger. Elle y croit. « Nous devons nous déculpabiliser de la faute de nos parents. »


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