Dans l'histoire moderne, les massacres du 8 Mai 1945 restent écrits dans les pages les plus sombres des crimes perpétrés par la France coloniale contre le peuple algérien. Avec plus de quarante-cinq mille personnes massacrées sur ordonnance par l'armée coloniale, la France est entrée dans la liste des pays coupables d'actes génocidaires. Une ignominie historique en violation totale des droits humains. Soixante-sept ans après les événements sanglants de Sétif, Guelma et Kherrata, l'Algérie revisite ce grave contentieux qui prend de grandes proportions dans les relations entre les deux pays alors que Paris refuse toujours de reconnaître les crimes de guerre commis à l'endroit des civils algériens. Aujourd'hui, la célébration de la fin du nazisme dans l'Hexagone et la libération de la France se heurte à cette grande contradiction de l'Histoire où les victimes des crimes de guerre attendent le repentir de leurs auteurs. Jusqu'à l'heure, l'oreille sourde des tenants du colonialisme positif se confine dans un déni arrogant. Dans le pays des droits de l'Homme et des libertés, la terreur de Robespierre est toujours d'actualité lorsqu'il s'agit de défendre l'honneur d'une France gagnée par ses crimes. C'est sur les cadavres des milliers d'Algériens que se tient, entre autres, son « prestige » colonial rattrapé par une accusation historique de l'Algérie qui exige une repentance à la mesure de cette barbarie. Le mutisme affiché jusqu'à présent par la France, fait monter la pression dans les relations entre les deux pays. Le génocide des Arméniens que défend Paris contre la Turquie reste en contradiction flagrante avec l'actuelle position négative sur la reconnaissance des crimes perpétrés sur les civils algériens lors des manifestations pacifiques du 8 Mai 1945. Dans le feu de l'actualité, les massacres du 8 Mai 1945 ont provoqué, à l'aube d'une nouvelle ère de paix, une grave fracture dans le droit international qui bégaye encore à inscrire au banc des accusés la France. Il y aura de tout temps la commémoration de cette tuerie qui coïncide, paradoxalement, avec un événement heureux : la libération de l'Europe du joug nazi. Au moment où les Algériens se faisaient massacrer pour avoir demandé l'indépendance, la France festoyait la fin officielle de sa domination hitlérienne.