Assister à un mariage dans la pure tradition ancestrale, c'est toujours un bonheur et une occasion de redécouvrir les coutumes ancestrales. Les traditions restent distinctes d'une région à une autre et le mariage sétifien est différent du mariage des autres régions, celles du Centre ou du Sud. Les préparatifs de la cérémonie, particulièrement dans cette région, sont l'affaire de toute la famille et des amis. A Sétif le mariage dure environ une semaine. Pour preuve, l'expression de « sept jours et sept nuits » sied parfaitement à cette région. Et durant ces jours vous êtes captivé par la musique qui vous entraîne langoureusement à longueur de journée. Les membres de la famille et des amis venus de toutes les régions du pays sont déjà là. Les femmes et même les plus jeunes ont les mains et pieds enduits de henné. Les plus belles tenues sont portées. Les ceintures ornées de louis d'or ceinturent les tailles, et d'autres bijoux tel le khalkhal... La simplicité et la joie d'être parmi les convives sont suffisantes pour faire régner une ambiance de fête. Le jour du henné du marié et du dîner offert à cette occasion, la soirée est généralement animée par un groupe. Le goual ou el berrah use de tous les dictons et la poésie populaire pour présenter les offrandes (argent) Le lendemain, au petit matin les femmes arrivent en force. Elles assisteront à l'arrivée de la mariée. Le cortège partira de la demeure du marié pour se rendre au domicile de la mariée le matin pour éviter les grandes chaleurs mais on constate maintenant que les cortèges ont lieu à toute heure de la journée. Ce matin-là, très tôt, au petit jour, la mariée retourne chez la coiffeuse. Elle se fait donc coiffer et maquiller et enfile même sa robe de mariée au salon pour éviter d'être décoiffée. Fin prête, elle retourne chez elle pour attendre l'arrivée de son futur mari. Pendant ce temps, des proches se sont chargés de préparer la voiture en la décorant de rubans et de fleurs. Le marié se rend personnellement chez la mariée. Durant ce mariage auquel nous avons assisté, des cavaliers ont pris la tête du cortège, un plus qui a attiré l'admiration de tous les présents. Arrivé devant le domicile de la mariée, les baroudeurs et les klaxons ont redoublé d'intensité. Le marié entre dans la maison de sa promise sous les youyous des femmes, il en ressort avec la mariée à son bras. Sous l'œil attendri du père et les larmes de la mère. Une tante arrose les mariés et les convives de bonbons, fruits secs, chocolat que l'on appelle « Treize ». Avant d'intégrer le domicile nuptial, la mariée enduit le mur de la porte d'entrée de smen fait maison. Un geste de bon augure pour cette union. Les mariés après une séance de photos, couperont ensuite la pièce montée dont ils mangeront une part qu'ils se seront offerte mutuellement. Le reste est distribué aux invités, de même que le « barouk » et les dragées. Le lendemain, la fête se poursuit. La maman de la mariée apporte le repas constitué en général de chakhchoukha ou de couscous. Après un festin royal, la mariée commence la « tesdira » (défilé) pour montrer les habits qu'elle a acheté avec l'argent de sa dot qui tourne autour de 150 000 DA en plus de la somme d'argent attribuée pour la coiffeuse, le bain et la location de la robe blanche et des deux brebis. Au terme de ce défilé, la mariée porte le fameux « binouar » en « charb ezdaf ». Cet habit traditionnel, très prisé par les femmes dans la capitale des Hauts-Plateaux, demeure, malgré son coût excessif, un élément essentiel du trousseau de la mariée. Cet habit est marqué par la finesse de sa broderie à base de fil doré ou de soie. Le mariage sétifien reste empreint de tradition séculaire tout en améliorant les conditions des préparatifs et de la célébration avec des outils modernes.