Quelle analyse faites-vous, M. Hanifi, sur les résultats obtenus par les athlètes algériens engagés aux Jeux olympiques de Londres ? Il existe, en réalité, trois niveaux à discuter pour pouvoir parler de bilan ou d'analyse juste sur la participation de l'Algérie aux Jeux olympiques organisés avec brio par l'Angleterre. Au premier niveau, nous devons mettre en avant la régression enregistrée sur le plan quantitatif. Aux JO de Pékin en 2008, l'Algérie avait engagé 62 athlètes et pas des moindres. Quatre ans après, à Londres, le nombre des athlètes a sensiblement régressé. Nous y avons participé avec 36 athlètes. Cela m'amène à évoquer le deuxième niveau de mon analyse. A Pékin, nous étions plus nombreux mais point de médaille d'or. A Londres, nous avons réussi à rapporter avec nous une médaille d'or. D'où l'obligation de rendre un grand hommage à l'athlète Taoufik Makhloufi qui a permis à notre nation de renouer avec la médaille d'or après douze années de traversée du désert. C'est une responsabilité supplémentaire sur nos épaules. Une médaille d'or devient désormais le seuil minimum pour le sport algérien dans les JO. Pour conserver cet acquis ou bien le revoir à la hausse, il faudra absolument bosser dur. Il sera question également d'adapter des stratégies adéquates et engager des moyens en ce sens de permettre aux athlètes dans les différentes disciplines d'émerger dans des compétitions mondiales. Le troisième niveau du bilan est attribué aux fédérations sportives présentes aux JO de Londres. Ce sont elles qui peuvent établir des bilans exhaustifs. Ne pensez-vous pas que l'Algérie a échappé à un véritable fiasco n'était « la cerise » Makhloufi ? Je ne cherche pas à justifier la maigre récolte. Mais l'Algérie a bien renoué avec l'or. La boxe aurait pu, elle, nous procurer d'autres médailles. Les erreurs et la partialité des arbitres nous ont été fatales. Les faits sont là pour le prouver. Le pugiliste Ouadahi ne méritait-il pas une place sur le podium ? L'arbitrage en a voulu autrement. Ouadahi a été délibérément saboté et privé d'une médaille. Beaucoup d'espoirs reposaient sur la boxe algérienne. D'autant plus que celle-ci a réussi l'exploit de propulser huit boxeurs au tournoi de Londres. Le bilan du judo, discipline potentiellement médaillable, aura constitué un échec pour nous. N'estimez-vous pas que nos athlètes étaient affectés mentalement après le scandale des volleyeuses et les cas de dopages révélés la veille des JO ? Franchement, je ne le pense pas. Tout comme vous, je nourrissais des appréhensions au début. Une fois au village olympique à Londres, j'ai constaté que nos athlètes étaient bien psychologiquement. Rien ne laisse croire qu'ils étaient atteints. J'ai senti plutôt une réelle volonté de se transcender chez les athlètes. Je vous cite l'exemple de la sélection nationale féminine de volley-ball. En dépit de l'éclatement du scandale et la défection de certaines joueuses importantes dans l'effectif, l'équipe a bien réagi. Elles étaient bien moralement. Elles se sont battues lors des différents matches disputés. J'y ai assisté, j'estime vaillante leur réaction, malgré leur élimination dès le premier tour. Quelques semaines avant le démarrage des JO, le COA était confronté à une sérieuse crise en raison de la montée au créneau de certains membres de votre bureau exécutif. Cela ne s'est-il pas répercuté négativement sur le moral des athlètes et, par là même, sur la préparation ? C'était une agitation inutile qui n'a servi en aucun cas nos athlètes et le sport algérien. J'estime vraiment irresponsable le geste de certains membres du bureau. Un brouhaha inutile. N'entendez-vous pas procéder à des auditions avec les fédérations engagées dans les Jeux olympiques afin de faire le point sur la participation algérienne ? Du moment que les relations entre le Comité olympique et les fédérations ne sont pas encore assainies, il est, selon mon point de vue, difficile de concrétiser une telle action. A la lumière des rapports conflictuels entre certaines fédérations et le COA, cela risque, en effet, d'être mal interprété. On vous laisse le soin de conclure... Il ne faut surtout pas que la médaille d'or remportée par Makhloufi soit l'arbre qui cache la forêt. Il y a des insuffisances qu'il faudra traiter et corriger. Les points positifs, nous ferons en sorte de les consolider. D'autres rendez-vous sont inscrits au programme international des athlètes algériens. D'où la nécessité de commencer à les préparer dès maintenant.
