La Secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, est arrivée, hier, à Alger, pour une visite, la deuxième après celle effectuée en février dernier. Parmi les sujets de prédilection, la crise malienne et la lutte contre le terrorisme qui sévit dans le Sahel. « Dans le contexte de ce qui s'est déroulé dans le Nord-Mali, l'Algérie, l'Etat le plus puissant du Sahel, doit être au centre de la solution », déclare un responsable du département d'Etat qui a accompagné Hillary Clinton. Elle est « incontournable aussi bien dans le cas d'un dialogue inter-malien que dans celui de l'intervention militaire » estime un diplomate français. Raisons de cet intérêt croissant ? Elles sont nombreuses. Primo, une expertise indéniable dans la lutte contre le terrorisme qu'elle a « combattu » et « seule » pendant dix ans ; deusio, une influence auprès des Touareg pour lesquels elle a servi à plusieurs reprises de médiateur avec Bamako, notamment en 2006 ; tertio, l'Algérie partage 1.400 km de frontière avec le Mali ; quarto, les deux pays, l'Algérie et les USA, tout comme l'ONU, font la distinction entre les groupes armés terroristes et ceux qui ne le sont pas et privilégient la solution politique et diplomatique, y compris avec Ansar Dine que la France a classé dans un premier temps dans le même panier que Aqmi et le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest. Avant de « nuancer » sa position par la voix de Jean Félix-Paganon, son monsieur Sahel. Nuance de taille. Alger et Washington n'excluent pas le principe d'une opération armée exclusivement africaine si celle-ci devenait évidente et ciblerait uniquement les terroristes. Last but not least, « une intervention au Nord du Mali est possible sans le soutien militaire de l'Algérie, mais pas sans son accord », dixit Pierre Boilley, directeur du Centre des études des mondes africains. Comme beaucoup d'experts, il met en garde contre une guerre des sables inutile, contagieuse et un probable enlisement. De son côté, la Mauritanie refuse de s'associer à une intervention militaire au Nord-Mali. Le Niger, pays voisin du Mali, aussi. Pour sa part, la France sollicite l'aide de l'Union européenne. Catherin Ashton, la chef de la diplomatie européenne, présentera, d'ici 30 jours, un plan pour une « mission au Mali ». Celle-ci impliquera le déploiement de 150 experts militaires pour former, sur une période de quatre à six mois, les troupes maliennes et africaines. Le 12 octobre dernier, le Conseil de sécurité a approuvé une mission militaire internationale au Mali. Il a demandé au SG de l'ONU, Ban Ki-moon, d'élaborer avec la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest et l'Union africaine, un projet détaillé pour une mission militaire contenant des informations sur le personnel, les coûts et le type d'activités. Ce projet doit être achevé d'ici novembre.