Si l'Algérie se distingue que rarement au niveau mondial dans les sports collectifs, ce n'est pas le cas dans les sports individuels. Les arts martiaux en général, le kick-boxing en particulier, connaissent l'émergence d'une pléiade de champions. Hihi Yacine en est le meilleur modèle. Agé de 27 ans, il a décroché le titre de champion du monde de kick-boxing (catégorie 70 kg) qui s'est déroulé en Iran du 18 au 22 octobre 2012. En visite, hier, à Horizons, avec le manager du club de Raïs Hamidou, Oulamara, et le docteur Ould Lamara Farid, il a estimé que cette consécration est le fruit d'un travail de longue haleine. « Depuis le début de ma carrière, je n'ai cessé de faire des sacrifices. Avant ce championnat du monde, j'ai décroché le titre de vice-champion du monde de full-contact, l'année dernière en Turquie », nous a-t-il déclaré. Et d'ajouter : « Je me suis qualifié à la deuxième étape du championnat du monde en Iran, après avoir disputé la première étape en Grèce ». Débutant comme karatéka à l'âge de 21 ans, Hihi est passé, ensuite, en kick-boxing. Il a souligné que le changement s'est fait sans aucune difficulté. « Il ne faut pas oublier que le karaté est la base des arts martiaux, surtout en ce qui concerne le travail des jambes », dira encore Hihi. Sociétaire du CR Belouizdad, l'athlète est également entraîneur du club de Raïs Hamidou. Sur ce point, il estime que « c'est une expérience enrichissante ». « Toutefois, j'ai plus de responsabilité dans ma mission de coach. En tant que formateur, je dois fournir plus d'efforts, vu que j'ai sous ma coupe des enfants », souligne-t-il. Notre hôte n'a pas manqué de rendre hommage à ses parents et son entraîneur, Khentachi Sid Ahmed. « Ils ont joué un rôle capital dans mes succès. La relation excellente avec mon coach m'a beaucoup motivé dans la préparation et durant les combats. Le rythme élevé des entraînements m'a également permis de m'améliorer », dira-t-il. Et de renchérir : « Le fait d'avoir une idole en est un autre stimulant. Il s'agit d'un athlète thaïlandais invaincu depuis 10 ans ». Pour ce qui est du programme d'entraînements, Hihi a signalé qu'il s'entraîne quotidiennement, en effectuant du footing et des séances en salle. « Lorsque je suis en préparation pour un championnat du monde, je m'entraîne au rythme d'un tri-quotidien. Pour le renforcement des tibias, je m'entraîne sur des pneus de camion ou même des arbres », indique-t-il. En ce qui concerne les difficultés, Hihi a souhaité qu'il y ait plus de considération de la part des pouvoirs publics. « Je ne demande rien de plus qu'un soutien moral. Il y a des hommes derrière moi qui ont financé mes déplacements, tels que M. Oulamara et mon entraîneur. Les difficultés ne m'ont pas empêché d'honorer l'Algérie ». Concernant ses objectifs, Hihi évoque les prochains championnats du monde qui se dérouleront, respectivement, en Grèce, en mai, et en Autriche, en juin. « Je dois choisir entre les deux compétitions. Un challenge demande beaucoup de moyens, tant physiques que financiers », dira-t-il. Abordant l'équipe nationale, Hihi a qualifié son niveau de « moyen ». « Pour le moment, l'équipe nationale (amateur) est dissoute. J'ai été rappelé pour participer à une exhibition avec les Français. Je précise que je ne perçois pas de bourse de la part du ministère de la Jeunesse et des Sports, puisque j'ai le statut d'athlète professionnel », ajoutera-t-il. Oulamara (manager de Raïs Hamidou) : « Tant qu'il y aura négligence, il y aura déperdition des champions » Dans son intervention, le docteur Oulamara n'a pas tari d'éloges sur Hihi, affirmant qu'il mérite un geste de la part des responsables du sport en Algérie. « Je vous informe que cet athlète est en chômage. Il s'appuie sur les aides de son entraîneur et des gens de son quartier. Il n'a bénéficié d'une très belle initiative d'un particulier, en l'occurence M. Bellemou Djamel et ses pairs. En effet, Il a organisé en son honneur une réception à Raïs Hamidou », a-t-il révélé. Dans le même cadre, l'intervenant a rappelé les déplacements des athlètes, qui se font sans une délégation digne de ce nom. « L'entraîneur est aussi le chef de délégation. Je souhaite que les concernés donnent plus de considération à ces jeunes », dira encore Oulamara. Dans le même ordre d'idées, il nous a informé que Hihi n'a pas reçu sa médaille d'or. « On a justifié cela par l'absence d'un représentant de l'Algérie à la Fédération internationale de kick-boxing. Si M. Mourad Derbali n'était pas intervenu, il n'aurait même pas eu de médaille », affirme-t-il. Abordant la situation des arts martiaux en Algérie, l'ancien karatéka pense que le mal réside dans l'absence de prise en charge. « Tant qu'il y aura négligence, il y aura déperdition des champions. Je cite les cas de Boutouche Islam (20 ans), qui a été trois fois champion du monde », a-t-il conclu. Adel K.