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« La socialisation citoyenne est la meilleure parade à la violence dans le milieu scolaire »
Tchirine Mekidèche, chercheur au Centre de recherches en économie appliquée pour le développement (Créad)
Publié dans Horizons le 12 - 02 - 2013

La violence n'épargne aucune couche sociale. Mais, en milieu scolaire a-t-elle une définition bien déterminée ?
On n'arrive jamais à définir de manière exacte et définitive un phénomène social ou un fait sociétal comme la violence en milieu scolaire. On ne peut définir que les formes qu'elle est susceptible de prendre car ça change d'un âge à l'autre. La violence en milieu scolaire est une notion assez difficile à cerner. Pour ce qui est des formes, elles sont connues : il y a des violences corporelles, psychologiques, verbales et des violences symboliques. Pour qu'il y ait un acte de violence, il doit y avoir une cible et l'acteur de la violence. Le fait le plus important à signaler c'est que tout cela entraîne des dommages et des souffrances.
Quelle est la nature des actes les plus répandus ? Des violences individuelles ou collectives ?
Les formes de violence changent assez profondément selon l'âge ; dans le préscolaire, dans le primaire, le moyen et le secondaire. La violence est étroitement dépendante de l'âge de développement de l'enfant. Une violence symbolique est plus difficile à être comprise, peut-être, par un enfant de 4 ou 5 ans. Elle est mieux comprise à 12 ans et elle l'est beaucoup plus à 18 ans. Celui qui commet un acte de violence contre un enfant ou un adolescent, sait cibler. Lorsqu'on interroge les enfants, on trouve que les paroles blessantes sont les pires des insultes. Donc les violences chez les enfants sont d'ordre symbolique et verbal. Ainsi, on le blesse dans sa personnalité, dans sa scolarité et on le fait souffrir. Ce sont les paroles qui engendrent le plus de souffrance, surtout lorsqu'elles sont publiques et devant tout le monde. La violence, ce sont les menaces, les insultes, les humiliations, les chantages et tout ce qui touche à la personnalité et la construction de l'enfant. Parmi les objectifs de l'école c'est l'éducation et surtout assurer un environnement pour son épanouissement. Or, ces paroles blessantes renvoient à une image négative des enfants pour eux-mêmes. Elles bloquent leur génie. L'enfant reçoit avec le maximum de dégâts et de souffrance des choses qui paraissent anodines aux enseignants. A l'adolescence, l'enfant est déjà dans une situation de souffrance personnelle, les paroles blessantes et les humiliations qui atteignent directement sa construction sont les plus terribles pour lui. La violence symbolique fait plus mal que les punitions, les renvois et même l'exclusion. Les châtiments corporels dans le cycle moyen (pré-puberté) sont vécus comme une violence sur sa personnalité, une humiliation devant les copains. Pour ce qui est des statistiques, elles n'ont pas de signification pour moi.
A votre avis, quelles sont les causes de la violence dans les milieux scolaires ?
La psychologie scolaire est centrée sur la relation enfant-jeune en situation d'apprentissage et de développement, l'attente de l'enfant de son enseignant est tellement grande. Parfois, les enseignants ne sont pas toujours en mesure de répondre à cette attente. Ils ont une demande institutionnelle, celle de réaliser des programmes supervisés par les inspecteurs. Les enseignants se concentrent sur la transmission des connaissances. Cette tâche est plus visible et plus facile à évaluer. L'autre tâche n'est pas apparente et n'est pas matérielle. Ce que les jeunes attendent de leurs enseignants, si cela n'est pas offert, est vécu comme une violence. Même si pour l'enseignant et l'institution cela n'apparaît pas comme une violence. Elle peut ne pas apparaître comme violence. Ce qui intéresse les institutions, ce sont les statistiques. Lorsque les enseignants accueillent 40 ou 50 élèves par classe, et lorsque l'enseignant n'a pas été formé à une optimisation de la relation, il est là une source de violence mais aussi une méconnaissance de la vraie fonction de l'enseignant dans sa forme la plus noble qui est de transmettre des connaissances et de construire les jeunes. Ces derniers demandent la compagnie de l'adulte dans leur construction, malheureusement les conditions de nos institutions scolaires ne l'autorisent pas toujours.
Là, vous ne remettez pas en cause le règlement scolaire ?
Le règlement scolaire est aussi une violence et elle est institutionnelle. Mais ce n'est pas ça qui est violent pour eux, c'est la façon dont le règlement est appliqué, la manière différenciée entre les filles et les garçons. Ils demandent donc justice. L'enfant est encore trop jeune pour comprendre et analyser quand tel enfant a besoin d'être un peu secoué et l'autre enfant n'en a pas besoin. Il n'a pas la maturité intellectuelle pour comprendre la différence qu'un enseignant peut faire entre l'élève A et l'élève B et la ressent comme violence et cela n'est pas de sa faute, mais c'est dû à son niveau de développement. L'enseignant n'a pas le temps d'expliquer à l'enfant. C'est ça la vraie problématique. Si on avait des classes de 20 élèves, on aurait accordé, un peu plus de temps pour mieux expliquer le pourquoi de la chose.
De l'extérieur, on remarque qu'il y a une différence entre la scolarité dans les établissements publics et les établissements privés. Est-ce vraiment le cas ?
Pour s'inscrire dans une école privée il faut que les parents aient une motivation très intéressante à la réussite scolaire. Donc il y a une énorme pression sur les enfants pour réussir. Chose que l'on ne trouve pas toujours dans d'autres établissements. Il y a également la question des moyens financiers. Les parents font beaucoup de pressions sur les enseignants qui font un peu plus attention à cet aspect des choses. Dans l'école privée, les écoliers connaissent leurs droits, un peu plus que dans l'école publique. Mais cela n'empêche pas les enseignants de rapporter que dans les écoles privées les élèves sont un peu plus difficiles à gérer, car ils n'acceptent pas les violences symboliques ; il y a réaction des élèves, du coup les enseignants font un peu plus attention. Dans l'école publique il n'y a plus d'élèves qui sont en situation de pré-échec scolaire qui n'arrivent pas à suivre et abandonnent par la suite. Ils ont moins de motivation à la réussite, cela également entraine des réactions de l'enfant.
Les enseignants et les élèves passent beaucoup de temps ensemble, dans un même endroit. La situation n'est-elle pas la source des conflits ?
On ne peut pas dissocier l'enseignant de l'enfant, c'est vraiment un cercle. Il suffit seulement d'avoir un facteur déclenchant pour que l'acte se produise. Cela est lié également à la personnalité de l'enseignant ; il est des personnalités qui sont fortes et acceptent de se mesurer à des enfants, ceux qui ressentent l'indiscipline de l'enfant comme une atteinte personnelle, notamment à l'adolescence. L'enseignant qui ne comprend pas ça, est en situation de produire à l'infini une violence symbolique.
La suppression des châtiments corporels est-elle bénéfique ?
Il faut souligner que le système éducatif algérien a été le premier dans le monde arabe et en Afrique à interdire les châtiments corporels, alors qu'en Angleterre, les châtiments existent toujours. La sanction peut-être positive, comme elle peut être négative, tout dépend de sa manipulation. L'Europe et les USA sont en train de revenir, en ce moment, sur les idées de la grande permissivité. En revanche, une simple parole pourrait être pire qu'un châtiment corporel, comme elle peut être salvatrice. A la limite, la punition corporelle entraîne moins de souffrance que l'humiliation. Mais ce que dit la loi ne cadre pas avec certains aspects de la société algérienne. Lorsqu'un parent vient et demande à l'enseignant de frapper son enfant sinon ce dernier ne réussira pas, est une autre façon de concevoir l'apprentissage de l'enfant et son développement.
Les enseignants nécessitent-ils un « recyclage » ?
Pour changer la façon de voir les choses, il faut beaucoup de temps. Ce ne sont pas des techniques qu'on apprend. Recycler les enseignants me semble un terme inadéquat. Il faut leur apprendre la souffrance de l'enfant, il faut qu'ils apprennent à écouter l'enfant. Les enseignants souffrent aussi, il ne faut pas leur jeter tout le temps la pierre. L'institution doit se doter de moyens pour réduire la souffrance des uns et des autres.
Comment ?
Les enseignants ne sont jamais écoutés. Modifier leurs comportements, il faudrait d'abord qu'ils puissent exprimer leurs souffrances aux professionnels de la communication. Tout passe par la relation humaine. C'est appliquer les méthodes de l'Unesco qui développent les programmes des relations humaines avec les enfants pour éviter justement les confrontations violentes entre les enseignants et les élèves. Lorsque vous mettez avec un adolescent quelqu'un à son écoute et qui essaie de lui décoder ses propres comportements, il reconnaîtra ses erreurs. Par ces méthodes on ne parlera plus de violence dans les milieux scolaires mais plutôt des incivilités. En Europe, on parle maintenant de la socialisation citoyenne. On est en train de travailler sur la citoyenneté des individus, comme remède à la violence scolaire. Si je devais penser à quelque chose sur la façon de traiter la violence scolaire, ça se ferait par une socialisation citoyenne et non pas seulement des élèves mais des enseignants aussi, et cela n'est pas inclus dans le programme de l'éducation nationale.


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