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« Nous allons redresser la barre »
Mohamed Amine Hadj Saïd secrétaire d'Etat chargé du tourisme
Publié dans Horizons le 16 - 02 - 2013

Pour lui, qui, depuis une quinzaine d'années, active dans le secteur, les insuffisances et les manques sont encore flagrants. Il perçoit néanmoins des frémissements qui augurent de lendemains meilleurs. La formule avec laquelle il avait conclu l'entretien, porte en creux toute la volonté et les efforts pour que l'Algérie puisse redevenir un pays où les plaisirs de la découverte, de la joie ne seront plus bannis. M. Hadj Saïd se réfère au roman d'Hemingway « Le vieil homme et la mer » pour tirer une leçon que devrait adopter tous les professionnels du tourisme. Comme pour le vieux pêcheur, Santiago, qui ne s'avoue jamais vaincu, il nous confie que « la défaite doit se transformer en victoire ». Ici, il nous explique comment dépasser la première et aspirer à la seconde.
Ces dernières années, les pouvoirs publics ont décidé de relancer le tourisme, considéré jusque-là comme la cinquième roue de la charrue. Pouvez-vous nous éclairer sur les grands axes de cette politique ?
En effet, depuis 2008, le gouvernement a adopté le Schéma directeur de l'aménagement touristique, qui s'étale jusqu'à 2030, pour l'intégrer au Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT). C'est une véritable stratégie dont l'objectif est de redorer le blason de la destination Algérie, en exécutant le programme du président de la République qui a inscrit le tourisme comme une priorité économique, car c'est un secteur créateur de richesses et d'emplois. Par la même occasion, il s'agit de diversifier les ressources hors hydrocarbures. En un mot, faire du tourisme une industrie qui tire l'économie nationale, aux côtés des autres secteurs, bien entendu. Nous ne faisons pas dans l'exclusion mais dans la complémentarité. C'est une vision intégrée du développement où le tourisme a une place. Lors de mes déplacements à travers les wilayas, j'insiste toujours à rencontrer les opérateurs que nous devons associer à toutes nos actions. Je répète que chacun doit se référer à ce Schéma directeur d'aménagement du territoire (SDAT) dont, hélas, on ne connaissait que quelques bribes, du fait d'un déficit en communication que nous devons combler. La communication et la médiatisation sont indispensables pour que les premiers concernés nous accompagnent, sans oublier l'impérieuse nécessité de se mettre à niveau dans le cadre de l'utilisation efficiente des technologies de l'information et de la communication
En quoi consiste plus exactement le SDAT ?
Il s'articule sur cinq dynamiques. D'abord, la promotion par la publicité et la communication, au sens large de l'image, de la destination Algérie. C'est ce que fait, notamment, l'Office national du tourisme (ONT) qui participe à certains salons, comme récemment en Espagne. Au plan interne, les nombreux éductours que nous organisons au profit des médias nationaux sont là justement pour promouvoir ou promotionner la destination Algérie, en direction des touristes nationaux, à travers la presse nationale, et, bien entendu, le Net où, à mon humble avis, se situe le grand enjeu touristique sachant que, de nos jours, la presse est lue à travers la Toile. Les radios et autres télévisions utilisent également ce canal royal pour optimiser leur audimat. Mais il demeure entendu que la promotion à elle seule ne suffit pas car s'il arrive que le visiteur soit séduit par votre promotion, mais déçu par les services que vous proposez, cela serait contre-productif. C'est pour cela que nous inscrivons une seconde dynamique : la formation et la qualité des prestations. La formation est un maillon essentiel pour améliorer celles-ci. C'est ce que nous appelons le plan qualité tourisme. Nous le reconnaissons, ce qui est offert par nos établissements est loin d'être du haut de gamme. On a à peine 15% de nos 97.000 lits existants qui répondent aux normes internationales. Mais la formation, à son tour, ne suffit pas sans investissements, troisième axe de notre politique.
Pourquoi ?
Les nouveaux investissements vont induire la construction et l'exploitation de nouveaux établissements et structures. C'est cela qui nous permettra de régler notre déficit quantitatif car, avec 97.000 lits, nous sommes loin des 240.000 lits de la Tunisie ou des 175.000 du parc hôtelier du Maroc. Le déficit qualitatif est encore plus épineux et c'est là que la formation vient pour recycler et réactualiser. De nouveaux lits vont renforcer le parc hôtelier. Les lits supplémentaires vont influer, suivant la loi de l'offre et de la demande, sur les prix qui restent prohibitifs. C'est ce que nous escomptons non sans exhorter nos opérateurs touristiques à veiller à appliquer les règles du marketing touristique dans la phase exploitation.
Quelles est, justement, la réalité et l'ampleur de ces investissements ?
Les chiffres évoluent presque de jour en jour. Aujourd'hui, nous disposons de 80.000 lits agréés par le ministère du Tourisme et de l'Artisanat. 50.000 lits sont réellement en cours de réalisation et connaissent un taux d'avancement actualisé de 58%. Très probablement, une bonne partie sera réceptionnée avant la fin de l'année et, sûrement, la totalité en 2014. Quant aux 30.000 lits restants, ils sont en souffrance. La réalisation d'un certain nombre, dont le taux moyen d'avancement est de 45%, a démarré mais s'est arrêtée. La cause ? Des problèmes liés au financement, entre autres. La réalisation des autres n'a même pas été entamée, faute de permis de construire qui tardent à être délivrés... L'investissement privé, qui se chiffre à 240 milliards de dinars, a beaucoup apporté. L'Etat, désormais, facilite, régule mais ne construit pas. Il rénove juste son parc pour donner l'exemple de la mise à niveau et, éventuellement, proposer à des chaînes étrangères des partenariats de gestion de ses établissements relookés. Elles apporteront leur expertise et leur savoir-faire. Nous percevons de plus en plus un engouement des investisseurs étrangers et des chaînes hôtelières de renom pour l'Algérie, même si les projets sur les côtes de Boumerdès ou d'Aïn Témouchent sont tombés à l'eau. Signalons, toutefois, et c'est de bon augure, l'achèvement de 5.000 lits qui viendront renforcer, dans les prochains jours, les 97.000 lits du parc hôtelier existant sachant que l'autorisation pour leur exploitation est en cours d'obtention.
Qu'en est-il du financement ?
C'est justement le quatrième axe contenu dans le SDAT. C'est un maillon très important car il permet de gagner du temps. Les investisseurs ont besoin d'accompagnement financier qui signifie l'implication des banques. Il fut un temps où celles-ci considéraient l'investissement touristique comme un risque. Le changement est maintenant perceptible. En juin dernier, nous avons signé des conventions avec six banques, notamment Djazaïr Istithmar, le Fgar, la Cnep, le CPA et la BDL. Même la Badr est partie prenante dans tout ce qui concerne les gîtes ruraux ou d'étapes. Les facilités se déclinent aussi sous forme de bonification des taux de crédits et de délais de remboursement, portés jusqu'à douze ans. Il faut signaler que les banques font preuve d'une grande disponibilité pour accompagner et faciliter l'investissement touristique. L'Etat a, par ailleurs, dégagé une enveloppe de 70 milliards de dinars pour la remise à niveau et la modernisation de 63 infrastructures étatiques. 12 milliards de dinars seront destinés à 8 stations thermales dont celles de Hammam Bouhnifia et Hammam Bouhdjar, en plus du Centre de thalasso de Sidi Fredj. Il faut reconnaître que l'opération connaît beaucoup de lenteurs à cause des avis d'appel d'offres infructueux dans certains cas ou de l'insuffisance de l'autorisation de programme qui nécessite des réévaluations, à l'instar de Bouhnifia ou des Rustumides, à Ghardaïa. Vous avez aussi le cas du Touat, à Adrar. L'opération n'a même pas commencé et on nous parle de quatre années pour l'achever, sauf si l'on fermait totalement l'hôtel. Mais comment se priver d'un tel établissement à Adrar ? Toutefois, cela s'est bien déroulé aux Andalouses, à l'Aurassi, aux Zianides, à El Djazaïr ou encore à Kerdada, à Boussaâda.
Le tourisme repose sur d'autres secteurs (énergie, eau, transports), ce qui constitue le talon d'Achille de notre tourisme. Comment le SDAT y remédie-t-il ?
En effet, le tourisme, c'est aussi les routes, l'hydraulique, l'environnement, l'énergie, l'éducation, les affaires religieuses. C'est un tout, un secteur transversal, qui nécessite l'intersectorialité, dernier axe de notre stratégie.
Le tourisme a connu, depuis quelques années, une chute libre. Quelles en sont les raisons ?
C'est essentiellement à cause de la décennie noire car, qui n'avance pas recule. C'est une période où l'activité touristique a connu un frein. Or, la mentalité touristique s'acquiert graduellement en voyant évoluer autour de soi des touristes. Mais ces tristes années qu'a vécues notre pays ont fait que ce ne fut pas seulement un ralentissement mais un blocage, voire l'arrêt total de l'activité touristique. Et comme dans un cercle vicieux, cela a induit d'autres éléments négatifs.
Cela n'a-t-il pas commencé bien avant ?
Les années 70 et 80 étaient fastes. L'activité touristique était vraiment extraordinaire. Il est toutefois vrai que le privé ne suivait pas. On se contentait des 63 établissements publics, œuvre du grand Pouillon, qui ont fait le bonheur, les beaux jours de l'Algérie touristique mais qui, finalement, ne suffisaient plus et commençaient à tomber en vétusté. Il n'y avait pas alors d'engouement chez le privé pour investir dans le tourisme mais ce n'était pas fatal. On aurait pu redresser la barre, si on n'avait pas connu cette période de violences inouïe. Et le tourisme ne rime pas avec violence.
Cette violence n'est-elle plus un frein ?
Non, l'Algérien d'aujourd'hui n'est plus celui des années 90. C'est quelqu'un, et je parle du simple citoyen, d'extrêmement mûr qui a été, certes, happé à un moment donné par la médiatisation internationale, mais qui a fini par acquérir une maturité politique et sociale et il sait surtout juger. J'en vois la preuve dans l'extraordinaire engouement pour le Sud, cette année, où on n'a jamais enregistré autant de monde. 30.000 à 40.000 personnes au Sbou de Timimoune, dans un espace très réduit. C'est de bon augure et les réseaux sociaux largement utilisés par les jeunes ont donné un large écho à ce bouillonnement. Et puis, l'incident d'In Amenas a prouvé que nous sommes définitivement un pays sécurisé. Ce qui se passe dans le Sud n'est qu'un phénomène conjoncturel. Il faut dédramatiser, démystifier. Souvenez-vous de la décision des autorités marocaines qui, après l'attentat de Marrakech, avaient délocalisé un match contre l'Algérie prévu à Casablanca, pour le faire jouer dans la ville, touchée par un sanglant attentat. N'avez-vous pas remarqué qu'à la télévision, par exemple, on parle beaucoup des prestations, des prix, etc. C'est bon signe et cela traduit une prise de conscience. Ce qui gênerait, c'est qu'on ne parle pas de nous, qu'on soit indifférent à ce que nous faisons. La promotion, à ce niveau, est importante. L'apport des médias, toutes catégories confondues, est essentiel. L'an dernier, la thématique de la Journée nationale du tourisme fut « Les médias, miroirs de la destination Algérie ». Les Algériens ne connaissent pas leur pays qu'ils devraient découvrir. A ce propos, on devrait recourir au web sans lequel on prêcherait dans le désert.
Cela signifie-t-il que le touriste algérien passe avant le touriste étranger ?
Absolument. C'est notre priorité. On ne privilégie pas la clientèle étrangère, bien au contraire. D'abord, parce que l'Algérien, qui aime bien dépenser son argent, est courtisé par toutes les destinations. Je me plais souvent à répéter une formule : le poisson est un indicateur ou un indice de pollution, selon les spécialistes de l'environnement marin. Là où il y a le poisson, il y a la vie. J'extrapole pour dire que sans le tourisme domestique, il ne peut y avoir de tourisme international. C'est une condition sine qua non, un préalable. Je suis très optimiste pour récupérer, au moins, la moitié du million de nationaux qui passent leurs vacances chez nos voisins. Nous avons tout pour séduire le touriste le plus exigeant.
Ceux qui partent ailleurs mettent en avant, outre la cherté de l'hébergement, l'inexistence chez nous d'une mentalité touristique. Que signifie cette notion ?
D'abord la qualité des services. L'Algérien aime être servi comme un prince, sentir, en tant que client, qu'il est roi, en avoir pour son argent. C'est ce que nous voulons atteindre justement. Dans le tourisme, l'homme est important. Or, nous devons reconnaître que dans des pays comme la Tunisie et l'Egypte, ils sont forts dans les domaines du soft, de la promotion, etc. Nous pouvons, toutefois, rattraper notre retard et corriger nos lacunes.
Le SDAT, pour revenir à cet instrument, est organisé autour de cinq axes. Que faut-il faire pour qu'ils évoluent au même rythme ?
Les cinq axes dynamiques sont, en effet, des maillons, et il ne faut pas que l'un se développe plus vite que l'autre car cela risque de faire échouer toute la stratégie. On ne devrait pas, par exemple, faire dans l'hyperpromotion si on ne peut répondre favorablement à la demande en matière de parc hôtelier, d'intersectorialité. C'est pour cela qu'on n'a pas une promotion agressive et visible dans les médias étrangers. Il faut attendre le moment opportun. Avec l'inauguration des grands hôtels, comme le Marriott de Annaba, le Sheraton de Constantine, en plus de ceux qui existent déjà, nous nous donnons les moyens d'une promotion. Comme dans un orchestre, il faut éviter les fausses notes. Voyez Constantine, le site est beau, original, mais il y a un manque cruel d'infrastructures. L'événement, « Constantine, capitale de la culture arabe », vient à point nommé pour remédier à cela et en faire une destination touristique au sens propre du terme, au même titre que « Tlemcen, capitale de la culture islamique ».
Revenons à la formation. Qu'en est-il sur le terrain ?
C'est, avec la communication, le pilier de notre stratégie. L'hospitalité algérienne est légendaire mais cela ne suffit pas. Il faut que l'accueil soit rationalisé. En marketing, même si on ne vous aime pas, on doit vous sourire. Actuellement, nous avons 181 établissements de formation, toutes catégories confondues, dont 4 relèvent du ministère du Tourisme et de l'Artisanat et 34 établissements privés. Le reste, ce sont des CFPA. Cela demeure extrêmement insuffisant. Nous encourageons les professionnels qui ont les moyens, à prévoir, au sein de leurs établissements, des structures de formation. L'exemple le plus éloquent, à cet égard, est celui de la SIH qui a réalisé le Marriott de Tlemcen et d'autres fleurons. Elle est en train de construire une école de formation hôtelière à Aïn Benian, de 880 places pédagogiques, qui sera gérée en partenariat avec une école suisse de Lausanne. Elle entamera la formation, dès l'année prochaine. Il y a également les projets d'un institut du Tourisme à Aïn Témouchent et d'une école de formation aux métiers touristiques dans le sud algérien, en plus de la grande école de Tipasa. Je voudrais évoquer le cas extraordinaire de Tizi-Ouzou, une wilaya chevronnée en la matière, mais la ville manque de structures, contrairement à Oran. A Djanet ou Adrar du fait qu'ils ont côtoyé, par tradition, la clientèle étrangère, la qualité des prestations est meilleure. La situation du tourisme est contrastée.
La formation dans des CFPA ou conjoncturelle, ne se fait-elle pas au détriment des diplômés des écoles du secteur qui, parfois, s'expatrient ou refusent des salaires au rabais ?
Pourquoi cela ? Parce qu'il y a un déficit énorme. Vous avez, par exemple, des agences de voyages qui n'arrivent pas à obtenir l'agrément, faute de pouvoir dénicher un gérant diplômé. Et puis, à travers nos inspecteurs, nous avons relativement un contrôle sur le fonctionnement des hôtels, des agences et l'application de la réglementation.
Qu'est-ce qui fait que le pays attire peu de touristes, y compris nationaux, qui préfèrent partir ailleurs ?
Ce qui manque le plus, c'est la sensibilisation. L'Etat fait des efforts extraordinaires. Regardez le projet d'alimentation de Tam en eau potable, à partir d'In Salah ou le réseau des routes et autoroutes. L'Algérien n'est pas encore sensibilisé aux questions d'environnement, d'écosystème. Nos sites connaissent une dégradation et il faut marteler à travers tous les canaux de communication la nécessité et l'urgence de les protéger et de les valoriser en associant tout le monde.
Terminons par les zones d'expansion touristique (ZET), qui semblent ne pas vouloir bien démarrer. Quelles contraintes y rencontrent les investisseurs ?
Nous avons 205 zones d'expansion touristique s'étalant sur 54.000 hectares et 39 seront décrétées prochainement. Nous avons voulu varier en allant vers les ZET climatiques, culturelles. Le problème, c'est que les normes d'urbanisme et de construction imposent de ne pas dépasser une occupation de 30%, autrement dit, à peine 13.000 hectares sur les 54.000 qui sont constructibles. La principale embûche demeure la loi 03/03. Elle stipule qu'avant d‘accorder une concession dans une ZET, il faut que celle-ci ait fait l'objet d'un plan d'aménagement touristique. Or, sur les 205 existantes, à peine 22 ont fait l'objet d'une étude. Cela pénalise beaucoup d'investisseurs. Dans le cadre de la nouvelle politique gouvernementale visant à faciliter l'investissement et combattre la bureaucratie, nous sommes en train de voir dans quelle mesure nous pouvons dépasser ce handicap. Une mesure est imminente. A titre d'exemple, si un professionnel qui a fait ses preuves s'engage à prendre en charge l'étude et son projet, nous pourrons lui donner le feu vert. Mais vu le caractère non renouvelable de la ressource et du foncier touristique, il nous appartient de rester plus que vigilant sur le mode d'utilisation de cette ressource et de favoriser l'utilisation d'une architecture réversible et de matériaux de construction qui ne compromettraient pas l'avenir de cette ressource et n'hypothéqueraient pas le devenir des générations futures. Il est utile de rappeler, en ce sens, que le SDAT s'appuie sur sept pôles d'excellence et 48 schémas de wilaya. Dans ces derniers, on fait ressortir les potentialités de chaque wilaya et montrer comment y développer le tourisme en fonction de ses originalités. Prenons l'exemple de Bouira où l'écosystème de Tikjdja est fragile, les constructions ne devraient pas être identiques à celles d'une autre région. Il faut aller vers le réversible et le bois. Dans notre pays, on ne devrait pas faire du copier-coller, mais du benchmarking qui a permis aux Asiatiques de faire un bond prodigieux. Il suffit de copier ce qui a réussi chez les autres et d'éviter leurs erreurs. On ne doit pas bétonner notre côte dans les zones d'expansion touristique qui sont, pour plus de 80%, situées sur le littoral. En un mot, nous devons nous inscrire dans une dynamique de développement touristique qui prenne en considération les spécificités de chaque pôle ou chaque région pour en faire une destination originale avec des produits distinctifs qui en feront la singularité, par rapport aux autres, tout en adoptant une gestion différenciée en respectant scrupuleusement les notions de développement -touristique- durable, car « la terre ne nous appartient pas, elle nous est prêtée par nos enfants ».


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