Le chantre d'un « socialisme du 21e siècle », inspiré de Simon Bolivar, la figure emblématique de la guerre d'indépendance contre les Espagnols, l'orateur inlassable, le galvaniseur des foules, le défenseur de l'union de l'Amérique latine qu'il voulait transformer en une coalition anti-impérialiste, l'artisan des alliances stratégiques avec la Russie, la Chine et l'Iran, le grand contempteur des Etats-Unis et l'ennemi juré du « néo-libéralisme » a été vaincu par un cancer dans la zone pelvienne contre lequel il n'a pas cessé de lutter depuis juin 2011. Encensé ou contesté, el Commandanté ne laissait pas indifférent. Ses alliés, en saluant sa mémoire, le qualifient d'« homme exceptionnel » dont la perte sera « irréparable ». Certains pays comme Cuba ont décrété un deuil national de trois jours. Ses adversaires espèrent une refonte de leurs relations avec le Venezuela qui a décrété, hier, sept jours de deuil, la suspension de toutes les activités publiques et privée et des obsèques nationales demain. Deux certitudes. Une, il s'en va sans avoir terminé sa mission. Deux, sa politique a de fortes chances d'être poursuivie à court terme. Nicolas Maduro, 50 ans, l'actuel vice-président qui assure l'intérim, sera, conformément « aux instructions du président », le candidat du Parti socialiste au pouvoir pour l'élection présidentielle anticipée prévue dans les 30 jours. Mardi, en annonçant le décès de Chavez, il s'en est pris aux Etats-Unis. Il les a accusés à mots couverts de fomenter des troubles dans le pays. « Nous n'avons aucun doute, il arrivera un moment dans l'Histoire où nous pourrons créer une commission scientifique (qui révélera) que le commandant Chavez a été attaqué avec cette maladie (...). Les ennemis historiques de cette patrie ont cherché un point faible pour atteindre la santé de notre commandant », dit-il, à l'issue d'une réunion des hauts responsables politiques et militaires du pays. Maduro, qui se distingue par une rhétorique plus anti-américaine que celle de Chavez, - pour sa première décision, il a expulsé l'attaché militaire de l'ambassade des Etats-Unis, soupçonné de conspiration -, sera probablement opposé au gouverneur Henrique Capriles, 40 ans. Celui-là même qui a recueilli près de 45% des voix, contre 54,5% pour Chavez, en octobre dernier et a appelé, hier, les Vénézuéliens à « l'unité » et « assuré » la famille du président de sa « solidarité ». L'IRAN, LA RUSSIE LA CHINE ET LA SYRIE SALUENT CHAVEZ « C'était un homme hors du commun et fort, qui regardait vers l'avenir et qui était toujours extrêmement exigeant envers lui-même », déclare Vladimir Poutine. « C'est en réalité un martyr. Il a servi son peuple et protégé les valeurs humaines et révolutionnaires », écrit le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. « Chavez a été un grand ami du peuple chinois. Il a contribué de façon importante aux relations amicales et fructueuses entre la Chine et le Venezuela », affirment le président chinois, Hu Jintao et son successeur annoncé, Xi Jinping. « Chavez a toujours soutenu les droits légitimes des pays arabes, y compris face au complot contre la Syrie et il avait à maintes reprises exprimé sa solidarité avec la direction et le peuple syriens face à l'attaque impérialiste sauvage », écrit l'agence officielle syrienne Sana, soulignant que Chavez « avait dénoncé les pressions américaines sur la Syrie ». « En dépit d'un embargo occidental, le Venezuela avait acheminé des produits pétroliers raffinés à la Syrie », poursuit Sana. En Amérique latine, une question est déjà sur toutes les lèvres : la révolution bolivarienne survivra-t-elle à la mort de Chavez ?