Le mois sacré du ramadhan est censé libérer toutes les vertus y compris celle liée à la propreté des lieux. L'image idyllique qu'on garde des temps anciens est réduite à de misérables scènes où s'amoncellent les déchets aux relents insistants. Les arômes et effluves culinaires de la journée sont vite remplacés par la désolation et la tristesse des niches sauvages qui s'étalent du matin au soir. La passivité des citoyens face à ce phénomène s'est profondément incrustée dans les mœurs. Les gens arrivent même à faire un saute-mouton sur une poubelle éventrée pour regagner la « meïda » avant la rupture du jeûne. Face à cette montée en puissance de dépotoir de déchets, les gars de Netcom se décarcassent pour atténuer la pestilente odeur. A croire que les gens se donnent rendez-vous pour jouer à l'affreux sale et méchant ; une trilogie copiée sur un comportement primitif. Dans l'usage de notre société, les préparatifs du ramadhan se font dans le respect des lieux. Les choses ont changé. La culture de la citoyenneté qui débouche sur le civisme a depuis longtemps fui le banc des écoles. Elle est remplacée par une autre : le chacun pour soi. Personne n'est responsable. Cette déliquescence de l'esprit de société semble atteindre tout le monde. En attendant, le ménage doit se faire devant chez soi d'abord. Une priorité mal respectée puisque les gens arrivent à balancer par les fenêtres de leur voitures ou par leur balcon des amas d'ordures pour ensuite casser du sucre sur le dos des «zebaline». La cité croule devant l'impressionnant dépôt d'ordures ébouilleurs. La prise en charge de la salubrité des lieux n'a toujours pas été menée dans les règles de l'art. Car cela exige une conscience de soi.
