Kaboul, qui a opté pour la politique du « bâton » avec les talibans depuis le 7 octobre 2011, quand George W. Bush a lancé la « riposte » américaine au 11-Septembre, revoit sa stratégie à l'approche du retrait des troupes de l'Otan du « cimetière afghan ». Pour mettre fin à la vague de violences, le président Hamid Karzai opte pour le dialogue avec les talibans qui l'accusent d'être la marionnette des Américains. L'Afghanistan s'apprête à libérer, aujourd'hui, 65 des 88 Talibans détenus dans la prison de Bagram, près de Kaboul, pour « faute de preuves suffisantes ». « Nous avons réétudié leur cas. Nous allons libérer 65 d'entre eux », affirme Abdul Shukur Dadras, membre de l'organe gouvernemental chargé du dossier des détenus de cette prison baptisée « Guantanamo d'Orient ». Cinq autres détenus pourraient être libérés la semaine prochaine. Les Américains, qui tentent de convaincre les Afghans de signer un traité de sécurité bilatéral (BSA) prévoyant le maintien d'une présence militaire étrangère après 2014, « vivent » cette décision comme un affront. Elle est « une source d'inquiétude légitime pour les forces de sécurité afghanes et internationales », disent-ils. Selon Steven Warren, porte-parole du Pentagone, « la libération de ces détenus qui ont participé ou sont liés à des attaques contre la coalition internationale, est un pas en arrière considérable pour l'Etat de droit en Afghanistan » et « une violation des accords » signés entre les deux pays. « Les Etats-Unis se réservent le droit de mener une action immédiate si ces détenus reprennent les armes », dit-il, avant de préciser cette action immédiate : « les tuer ou les capturer quand la situation se présentera ». Crise majeure en perspective avec les Etats-Unis qui avec toutes leurs forces et leurs alliés n'ont pas réussi à nettoyer l'Afghanistan du terrorisme. Karzai, qui a entamé des pourparlers de paix avec les talibans en novembre, annonce qu'il ne signera pas, avant la présidentielle du 5 avril, le traité de sécurité qu'il avait longuement discuté avec les Etats-Unis. La raison ? Il ne veut pas avorter ses négociations avec les talibans opposés à toute présence américaine après 2014. Curieusement, à l'approche de ce retrait, le nombre de victime monte en flèche : 14% en 2013. Explication donnée par la mission de l'ONU en Afghanistan : la fermeture de bases militaires internationales et la réduction des opérations aériennes et terrestres ont donné aux talibans davantage de capacité pour attaquer les forces afghanes. Autrement dit, les forces afghanes ne pourront pas assurer la sécurité du pays après le départ des troupes de l'Otan. D'où l'insistance des Américains à signer le BSA qui leur permettra de garder un contingent de 10.000 hommes pour former les forces afghanes et mener des opérations antiterroristes. A défaut de cet accord, le Pentagone n'exclut pas de rapatrier l'intégralité de ses effectifs et de laisser les forces afghanes seules face aux talibans !