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Alger, vivre et humer...
La ville se confond avec ses habitants
Publié dans Horizons le 19 - 04 - 2014

La ville alors sort de sa torpeur. De ses nuits toujours fraîches à pareille heure du jour. Humectée depuis toujours par l'iode fort et imposant que dégage la promiscuité de la mer. Non pas seulement proche mais encombrante, dès lors qu'il s'agit d'envelopper la tiédeur de l'oreiller de cette rosée matinale qui ne fait pas que du bien aux os, à la tête et aux articulations. Alger se tire du lit. Forcément. Bruyamment. A coups de klaxons et de cris. On a du mal à croire que les automobilistes ont quitté l'espace d'une nuit leurs véhicules. A qui alors pousse de l'aile pour se frayer un passage qu'un autre conducteur vous dispute. Seuls les feux de position illuminent les autoroutes, avec l'effervescence d'une course effrénée et rougeoyante. Les automobilistes peuvent se parler jusqu'à se chuchoter de leur volant. Les femmes sont huées de toutes parts. Elles, plutôt stoïques même lorsqu'elles n'affichent pas le 80 à tous les coins des vitres, restent de marbre face aux flots de mots qui se déversent sur leur voitures luxueuses, grosses cylindrées et toutes récentes. Aux carrefours, les agents chargés de réguler la circulation laissent faire ce déferlement de pointe à toute heure. Excédés qu'ils sont devant cette afflux humain incessant, infatigable et redondant. Qui réveillent mal, du mauvais pied. A croire que les habitants de la ville n'ont d'occupation que remplir les rues, les boulevards. Chaussées et trottoirs n'ont de cesse de jeter de part et d'autre cette marée, toute la journée, à toute heure. Rien ne semble arrêter cette débordante énergie fantastique qui ne veut pas s'émousser même un peu, le temps d'une pause déjeuner par exemple.
À klaxons déployés
Alger repart à zéro, tous les matins jusqu'à extinction du jour et même au-delà. Souvent. Les courtes journées hivernales rendent encore plus effervescentes les artères qui ont du mal à contenir ce déversement qui déborde à ne plus en finir. Les murs de la ville affichent d'alléchantes invitations à soigner sa mise, ses moyens de communication, son mode de vie, son confort, sa vie quoi ! Les enseignes lumineuses brillent de tous les champs lexicaux et sémantiques susceptibles de recueillir le plus d'audience possible. Parfois, ces mêmes annonces sont dérangées dans leur texte par d'autres, celles-là même qui disent que dans la cité, le fait culturel peut se targuer de tenir la dragée haute à l'inaction bienfaitrice de la nourriture spirituelle. Même sporadique, elle étonne plus qu'elle n'intéresse. Sauf événement exceptionnel. Apparemment, les cycles des films d'ailleurs et même d'ici n'ont aucune chance de remporter la palme de la fréquentation. Le public boude, ignore et range sa fibre sentimentale pour la sortir à la maison. Après le JT de 20 heures, réflexe qui n'a pas sa raison d'être en fait, sinon un geste machinal bien vite écourté, il y a un bon film sur une chaîne de son choix. Pour s'extirper aux pourtours du quartier, du bureau, changer d'environnement et casser la routine en rêvant un peu, juste un peu... Face à de gigantesques tours, à de grandes artères propres et larges, à des lieux de détente parsemés un peu partout dans les grandes métropoles, illuminées et vivaces... jusqu'au générique qui aide à emporter un peu de cette évasion nocturne dans son lit d'où on doit s'extirper aux aurores. Un pied devant, un autre derrière pour aller rejoindre dans l'expectative après un petit-déjeuner vite ingurgité, qui sera rattrapé par un express au café maure, le travail, la passion en moins. Etiolée qu'elle est depuis longtemps, à force d'être malmenée par les dépérciations mal à propos, du genre jamais content, toujours rechignant pour un oui ou par un non... et ainsi vogue la journée. Alger se réveille. Et accueille une nouvelle journée. Un autre jour, avec son lot d'automobilistes qui disputent les nerfs et le stress aux piétons qui ne trouvent plus de trottoirs pour marcher, encore moins pour déambuler. A moins de slalomer entre les véhicules qui s'y garent à longueur d'année... Au volant de véhicules tout-terrains qui bousculent l'étroitesse des chaussées mal en point, font la loi en ville, pour le m'as-tu-vu de facto, et écrasent tout ce qui vient les concurrencer sur autoroutes bondées et ruelles à peine ouvertes aux petites voitures. Et ce sont les riverains qui trinquent. Ils prennent désormais ce réflexe de regarder par deux fois avant de quitter le seuil de leur maison, dérangés dans leur tranquillité et leur quiétude légendaires. En plus de leur ôter le soupçon de parfum de jasmin qui embaumait jadis ces pâtés de maisons coloniales où le jardin a été mordu dans son exubérance pour laisser place à un appartement dédié au fils qui veut emménager sous son propre toit. Encore heureux, là où le lierre habille l'enceinte de la bâtisse qui n'a pas été détruite pour être reconstruite avec étages à ne plus en finir quand le pilier est toujours là, narguant le ciel, en n'oubliant pas ces garages ouverts déjà au commerce, histoire de trouver la source au financement du reste encore à construire, dans la trajectoire d'une suite toujours et peut-être jamais à venir.
Ce civisme qui manque tant
Aujourd'hui, peu importe ce qui se passe même autour de la clôture. Une fois le portail refermé derrière soi, advienne que pourra et vienne qui voudra. Non sans avoir pris le soin de rentrer sa poubelle pour parer à toute substitution du voisin qui la lorgne depuis sa porte. Les mauvaises herbes, elles, grimpent le long des murailles. Les proprios n'en ont cure. Sous d'autres cieux, cette négligence est passible de pénalités. Chez nous, ce qui fait office de l'extérieur ne nous appartient pas, alors de là à l'entretenir ! Et allez demander après cela aux locataires des immeubles de prendre en charge leur cage d'escalier, surtout que leur logement leur a été cédé par l'OPGI. Il y avait pourtant une époque où le volontariat était de mise, pendant laquelle les voisines réunissaient la force de leurs bras autour de nettoyage du premier au dernier étage. Une campagne en toute saison, surtout l'été, qui ressemblait plus à une fête dans une ambiance sans pareille. Une corvée devenue réflexe au bout du compte et à qui viendra avec un paquet de détergent, un balai, une serpillère ou encore de l'eau de Javel. Sans compter, ces femmes lavaient, astiquaient, récuraient et cela sentait bon le propre. Aujourd'hui, c'est une autre paire de manches. Même les sacs poubelles sont jetés depuis le balcon et la fenêtre pour finir éclatés sur la chaussée. On avance vraiment à reculons à mesure que les moyens sont disponibles, que la modernité gagne les espaces. Apparemment sans les mentalités qui régressent. Et qui ne font que confirmer cet adage populaire celui qui prend soin de son extérieur, qu'en est-il véritablement de son intérieur ? Puisque celui qui salit l'extérieur ne peut être que sale au fond. Et les apparences sont souvent trompeuses, n'est-ce pas ? Et d'apparences, parlons-en ! Avec le branle-bas général qui prend Alger, retournée dans ses entrailles pour remédier à l'usure des conduites, d'eau, ici, de gaz, là... à la béatitude des regards comblés de détritus et d'eaux stagnantes... même face à des vitrines alléchantes qui soldent toute l'année leurs articles mal écoulés, dépassés par les événements qui traversent la mer via Internet. Des façades que l'oubli a englouties dans le quotidien au point où cela fait désormais partie du décor environnant. Et c'est à peine si les premiers signes de changement enfin sont perçus. En revanche, les devantures des magasins qui se mettent au noir et blanc détonnent aux côtés de coloris sauvages empruntés à la guise des riverains et chacun y va de son ton, là du marron chocolat, là encore du mauve ou du rose, ici, du jaune... et c'est ainsi tout le long de pâtés d'immeubles qui justifient d'être peinturlurés à défaut d'un égard de l'autorité locale qui ne soigne que ce qui se voit... Comme ces longues rangées de bâtisses immaculées à la faveur de visites officielles pour lesquelles, on récure et badigeonne, avec ce soin particulier qui ne prend pas en compte les faces cachées... car, il est de nature que l'on demande de cacher ce qui ne saurait se voir. Pas les mendiants et autres vagabonds qui se trouvent un monceau de trottoir, juste au-dessus d'une grille qui laisse échapper une chaleur bienfaisante qui finit par emporter dans un long sommeil sans rêves, au plein brouhaha inextinguible des grandes artères de la capitale. Les piétons contournent ces corps endoloris, recroquevillés, ramassés en boule, la tête rentrée dans le cou, dans un tas de cheveux épais, qui aident à tourner le dos à la vie du moment que cette vie-là, elle n'a pas hésité à leur faire le pied de nez. Car personne n'est à l'abri. Rudesse et ingratitude.
Quand les ventres se bousculent et les yeux se font gourmands
Des hommes, des femmes, des enfants... étalent leur dénuement. Souvent pudiques, presque confus de se trouver là, même s'ils savent qu'à la longue, ils passent inaperçus. Parfois, juste un œil furtif, lui aussi discret, presque honteux de tomber là sur ces êtres qui n'ont pas demandé à être là... Alger s'est réveillée maintenant. Bel et bien de sa léthargie printanière aux relents de l'été. Le midi est turbulent, foisonnant, gourmand, insatiable. Ça remue de partout. A la caisse, à la commande, à l'attente, devant des sandwichs dégoulinant de gras, de mayonnaise, de h'rissa... et autres coupe-faim complets, royaux, riches, à donner le tournis... Une offrande au ventre et un mauvais point au corps. Consommation quand tu nous tiens ! De partout suintent des odeurs de friture que dégagent des huiles brûlées qui en ont écumé des poêles et des poêles mal récurées... Fast-foods, boui-bouis et autres lieux de restauration rapide et sans imagination trônent en rois infaillibles dans les coins les plus discrets de la ville qui n'en peut plus de manger, jamais repue, toujours à mastiquer. A côté, les rares vendeurs de nourriture spirituelle, les librairies ont pâle visage. Triste mine. Seuls quelques égarés s'y hasardent, un sac ou un livre sous le bras. Pas même les écoliers ou étudiants ne connaissent ces adresses pourtant à la mesure de leurs ambitions estudiantines. Et Alger ne désemplit pas pour autant. Comme si tous les Algériens travaillaient tous à leur compte. L'heure de pointe dépasse largement le midi. Piétons et automobilistes se tirent dans les pattes pour se réserver un bout de rue. Au volant de voitures rutilantes, des conducteurs de tout âge, jeunes surtout. Tous des proprios de commerce qui déambulent au gré de leur humeur, des chômeurs de luxe qui pendus au portable dernier cri qui en ont des choses à raconter. Les piétons adoptent la même cadence et flânent le long des rues commerçantes comme pour leur donner la réplique. Le répit dans la cité n'arrive que vers les 21 h. Les retardataires appuient sur le champignon et slaloment entre les véhicules qui, toutes pédales dehors, s'agrippent à l'autoroute comme pour la finir en un tour de volant.


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