Chaque Ramadhan, les mêmes scénarios se reproduisent devant les boulangeries et les pâtisseries de la capitale. En file indienne, femmes, hommes et enfants sont alignés dans l'attente d'acheter quelques gâteaux traditionnels à 60 DA la pièce. Et surtout le kelbelouz (gâteau composé de semoule, d'amandes et arrosé de sirop), cédé entre 40 et 45 DA la pièce. A 10h30, en ce premier jour de Ramadhan, des femmes se sont rassemblées devant la boutique de l'Algéroise, à la rue Chaïb-Ahmed (ex-rue Tanger). L'une d'elles n'hésite pas à taper très fort sur le rideau baissé du magasin. Le fils du propriétaire a fini par ouvrir. Sans attendre, les gens se sont engouffrés dans la boutique en formant une fille pour les femmes et une autre pour les hommes. Les deux fils du propriétaire s'activaient pour servir les clients pressés. Certains ressortaient les bras chargés de boîtes de douceurs. Une frénésie que cette sexagénaire tente de justifier : « Nous achetons pour des membres de la famille et nos enfants mariés. » Une autre, plus jeune, rétorque : « Nous achetons beaucoup de kelbelouz pour plusieurs jours car ça se garde. » Un homme ajoute : « J'achète pour mes collègues, voisins et pour moi. » 14h30. D'autres attendent devant la même pâtisserie. Des hommes surtout. A une centaine de mètres de là, la boulangerie voisine est prise d'assaut par des hommes et des femmes en attente de la prochaine fournée de pain parisien. Là aussi, les clients ressortaient avec des sacs contenant quatre, six, voire une dizaine de baguettes. Ces clients, tellement pressés, ne pouvaient même pas s'exprimer sur ce phénomène redondant à chaque Ramadhan. Plus loin, une autre boulangerie, au bout de la rue, pleine de monde. Ici, plusieurs sortes de pain sont vendues.