L'acteur et producteur Mohamed Djdid, surnommé El Houari l'un des initiateurs du groupe « Toulati El Amdjad » évoque dans cet entretien son quotidien durant le mois sacré. Il profite de l'occasion pour lancer un appel au ministère de la Culture pour prendre en charge les nouveaux producteurs et leurs donner la chance de s'épanouir artistiquement. Avez-vous un programme chargé durant ce Ramadhan ? Durant les années précédentes, quand je n'avais pas de tournage ou de montage à réaliser, je passais un Ramadhan ordinaire à l'instar de tout Algérien. Même si je ne dors pas tôt, je me lève de bonne heure. Je commence ma journée en faisant le marché. Ensuite, direction le bureau de production, qui est notre principal lieu d'inspiration. Par contre cette année, j'ai subi un rythme infernal. Nous n'avons pas entamé très tôt la réalisation de la série « Boudaw » qui passe actuellement sur Canal Algérie et A3. Nous faisions des tournages même durant ce mois. Le plus clair de mon temps, je fais des montages. Après avoir accompli les prières surérogatoires, je revenais au bureau pour poursuivre mon travail jusqu'à Al Fadjr. Le jeûne ne me fatigue pas. Mais le stress accumulé en raison d'un travail qui n'a pas été fini à temps a fait son effet. D'autant que chaque trois jours, on doit se déplacer sur Alger. Ces va-et-vient entre Alger et Oran sont stressants aussi. Une véritable course contre la montre. Êtes-vous exigeant sur le plan culinaire ? Non, je ne suis pas du tout exigeant. J'ai un petit faible pour les tajines. Les gens de l'Ouest et ceux du Centre ont presque les mêmes habitudes culinaires à quelques différences près. A Oran, les vieilles habitudes tendent à disparaître. Par le passé, les visites familiales étaient récurrentes. Aujourd'hui, les choses ont changé et chacun se confine chez lui dès qu'il rompe le jeûne. On remarque certains phénomènes regrettables comme la violence, les vols et le gaspillage. Le Ramadhan doit réunir tout le peuple algérien dans la sérénité et la joie. Le jeûne se traduit d'abord par les bons comportements et la foi. Durant le mois sacré chaque action est comptabilisée. Chacun est apprécié selon le degré de son dévouement et de son rendement spirituel. Certes, durant la journée, on est comme les femmes enceintes, on voudrait goûter à tout ce qu'on voit. Mais au moment du f'tour, on se contente d'eau. On devrait rompre le jeûne uniquement avec de l'eau. Parlez-nous de votre série qui passe actuellement à la Télévision algérienne ? Notre série « Boudaw » a d'ores déjà connu un écho favorable. Les gens sont satisfaits de notre prestation, Dieu merci. Je regarde les autres programmes uniquement pour faire une comparaison avec mon travail mais jamais pour critiquer. Le dernier mot revient au public. Les artistes subissent tous des entraves, mais ils doivent être patients. « Toulati el Amdjad » s'est éclipsé pendant dix ans. Il est resté loin de l'écran malgré lui. Cela ne l'a pas empêché de renaître de ses cendres et de poursuivre le chemin. Quand on est valable et efficace on ne craint rien. Je cite l'exemple de l'acteur Otman Ariouet qui n'a pas assumé de rôle pendant plus de 15 ans. S'il revient, ses fans le suivront assurément comme par le passé ou plus. Son niveau artistique enviable le rend immortel. On remarque malheureusement ces derniers temps, la diffusion de quelques programmes encourageant la médiocrité. « Boudaw » a été élaboré avec un style humoristique qui reflète une réalité vécue. Le peuple veut consommer une chose qui lui appartient, et qui exprime son quotidien. Le scénario a été écrit par Nadia Drablia, une Constantinoise. Durant les tournages nous avons subi quelques difficultés. Nous avions du mal à combiner entre tous les acteurs qui étaient sollicités pour plusieurs productions en même temps. Le style comique d'hier n'est pas celui d'aujourd'hui. Il est très difficile de réussir à faire rire cette nouvelle génération. Elle n'est pas dupe et elle est exigeante aussi. Pour l'accrocher pendant au moins cinq minutes, il faut vraiment travailler dur. Il faut s'inscrire dans l'air du temps. Les anciens comédiens ont préféré s'éclipser que de produire des choses qui ne sont pas à leur goût. Je lance un appel à la tutelle à l'occasion pour donner la chance aux jeunes producteurs pour pouvoir percer et s'épanouir artistiquement.