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« Essahra Tamlek »*
Entretien avec la romancière Amèle El Mahdi
Publié dans Horizons le 22 - 03 - 2015

Passionnée jusqu'à la moelle du Sahara, Amèle El Mahdi est l'auteure de trois romans dont deux entièrement consacrés au Sud magique (« Yamsel, fils de l'Ahaggar », et « Tin Hinan, ma reine ») qui alimente et rythme tant son imaginaire que son vécu. Décryptage...
Après « Yamsel, enfant de l'Ahaggar », une épopée chantant la beauté de l'Ahaggar durant l'ère préhistorique, vous rebondissez avec un autre roman - le troisième - « Tin Hinan, ma reine », où vous retracez la vie de la reine des Touareg ...
Avant de m'installer dans le sud de l'Algérie, je ne connaissais presque pas du tout l'histoire de Tin Hinan. Et c'est une fois à Tamanrasset que je pris conscience de la vénération des Touareg de l'Ahaggar pour cette reine dont ils se disent les descendants. Je fus très curieuse d'en savoir plus et c'est ainsi que j'ai entrepris des recherches sur l'histoire de Tin Hinan. Et quelle ne fut ma surprise de découvrir que cette reine, complètement méconnue en Algérie, était célèbre outre-mer. Et c'est alors que je me suis lancé le défi de faire connaître Tin Hinan dans son propre pays. Mon choix, qui se porta sur la version la plus répandue et qui a été rapportée par le père Charles de Foucauld, ne me facilita point la tâche. Il fallait écrire un roman à partir d'une histoire qui tenait en deux pages ! Selon cette version, Tin Hinan aurait vécu au quatrième siècle après le prophète Sidna Aïssa (Que Dieu l'agrée). Venant du Tafilelt dans le Rif marocain qu'elle aurait quitté pour des raisons inconnues, elle aurait traversé des milliers de kilomètres, bravé la faim, la soif, les pillards et les bêtes sauvages pour aller s'établir dans l'Ahaggar et devenir la reine des tribus qui vivaient dans cette région L'histoire de Tin Hinan ne s'arrête pas à sa mort, elle défrayera la chronique 15 siècles plus tard lorsque son mausolée sera profané, son trésor pillé et ses ossements emportés jusqu'en Amérique.
Le Sahara occupe une place centrale dans vos œuvres. Est-ce la beauté naturelle de ces aires désertiques traversées depuis des lustres par les hommes, où la richesse des cultures que ces derniers y ont apportée qui vous a le plus fascinée ?
Au-delà de mon attirance pour le désert et de mon admiration pour ses peuples qui ont su s'adapter et, surtout, respecter cette nature qui peut se montrer très ingrate, ce qui me fascine le plus dans cet océan de sable et de pierres, c'est l'humilité que nous ressentons face à son immensité et sa magnificence. Le désert a cette faculté de nous faire prendre conscience de notre insignifiance et de nous ramener à notre dimension de simples humains. Il y a aussi cet étrange rapport au temps. Et bien que le jour comprenne 24 heures et l'heure 60 minutes et la minute 60 secondes...vous avez toujours cette impression que le temps s'écoule plus lentement dans le désert qu'ailleurs. Il m'arrive, parfois, de me dire qu'au moment où il avait conçu la théorie de la relativité générale et pensé au temps comme la quatrième dimension, Einstein devait sûrement se trouver dans un désert allongé sur une dune de sable. Et, bien sûr, je ne vous parlerai pas de l'envoûtant silence du désert qui est tout sauf l'absence de bruit.
Comment est née chez vous cette passion pour le Grand Sud ?
Vous savez, les gens du Sud ont une très belle expression pour expliquer cet amour du désert, ils disent « Essahra Tamlek » littéralement « Le désert possède » et je crois que c'est ce qui m'est arrivé. Je connais plusieurs personnes qui, après plusieurs années passées dans le sud du pays, en sont reparties indemnes, ce ne fut pas mon cas, le désert m'avait choisie. Dans le conte « Yamsel, fils de l'Ahaggar », je parle d'un adolescent qui a été séquestré par l'esprit des dunes. Je suis comme Yamsel, prisonnière du désert et j'en suis très heureuse.
Quel a été l'écho de vos deux romans sur le lectorat local ?
Les deux romans « Yamsel fils de l'Ahaggar » et « Tin Hinan, ma reine » ont paru il y a seulement quatre mois. Je pense qu'il est prématuré de parler de l'écho de ces deux livres, notamment sur les lecteurs du Grand Sud quand on n'ignore pas les problèmes de distribution et de promotion que rencontre l'industrie du livre dans notre pays.
Les auteurs originaires de la région ont-ils le même regard que les écrivains du nord du pays ou les étrangers ?
C'est une question assez difficile dans la mesure où cela suppose la lecture des œuvres d'écrivains originaires non seulement des différentes régions de l'Algérie, mais aussi d'autres pays, prétention que je n'ai pas. Je pense, cependant, que les gens qui ont toujours vécu dans le désert sont comme les poissons qui n'ont pas conscience qu'ils se trouvent dans un océan mais si vous les arrachez à ce milieu, ils cesseraient de vivre. Je vais vous raconter une petite anecdote : un ami d'El Méniaa nous a raconté avoir reçu, une fois, un touriste canadien qui désirait ardemment voir les dunes. Il l'emmena donc en fin de journée à Belbachir où se trouvent les plus belles dunes d'El Méniaa. Subjugué par la beauté du spectacle, le touriste canadien, le visage transfiguré, les yeux étincelants, tomba sur les genoux en état de transe sous le regard médusé de notre ami qui se demanda pourquoi lui ne s'était jamais trouvé dans un tel état alors qu'il avait toujours eu ce spectacle sous les yeux.
De nombreux romanciers étrangers, français notamment, ont écrit sur le Sahara, mais l'aspect orientaliste pour les uns, colonialiste pour les autres a dominé leurs récits. Qu'en pensez-vous ?
Un grand nombre de ceux qui ont écrit sur le Sahara au XIXe siècle ont été animés par un désir d'exotisme et un besoin de nourrir leur imaginaire et leur inspiration plutôt que par une réelle envie d'aller à la rencontre de l'autre. « L'indigène », y compris son environnement, décrit avec minutie et force détails, était considéré comme une bête curieuse et non comme un être en mesure d'apporter une quelconque richesse. D'ailleurs, nous savons que beaucoup d'écrivains orientalistes déçus et désillusionnés par la réalité des pays colonisés qui ne correspondait pas à l'image du monde féerique des mille et une nuits dont ils avaient rêvé, n'ont eu aucun scrupule par la suite à afficher leurs idées racistes. En tant que lectrice algérienne, je suis souvent restée en dehors de ces récits malgré la beauté des textes littéraires car il m'était impossible de m'identifier à cet « indigène à moitié sauvage à qui il fallait apporter la civilisation occidentale ».
Quel est le roman sur le Sahara qui vous a le plus marquée ?
Il y a très longtemps, en lisant « Un été dans le Sahara » d'Eugène Fromentin, j'ai été bouleversée par la description qu'il faisait de la ville de Laghouat, les ossements qui jonchaient le sol, l'odeur de la mort, les chiens qui avaient fui la ville... Je n'étais pas au courant de ce qui était arrivé à Laghouat en 1852 et c'est en faisant des recherches que j'ai appris que plus de la moitié de la population laghouatie avait été massacrée le 4 décembre de cette année-là par l'armée coloniale. J'ai relu ce livre par la suite, c'est un livre que j'aime beaucoup. En dehors des magnifiques descriptions du désert dues peut-être à Fromentin le peintre, je trouve que c'est un récit d'une rare authenticité et dont se dégage une grande sincérité.
Prévoyez-vous une histoire dédiée au territoire des Touareg ?
En ce moment je suis absorbée par l'écriture d'un nouveau roman dont la trame se déroule à Alger durant l'époque ottomane. Mais cela ne veut point dire que j'en ai fini avec le désert, rappelez-vous, je suis sa prisonnière.
A. G.


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