Il y a 54 ans, un soir du mois octobre de l'an 1961, des centaines de manifestants algériens ont été massacrés à Paris. Des émigrés algériens que la France coloniale utilisait comme main-d'œuvre pour reconstruire un pays détruit après la Seconde Guerre mondiale. Ce jour-là, ils ont payé de leur vie une manifestation qu'ils voulaient pacifique. Dans les rues, ils ont crié leur appartenance au FLN et leur soutien au Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). « Des journalistes américains, qui avaient couvert cette manifestation, ont rapporté avoir entendu Papon, le préfet de police, dire à ses hommes : « tirez à vue, vous êtes couverts », raconte le moudjahid et membre fondateur de la fondation 8-Mai-1945, Makhlouf Aouali, au forum Echaâb. « Le 17 octobre 1961 n'a pas livré encore tous ses secrets. Jusqu'à présent, nous n'avons pas accès aux archives et les rapports français concernant cette nuit-là. Mais npus savons que les noyés de la Seine n'ont pas été comptabilisés ainsi que les manifestants transférés dans des lieux de détention et tués en route », a-t-il ajouté. Le conférencier a qualifié ce massacre, « de crime contre l'humanité et crime d'Etat ». Selon lui, « c'est un crime d'Etat, car les hautes instances françaises étaient complices. De Gaule lui-même avait dit à propos de cette affaire : ce n'est pas faisable, mais c'est dérisoire », a évoqué Aouali. Il a estimé « que la France doit être poursuivie pour crime contre l'humanité ». Il a rappelé, à ce propos, que la fondation 8-Mai-1945 avait saisi la justice française pour intenter un procès. « Nous avons le témoignage de 14 victimes de la répression française le 17 octobre 1961. Notre action n'a pas abouti hélas. Les preuves n'étaient pas suffisantes. De plus, ce sont surtout des avocats français et très peu d'Algériens ont soutenu notre cause. L'un des avocats français, un compagnon de Frantz Fanon, est décédé devant le juge alors qu'il défendait les victimes du 17octobre 1961 », a-t-il raconté. Aouali a déploré que le code pénal algérien ne contienne pas la notion de crime contre l'humanité. « Si le code pénal algérien comportait des articles relatifs au crime contre l'humanité, nous aurions pu entreprendre des actions en justice, ici même, pour dénoncer les crimes coloniaux. Si l'Algérie ne veut pas attaquer en justice la France pour ses crimes, pour des rasions politiques, qu'on laisse alors la société civile s'en charger. Pour cela, le code pénal doit d'abord être adapté », a-t-il conclu.