Comment se porte la littérature en Guinée ? Elle se porte très bien. Nous avons deux grandes maisons d'éditione. Ganndal, que je représente au 20e Sila, et l'Harmattan Guinée. Ganndal publie surtout des livres de jeunesse, des documentaires illustrés, des albums, des romans. L'Harmattan publie des œuvres engagées à caractère politique des livres de jeunesse. Que présentez-vous à ce 20e Sila ? J'ai publié un album de jeunesse, qui transcrit un conte du terroir intitulé « Le buveur de pluie ». Je le présente au public algérien. Quelles sont les difficultés que peut rencontrer un auteur guinéen ? Il existe plusieurs difficultés notamment celles du financement, parce que les maisons d'édition en Guinée n'ont pas suffisamment de moyens. Par exemple, les éditions Ganndal, quand on dépose les manuscrits, il faut trouver des financements. L'écriture vous permet-elle de voir le monde différemment ? Oui, sur le plan littéraire, l'écriture nous permet de nous projeter dans le futur et d'imaginer un monde meilleur, mais sur un plan financier, cela ne rapporte pas grand'chose. L'écriture nous permet d'aborder des questions d'actualité qui se posent au niveau de la société. On peut même traiter des sujets tabous, comme par exemple, l'excision. Est-ce que cette pratique est toujours en vigueur ? Elle est très courante. La preuve, la Guinée, malheureusement, occupe la deuxième place dans le monde, après la Somalie, en matière de pratique d'excision. Malgré toutes les publications, toutes les campagnes de sensibilisation, nous avons atteint un taux de 97 % de jeunes filles excisées en Guinée. Le citoyen guinéen lit-il suffisamment ? Non. Le citoyen guinéen ne lit pas, même lorsque le livre est subventionné. Il n'achète pas de livres. Il n'a pas cette culture de la lecture. Il faut savoir que le taux d'analphabètes est estimé à 65%. C'est énorme ! Des projets d'écriture ? J'ai deux projets d'écriture avec la maison d'édition Ganndal. Le premier, un roman de jeunesse « La panthère noire », qui parle d'une jeune fille de Conakry qui s'intéresse aux arts martiaux, notamment à la pratique du karaté. Le second livre, un roman de jeunesse, est l'histoire d'un féticheur qui avait le pouvoir de dépister les sorciers et de les arrêter. J'envisage d'écrire un autre livre sur le virus d'Ebola, un virus qui a affecté des pays comme la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia. Ce livre est une sorte de contribution personnelle, dans le cadre de la lutte contre cette maladie qui a fait plus de 11.000 morts. Un mot sur votre participation à ce salon ? C'est ma première participation au Sila. Je suis impressionné par les stands bien achalandés, le nombre important de publications notamment en langue arabe. Je dois admettre que cela m'a surpris vu que je croyais que l'Algérie est un pays francophone.