Cette rencontre se veut le début de l'ouverture du chantier multisectoriel auquel s'attelleront toutes les parties concernées par la prise en charge des autistes. Le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, a déclaré que « ce symposium, premier du genre en Algérie, s'inscrit dans le cadre des directives du président de la République pour améliorer la prise en charge de l'autisme et en faire un chantier devant se traduire, à moyen terme, par l'élaboration et la mise en place d'un plan national intégré ». Ce plan devra être multisectoriel et reposer sur des axes permettant la formation adaptée des personnels intervenant dans les différents secteurs concernés. « En Algérie, comme ailleurs dans le monde, la fréquence en augmentation constante des troubles du spectre autistique se heurte à l'insuffisance des structures et des personnels spécialisés et met en lumière l'absence d'une stratégie globale multisectorielle qui constitue pourtant la seule réponse à même de répondre à la souffrance des enfants et de leurs familles », a affirmé le ministre. Les secteurs intervenant agissent seuls, selon le ministre, alors que la prise en charge de cette pathologie nécessite une approche intégrée où le rôle de chaque intervenant est clairement identifié dans une logique de complémentarité de l'action et de fédération des moyens car les ressources spécialisées sont limitées. « Nous allons prochainement nommer un coordinateur pour faire le suivi de ce dossier comme pour celui du cancer », a indiqué Boudiaf car, dit-il, « la prise en charge de l'autisme requiert une approche globale multidisciplinaire, multisectorielle et impliquant les familles et le mouvement associatif ». Selon le premier responsable du secteur de la santé, l'accompagnement médical du patient en matière de rééducation doit obligatoirement être adossé à des dispositifs multiformes et intégrés assurant son inclusion scolaire, économique et sociale. Le chantier de la formation devra être prioritaire, souligne le ministre, et concernera les personnels de l'ensemble des secteurs intervenants (éducation, solidarité, enseignement supérieur, travail) pour assurer d'abord un diagnostic précoce et le plus accessible en termes de proximité et ensuite la mise en place d'une prise en charge médico-psycho-pédagogique intégrée. Le mouvement associatif, partenaire des pouvoirs publics La formation et la sensibilisation du mouvement associatif en tant qu'auxiliaire des pouvoirs publics font également partie de la prise en charge de cette catégorie de personnes. Zakaria Benziada, un enfant autiste âgé de 8 ans, dira des mots simples mais chargés d'expression. « Je suis extraordinaire, nous ne sommes pas des déficients mentaux mais simplement différents. Nous avons droit à la dignité et nous ne demandons qu'un peu de compréhension et de faciliter notre insertion », a-t-il dit en substance, sous les acclamations de l'assistance. La présidente de l'Association nationale des autistes, Ouali Leïla, fera savoir que « l'objectif principal de l'association est le diagnostic précoce, ce qui permettra une prise en charge précoce ». Et d'ajouter : « nous espérons que les recommandations de ce symposium seront réellement appliquées. » Cette association, qui active depuis près de trois ans, a réussi, selon sa présidente, à sensibiliser les parents, et une amélioration est nettement constatée. D'ailleurs, une convention de partenariat sera signée prochainement entre l'association et l'APC d'Alger-Centre pour l'ouverture d'une crèche pour autistes. Comme elle a réussi à ouvrir 2 classes, une à El-Harrach et autre à Delly Brahim. L'Organisation mondiale de la santé fait état d'un taux de prévalence compris entre 30 et 60 pour 10.000 sur l'ensemble des troubles du spectre autistique. En Algérie, les autistes connus jusqu'à présent sont au nombre de 300.000, selon le mouvement associatif.
