Cela fait quatre ans que le premier président de l'Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, est décédé et 100 ans depuis qu'il est né. Un hommage lui a été rendu hier par le Forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid en collaboration avec l'association Machaâl Echahid, en présence de sa fille, de l'ambassadrice d'Indonésie en Algérie, des représentants des ambassades de Palestine et de Russie et des membres du conseil de la Nation. Le défunt Ahmed Ben Bella était un militant exceptionnel. Il représentait une génération exceptionnelle celle du 1er Novembre. L'homme était exemplaire dans tous les domaines, ont témoigné des historiens et des compagnons du défunt. L'historien Amar Rekhila est revenu sur le parcours singulier d'Ahmed Ben Bella. « Il avait réussi à tracer une feuille de route du mouvement national. Son itinéraire était difficile mais plein de succès sur le plan militaire mais aussi diplomatique », a-t-il soutenu. Ahmed Ben Bella, le jeune Algérien qui aurait pu être à l'époque un footballeur international, a choisi un autre destin, celui de la révolution pour l'indépendance du pays. « Il était un membre actif dans l'Organisation secrète (OS) et l'un des commanditaires du hold-up de la poste d'Oran », a-t-il rappelé. L'historien est revenu également sur les succès diplomatiques du FLN à Bandung (Indonésie) et a mis en exergue le rôle important d'Ahmed Ben Bella dans la conduite de la diplomatie algérienne, notamment après l'interception de l'avion qui le transportait avec quatre de ses compagnons (Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf, Mustapha Lacheraf et Mohamed Khider) par l'armée française. Il fut emprisonné en France « dans une cave », a-t-il tenu à préciser. Amar Rekhila a évoqué à cette occasion les difficultés dans le parcours de Ben Bella. « Il était confronté à des divergences avec certaines figures de la révolution », a-t-il témoigné. Après son arrivée au pouvoir en septembre 1962, il a tenté de mettre en place une nouvelle culture sociale. L'historien rappelle ensuite le contexte de son arrivée au pouvoir. « Ben Bella est arrivé au pouvoir dans un moment difficile, avec 300.000 enfants orphelins, trois millions d'Algériens sans logement, 600.000 détenus. Ils étaient au total 4,8 millions d'Algériens, soit plus de 50% des habitants de l'Algérie à l'époque, à attendre des solutions et une prise en charge. Ben Bella devait faire face à un front social fragile et un conflit interne mais il a réussi sa mission. Il a prôné un discours de mobilisation efficace », a relaté l'historien. De son côté, l'historien Lahcène Zeghidi a indiqué que Ben Bella était la cible privilégiée de ceux qui visaient la révolution car il représentait « un symbole ». « Il a réussi à transformer les prisons en front de guerre et c'est grâce à la grève de la faim que la cause algérienne a été internationalisée », a-t-il ajouté. Pour sa part, Mourad Lamoudi, un compagnon du défunt, l'a qualifié de « géant » car il est allé au bout de toutes ses missions. Il citera les campagnes de reboisement lancées après l'indépendance, mais aussi le fait de bannir le métier de cireur de chaussures. « Un jeune a tenu à le voir pour le remercier, c'était un cireur et grâce à la politique sociale du défunt, il est devenu ingénieur d'Etat », a-t-il témoigné. L'intervenant a ensuite fait référence au soutien apporté par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à Ben Bella à la fin de sa vie. L'historien Mustapha Ounissar a appelé les chercheurs à mettre en lumière ce qui n'est pas connu du parcours du premier président de l'Algérie notamment son rôle dans les soulèvements en Tunisie et au Maroc et ses missions « secrètes » à l'étranger. « Il a fortement participé à la mise en place des premières cellules de la révolution, à l'entraînement et à la formation assurées par Larbi Ben M'hidi ». A la fin, la fille du défunt ainsi que l'ambassadrice d'Indonésie ont été honorées par le journal El Moudjahid.