Dans une conférence animée hier sur le thème des exportations au palais des expositions, le directeur central au ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Cherif Amari, a signalé que l'objectif du secteur est d'arriver, d'ici à 2019, à zéro importation des produits de large consommation, à savoir la poudre de lait, le blé dur et les viandes. Et ce, grâce aux dispositifs mis en place pour le renforcement des investissements privés et la création de fermes intégrées pour la production laitière. « En 2019, les perspectives en matière de production céréalière sont fixées à 67,3 millions de quintaux. Une grosse production est également envisagée pour la pomme de terre qui doit atteindre d'ici trois ans, les 6 millions de tonnes », indique-t-il en soulignant que 2000 tonnes de pomme de terre ont été exportées à ce jour. Vu le volume de la production de la pomme de terre, et la demande croissante des pays africains et européens, le secteur compte exporter, selon lui, 60.000 tonnes à partir de l'année prochaine, voire 70.000 tonnes, d'après le ministre de l'Agriculture, Sid-Ahmed Ferroukhi, qui a inauguré cette conférence organisée dans le cadre du 13e Djazagro. « Il ne s'agit pas que de la pomme de terre, mais aussi des dattes et de la tomate industrielle. Nous avons enregistré des excédents dans beaucoup de produits, la volaille notamment, qu'il faut exploiter dans une logistique appropriée », relève-t-il en appelant les exportateurs à cibler les marchés porteurs, asiatiques, entre autres. Dans ce contexte, l'expert international dans les exportations, Riad Beladi, a estimé que le modèle américain dans ce créneau est idéal pour le contexte algérien. « Il est idéal car il est simple à appliquer. Il consiste à désigner des personnes compétentes pour identifier les marchés potentiels pour les exportations et fournir aux exportateurs toutes les informations les concernant. Ensuite, ces personnes déléguées, rémunérées par le gouvernement, établissent des réseaux de communication entre les producteurs et les marchés potentiels. Mais ce sera aux exportateurs de gagner ces marchés », explique-t-il, précisant que le but à long terme est de s'établir dans ces marchés. Pour cela, rappelle le ministre, la chaîne agroalimentaire doit fonctionner en tant qu'entité. « C'est cela qui permettra à nos produits de se positionner sur le marché interne comme sur le marché externe. Il y a des filières agroalimentaires très dynamiques qu'il s'agit de canaliser. Il ne faut pas perdre de vue que 70% du coût du produit est lié à l'emballage et à la logistique. Le marché extérieur commercialise plus l'image que le contenu », constate-t-il. Or, selon lui, le produit algérien a la qualité du goût comme atout. Il assure que non seulement les produits agricoles algériens ont connu une croissance de 7% ces cinq dernières années, mais qu'ils sont, de plus, de grande qualité. « C'est un atout qu'on doit valoriser et exploiter. Nous avons recensé 80 pôles agricoles dynamiques dans le secteur qui représentent le tiers de la croissance agricole. Les mesures pour faciliter l'acte d'exportation sont en marche. Reste l'effort des investisseurs privés qui doit être renforcé. Ces derniers doivent savoir que la logistique de la chaîne agroalimentaire se déploie au niveau territorial car la production agricole ne se fait plus à proximité », explique-t-il, signalant qu'il faut parfois parcourir des centaines de kilomètres pour acheminer la pomme de terre ou la tomate.