WILHELM STEINITZ, LE PÈRE DE LA STRATEGIE MODERNE

LES MAÎTRES DU TEMPS QUI PASSE

Contemporain du célèbre champion Paul Morphy, l'Américain d'adoption, Wilhelm Steinitz, citoyen du défunt empire austro-hongrois, né en 1836 et décédé en 1900, n'est pas seulement considéré comme le premier champion du monde officiel, mais aussi comme le père de la stratégie moderne dont il dégagea les règles en les mettant en pratique dans les tournois et matchs, et aussi, en les publiant dans son magazine, « Chess International », édité aux Etats-Unis. Ses contributions à la théorie des ouvertures sont immenses et sont d'actualité, et il a légué un très grand nombre de parties remarquables. Il fut vainqueur d'un grand nombre de tournois et de matchs tant en Europe qu'aux Etats-Unis, notamment contre le célèbre champion russe, Mikhaïl Tchigorine, mais aussi face au très imaginatif maître allemand, Adolf Anderssen, qui fut entre autres mathématicien et philosophe à Breslau, et ce, au cours d'un match comptant pour le titre mondial de quatorze parties, où il n'y a eu aucune partie nulle et remporté sur le score de 8 à 6 ! Après sa victoire contre le sulfureux maître polonais Johannes Herrnman Zukertot qui avait la particularité, outre d'être médecin, de parler douze langues, de bien jouer au whist, d'être un excellent escrimeur et un adroit tireur au pistolet, Wilhelm Steinitz fut considéré définitivement comme le premier champion du monde dont le style est extraordinairement rapporté par la revue italienne de l'époque « La Nouvelle revue des échecs » : « Le style de jeu de Steinitz est si exceptionnel qu'il mérite d'être détaillé, aucun joueur vivant ne joue et ne gagne comme il sait le faire. Nous pensons même que si, dans les épreuves les plus importantes, il utilisait un système de jeu différent, il serait quand même rarement battu... Il montre toujours du brio et de l'audace dans l'ouverture et dans le milieu de jeu : que ce soit par orgueil, par caprice ou par esprit chevaleresque, il accepte et propose toujours à ses adversaires les types de jeux qu'ils préfèrent. Il invente et apprécie les positions les plus risquées et les plus étranges, il tente les défenses les plus difficiles et les plus décriées, il crée toujours quelque chose, en produisant les combinaisons avec un rare panache. Il réalise tout cela dans les parties les plus sérieuses et avec des adversaires de toutes forces. »
Pour défendre son titre, Steintiz battit à plusieurs reprises Mikhaïl Tchigorine mais perdit son match et la revanche contre le jeune Allemand Emmanuel Lasker en 1894 et en 1896. Voici quelques joyaux du champion :
nPartie N° 1 :
Blancs : Steinitz William
Noirs : Von Bardeleben Curt
Hastings 1895
Partie italienne
1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fc4 Fc5 4.c3 Cf6 5.d4 exd4 6.cxd4 Fb4+ 7.Cc3 !?
(7.Fd2 !)
7...d5 ?
7...Cxe4 8.0–0 Fxc3 9.bxc3 d5 Steinitz-Schlechter/Hastings/1895
8.exd5 Cxd5 9.0–0 Fe6
9...Cxc3 10.bxc3 Fxc3 11.Fxf7+ Rf8 12.Db3 Fxa1 13.Fa3+ Ce7 14.Te1‚ +- ; 9...Fxc3 10.bxc3 Cxc3 11.Db3
10.Fg5 Fe7
10...Dd7 11.Fxd5 Fxd5 12.Te1+ Fe7 13.Cxd5 gagne un temps
11.Fxd5 ! Fxd5 12.Cxd5
12.Fxe7 Cxe7 13.Te1 0–0 14.Txe7 ? Zaitsev 14...Dxe7 ? (14...Fxf3 !) 15.Cxd5
12...Dxd5 13.Fxe7 Cxe7
13...Rxe7 14.Tc1 The8 (14...Rd7 15.Da4‚) 15.Tc5 Dd6 16.Dc1 (16.Dc2 !?)
14. Te1 f6 15.De2 Dd7
15...Dd6 ? 16.Db5+ Dc6 17.Db4 Dd6 18.Dxb7
16. Tac1 ?!
16.Tad1 ! Rf7 17.Dc4+ Cd5 18.Ce5+ fxe5 19.dxe5+-
16...c6 ?
16...Rf7 ! peut sauver la partie. 17. Dxe7+ ? (17.Dc4+ Cd5) 17...Dxe7 18.Txe7+ Rxe7 19.Txc7+ Rd6 20.Txb7 Thb8 21.Txg7 (21.Txb8 Txb8 22.b3 Rd53) 21...Txb2 22.h3 Txa2© ; 16...Rf8 ; 16...Rd8
Diagramme n° 1
Une poussée anodine qui inaugure l'une des plus extraordinaires combinaisons de l'histoire contemporaine du jeu d'échecs 17.d5 !! cxd5
17...Rf7 18.dxc6 Cxc6 19.Tcd1
18.Cd4 Rf7 19.Ce6 Thc8
19...Tac8 20.Dg4 ; 19...Cc6 20.Cc5 Dc8 21.Db5 Tb8 (21...Cd8 22.Cd7 Cc6 23.Dxd5+ Rg6 24.g4‚) 22.Ca6 Ta8 (22...bxa6 23.Dxd5+) 23.Dxd5+ Rg6 24.Cc5 Td8 25.De4+ f5 26.Dh4
20.Dg4 ! g6 21.Cg5+ Re8
21...fxg5 ?? 22.Dxd7+-
Diagramme
N° 1 bis
La tour se sacrifie et ne peut être prise 22.Txe7+ !! Rf8
22...Dxe7 23.Txc8+ Txc8 24.Dxc8++- ; 22...Rxe7 23.Te1+ Rd6 24.Db4+ Tc5 (24...Rc6 25.Tc1mat ; 24...Rc7 25.Ce6+ Rb8 26.Df4++-) 25.Ce4++-
23. Tf7+ !
23.Dxd7 ?? Txc1+–+
23...Rg8 !
23...Dxf7 24.Txc8+ Txc8 25.Dxc8+ De8 26.Cxh7++-
24.Tg7+ ! Rh8 !
24...Rf8 25.Cxh7+ Rxg7 26.Dxd7++-
25.Txh7+ ! Les noirs quittèrent la salle de jeu sans avoir abandonné, donnant ainsi encore plus de lustre à cette partie qui a subjugué des générations entières d'échéphiles. 25.Txh7+ ! Rg8 26.Tg7+ Rh8 27.Dh4+ Rxg7 28.Dh7+ Rf8 29.Dh8+ Re7 30.Dg7+ Re8 31.Dg8+ Re7 32.Df7+ Rd8 33.Df8+ De8 34.Cf7+ Rd7 35.Dd6mat 1–0