Très critique, le ministre a dressé un tableau peu reluisant du fonctionnement de ces infrastructures qu'il a qualifié de « totalement bureaucratique ». Censés incarner la « souveraineté culturelle et intellectuelle » de l'Algérie, ces hauts lieux du savoir ne remplissent pas leurs missions. Chiffres à l'appui, il a déploré que le fonds documentaire de l'ensemble du réseau bibliothécaire national ne compte pas deux millions d'exemplaires, dont 440.000 titres. Sois une part de 0,05% pour chaque citoyen. Les bibliothèques, au nombre de 635, réparties à travers le pays, ont un très faible impact sur le public. Le ministre regrette qu'un pays qui compte 40 millions d'habitants n'enregistre que 70.000 inscrits dans les 634 bibliothèques (nationales, régionales et locales). « Ce sont des chiffres inacceptables », a-t-il lancé en appelant ces structures qui fonctionnent en « vase clos » à s'ouvrir sur leur environnement immédiat (écoles, universités...) et à coordonner avec les organismes culturels locaux tels que les musées, les maisons de culture, les théâtres non sans impliquer les acteurs (écrivains, comédiens, artistes peintres...) du secteur. « Nous devons revoir le fonctionnement de ces organismes pour les impliquer dans la création et l'animation du fait culturel et éducatif », soutient-il en rappelant la gratuité d'accès décidée au profit des élèves des trois cycles scolaires, et ce, dit-il, dans l'espoir d'aider à l'émergence d'une génération de lecteurs. Pour les théâtres, la situation n'est pas moins déplorable. Tout en insistant sur la détermination de son département à aider le quatrième art national, Mihoubi a souligné que les ressources financières sont en baisse en raison de la politique de « rationalisation » des dépenses publiques décidée par le gouvernement. « Nous continuons à soutenir le secteur, mais il est grand temps de réfléchir à d'autres moyens de financement », a-t-il préconisé en donnant pour exemple le maintien de quelques festivals de qualité tels que ceux de Bejaïa, d'Alger ou de Mostaganem. Cette dernière, annonce le ministre, sera distinguée en 2017 au titre de capitale du théâtre et abritera toute l'activité théâtre du pays, avec la participation de l'ensemble des acteurs publics et privés. Dans ce cadre, le ministre a insisté sur la qualité devant caractériser la production théâtrale en appelant à donner la priorité aux textes algériens. A ce titre, il a déclaré que les œuvres des auteurs algériens primés, tant au niveau national qu'à l'étranger, seront automatiquement pris en charge et adaptés au théâtre. Façon, dit-il, d'encourager la création nationale et de renouer un tant soit peu avec l'âge d'or des années 60-70. Le ministre dit favoriser la formation et les compétences nationales. Cette mission, souligne-il, a comme assise, en plus de la loi sur le théâtre, une feuille de route de la « réforme du quatrième art », établie en 2014 à l'issue de plusieurs réunions entre les responsables du département et les principaux intervenants dans le secteur.