C'est un homme qui a marqué l'histoire du XXe siècle qui vient de disparaître. Fidel Castro aura été un acteur majeur des événements qui ont façonné le monde contemporain. Il a rayonné au delà de son pays, influençant, notamment durant les années 60 et 70, des franges importantes de la jeunesse dont il était une égérie et un modèle. Des années durant, il fut le symbole du refus de l'ordre mondial auquel il s'opposa en Amérique latine et en Afrique. Sur ce dernier continent, il avait soutenu avec des hommes et des armes les luttes de libération des peuples, notamment en Angola. « El Commandante » était le père d'un Etat qui, à quelques kilomètres des Etats-Unis, a refusé de plier, malgré toutes les tentatives visant à l'assassiner et à faire plier cette petite République fière et intransigeante. Confronté à des difficultés nées d'abord de l'embargo américain qui a duré plus d'un demi-siècle, aggravées par la chute du bloc de l'Est, le système cubain ne s'effondrera pas et symbolisera toujours les espoirs de la gauche latino-américaine revenue au pouvoir dans certains pays. C'est cet esprit de résistance qui a fait que Fidel jouissait d'un grand respect dans notre pays. Certes, quand la révolution castriste triompha en janvier 1959, l'Algérie n'était pas loin de l'indépendance. Fidel prit aussitôt fait et cause pour la révolution algérienne. Le GPRA sera reconnu en 1961 par Cuba et son premier voyage à Alger eut lieu en octobre 1962. Cuba était sur la liste des amis de l'Algérie indépendante qu'elle soutient dans sa première épreuve, l'agression marocaine à laquelle elle fit face. Son proche compagnon, Che Guevara, auréolé de légendes, visita aussi notre pays au lendemain de l'indépendance et se rendra en Kabylie pour prendre la mesure des destructions de l'armée coloniale et des efforts de reconstruction. Fidel Castro est revenu aussi à Alger dix années plus tard où il a reçu un accueil populaire. Aucun nuage n'est venu assombrir les relations entre les deux pays. Durant des décennies, ils partagèrent la même vision des relations internationales. Ils plaidaient dans tous les forums pour un nouvel ordre bâti sur davantage de justice. La coopération bilatérale, surtout dans son volet politique, a été toujours marquée par le sceau de l'amitié et de la reconnaissance. Son illustration éclatante est dans le domaine de la santé, l'un des secteurs qui constitue une réussite de Cuba. Plus de 900 praticiens et techniciens cubains exercent en Algérie, déployés à travers plusieurs wilayas, en particulier le Sud comme Djelfa ou Ouargla. Entre Cuba et l'Algérie, les liens ne sont pas seulement d'ordre commercial ou protocolaire. Lors de sa visite, au mois d'octobre dernier, à La Havane, le Premier ministre avait été reçu par Castro. Toute une histoire partagée avait alors de nouveau affleuré.
