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La mémoire ressuscitée
Reconversion de Serkadji en musée
Publié dans Horizons le 29 - 11 - 2016

La reconversion « prochaine » de la prison Serkadji en musée permettra enfin de livrer les secrets « enfouis » depuis des décennies dans cet établissement tristement réputé pour avoir été un « haut » lieu de torture morale des moudjahidine lors de la période coloniale. Le dossier relatif à cette reconversion de la prison en « musée dédié à la mémoire nationale » est en phase de préparation et sera « prochainement » déposé sur la table du gouvernement, a-t-on appris auprès du ministère de la justice.
En novembre 2014, la prison de Serkadji a été complètement vidée de ses pensionnaires en vue d'être transformée en « musée dédié à la mémoire nationale ». Lors d'une visite guidée à la prison de Serkadji dont une partie de l'architecture remonte à l'époque ottomane et l'autre partie à l'ère coloniale, l'APS a constaté que cette enceinte, malgré son ancienneté, demeure intacte et « garde » dans ses murs de lointains souvenirs. Selon des historiens, cette prison, surplombant la baie d'Alger, a été construite par les colons français en 1856 sur les lieux d'une ancienne fortification turque située dans la Haute-Casbah d'Alger dominant la mer. Au temps de la colonisation, on l'appelait prison de Barberousse, du nom du corsaire ottoman Baba Aroudj.
Escapade dans le couloir de la mort
En arpentant le long couloir des condamnés à mort de la prison, qui a vu défiler, dans ses geôles d'innombrables militants de la cause nationale, un sentiment de nationalisme intense s'empare du « visiteur » non averti. Lorsque la peine de mort était appliquée, les condamnés à mort étaient exécutés peu après l'épuisement de tous les recours (cassation, grâce présidentielle), tôt le matin, à une date non précisée. Au total, 58 militants algériens ont été exécutés dans la prison de Serkadji dont 48 guillotinés et 10 autres fusillés. Le couloir de la mort, situé au premier niveau de la prison qui en compte trois, est constitué de 14 cellules dont la deuxième à gauche était occupée par Ahmed Zabana, l'un des premiers militants à avoir subi le couperet, un certain 19 juin 1956. Sur la stèle se trouvant dans la « cour d'honneur » et placée à côté de l'ancien emplacement de la guillotine, à l'entrée même de la prison, une liste chronologique contenant les noms des moudjahidine exécutés à la guillotine est inscrite. On peut y lire clairement que le premier à être exécuté à l'aide de cette terrible machine, le 19 juin 1956, est Abdelkader Ferradj, suivi à quelques minutes près par Ahmed Zabana. Louni Arezki, Boutrik Miloud, Touati Saïd, Radhi Hmida, Rahal Boualem, Gacem Mohamed, Hahad Abderazak, Baâdach Bensari, Sidi Yakhlaf Mohamed, Sahli Maâmar, Bahloul Saïd, Mokhtari Ali et tant d'autres héros avaient, eux aussi, péri sous la lame tranchante de la guillotine et dont les noms ont été inscrits à jamais en lettres d'or dans l'histoire du pays. En longeant le couloir de la mort, la sempiternelle image tant reflétée par des œuvres cinématographiques ou autres renvoie à ces pas de geôliers venus conduire l'un des militants vers l'échafaud « accompagnés » des voix des autres détenus fusant de toute part criant haut et fort « Allah Akbar, Tahya El Djazaïr (Dieu est grand et vive l'Algérie). Daoud Zouaoua (78 ans), Mohamed Bourahla (82 ans), Djillali Mouhoun (77 ans) et Radouane Benani (83), tous « pensionnaires de marque » de Serkadji lors de la guerre de Libération nationale pour plus d'une vingtaine d'opérations « héroïques » dans le Grand Alger, rescapés de la guillotine, livrent leurs expériences dans le couloir de la mort.
« Les exécutions à la guillotine se déroulaient entre 2h et 5h30 du matin, ce qui fait que tous les militants séjournant dans le couloir de la mort ne s'abandonnaient jamais aux bras de Morphée lors de cette période afin d'être bien éveillés lorsque les gardiens viendraient conduire l'un des leurs à l'échafaud », a raconté Daoud Zouaoua, condamné à mort en 1959. Le regard larmoyant et attendri, il évoque le souvenir d'un condamné à mort conduit, dans un sommeil profond, par les gardiens vers la potence. « Il n'avait pas pu crier Allah Akbar, tahya El Djazair », s'est-il désolé. Les condamnés à mort dont les fers étaient maintenus même dans leurs cellules individuelles étaient soumis à un traitement spécial. Portant une combinaison grise dont le dos était frappé d'une croix jaune pour les distinguer des autres détenus de droit commun, ils ignoraient totalement le jour où ils seront exécutés, a assuré Mohamed Bourahla qui avait séjourné dans le couloir de la mort de 1961 à 1962. Ce dernier, pour rappel, a été le principal instigateur de l'évasion spectaculaire de Serkadji le 22 février 1962 lorsque 26 détenus s'étaient enfuis par un tunnel creusé pendant des mois dans la cour arrière de la prison donnant à l'extérieur, selon un avis de recherche émis le 22 février 1962 par le directeur de la maison d'arrêt de Serkadji.
« Le plus insolite dans l'histoire, c'est que l'administration pénitentiaire de Serkadji avait, de son plein gré, fourni aux détenus tout le matériel nécessaire pour réaliser des travaux en vue de l'élargissement de la cour de la prison ignorant que ces mêmes ustensiles ont été utilisés par les détenus pour se frayer un long tunnel sous la cour pour s'évader », se rappelle Bourahla, un sourire amusé aux lèvres. « Vingt-six détenus se sont fait la belle ce jour-là et j'étais parmi eux », dit fièrement Bourahla. « Leur nombre aurait pu être plus important si l'évasion ne s'était pas arrêtée à cause du 27e évadé introduit dans le trou restreint du tunnel, de forte corpulence, le corps de ce dernier s'en est trouvé coincé empêchant les autres venus derrière lui de s'évader », regrette-t-il.
Les oubliettes, endroit de torture moral lugubre
« Les oubliettes », endroit de torture moral lugubre et terrifiant situé dans les sous-sols même de la prison, demeure « un témoin » incontournable des atrocités subies par les militants algériens durant la période allant de 1954 à 1962, raconte Djilali Mouhoun. Ces oubliettes n'ayant jamais servi depuis 1962, restent encore intactes. Ses cachots étroits et humides où l'araignée avait tissé sa toile avaient abrité de nombreux héros de la guerre de Libération nationale. Personne n'est jamais sortie indemne des oubliettes car ceux qui y avaient séjourné gardent toujours des séquelles indélébiles sur leur santé mentale, a affirmé le moudjahid Redouane Benani.
« Les gardiens obligeaient le détenu condamné aux oubliettes d'enfiler une combinaison mouillée faite en matière plastique spéciale, qui à peine portée se serre de plus en plus sur son corps. Le détenu est alors introduit dans un cachot sombre rempli d'eau dans le but de l'empêcher de s'asseoir le long de son séjour dans les oubliettes pouvant durer plus d'un mois », a relaté le rescapé de la guillotine. La nuit venue, les gardiens donnaient, à l'aide de leurs lourds bâtons, des coups assourdissants aux portes des cachots pour effrayer les suppliciés, a raconté le moudjahed Benani.


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