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Au coin de la cheminée
Le petit cheval bossu (1re partie)
Publié dans Info Soir le 13 - 02 - 2004

Il était une fois un vieil homme qui vivait avec sa vieille femme. Ils n'avaient pas eu d'enfant, mais ils en avaient adopté un. Quand leur fils adoptif fut devenu grand, des gens l'obligèrent à partir de chez eux. Il alla par les routes et les chemins, et il rencontra un vieil homme qui lui demanda :
? Où vas-tu, bon gaillard ?
? Je vais là où mon regard se pose, sans le savoir moi-même. Je vivais chez de bons vieux, j'étais comme leur fils. Mais je n'ai pas eu le choix, on m'a forcé à les quitter.
? Je te plains, bon gaillard, répondit le vieux. Mais prends cette bride et va vers ce lac. Là-bas, tu verras un arbre, escalade-le et cache-toi dans son feuillage. Soixante-dix- sept juments accourront, elles boiront, elles mangeront, elles se rouleront dans l'herbe et ensuite elles repartiront. Et un petit cheval bossu viendra. Marche alors tout autour de lui, mets lui la bride, puis va où il te plaira.
Le fils adoptif prit la bride. Comme on le lui avait dit, il fit le tour du petit cheval puis il s'assit sur son dos et se mit en chemin. Il alla par-ci, il alla par-là. Il alla de-ci, il alla de-là. Et il aperçut sur une haute montagne quelque chose qui étincelait, comme un feu qui brûle.
Il monta là-haut et découvrit une plume merveilleuse. Il descendit du cheval et voulut ramasser la plume. Le petit cheval bossu lui dit :
? Ne prends pas cette plume, bon gaillard, par elle tu auras du malheur !
Mais le bon gaillard ne l'écouta pas. Il prit la plume et continua sa route vers un autre royaume. Il y arriva et s'engagea au service d'un ministre. Le roi vit l'enfant adoptif, lui fit louange de son adresse et de son agilité. Là où il en fallait dix, il faisait tout tout seul. Le ministre ajouta :
? Et savez-vous, votre altesse royale, quelle merveilleuse plume il possède ?
Le roi ordonna d'aller chercher la plume et de la lui montrer. Il tomba en admiration devant cette plume et se prit d'affection pour le fils adoptif. Il le prit auprès de lui et le fit ministre. Et on mit le petit cheval dans les écuries du roi.
Mais voilà, les autres dignitaires ne comprenaient pas pourquoi le roi avait une telle bienveillance pour lui. C'était un simple serviteur et il était soudain devenu ministre ! Le secrétaire du roi passa à côté d'eux et leur demanda :
? Mes frères, à quoi réfléchissez-vous ? Si vous voulez, je vous donne un conseil. Restez tous ensemble et baissez le nez. Le roi va passer près de vous et demandera : «Qu'est-ce qui vous rend si pensifs ? Avez-vous entendu parler de quelque adversité ?» Alors vous, répondrez : «Non, Votre Majesté, nous n'avons rien entendu de mal, mais nous avons seulement appris que votre jeune ministre se fait fort de capturer l'oiseau à la plume merveilleuse.»
Et ils firent ainsi. Le roi convoqua alors son jeune ministre, lui dit ce qu'il avait entendu à son sujet et lui ordonna de lui ramener l'oiseau. Le bon gaillard alla vers son petit cheval, tomba à genoux devant lui et lui dit :
? J'ai promis au roi de lui ramener cet oiseau.
? Voilà, je t'avais dit : «Ne prends pas cette plume... il y aura du malheur !» Bon, ce n'est pas encore un malheur, ce n'est qu'un petit ennui. Va voir le roi et dis-lui qu'on te fasse une cage. Certaines de ses portes s'ouvriront et les autres se fermeront. Et qu'il y ait deux coffrets dans cette cage : l'un plein de grosses perles et l'autre rempli de petites. (à suivre...)


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