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Une ville, une histoire
Du bonheur à en mourir (3e partie)
Publié dans Info Soir le 27 - 02 - 2004

Préparatifs Massika veut que tout soit parfait pour le retour de son fils. Fébrile, elle s?agite dans tous les sens.
Econome et se déplaçant que très rarement, Massika ne s?est jamais souciée d?acheter un voile, comptant sur ses voisines pour ses sorties, qu?elle fait généralement une fois l?an pour se rendre à Annaba chez son frère passer quelques jours, le seul repos qu?elle s?accorde avant de rentrer à nouveau chez elle d?un air dégoûté, pestant contre la ville, répondant à ses voisines venues lui rendre visite :
?C?est étouffant ! Il y a tellement de monde qu?on se croirait au jour du Jugement dernier ! Et le bruit? Je me demande pourquoi mon frère tient à rester là bas !
Et elle tend des friandises de la ville, qu?elle a achetées exprès pour elles, en bougonnant :
? Mangez et donnez aux enfants, c?est tout ce que la ville a de bon !
Chez son frère, elle est accueillie à bras ouverts, comme chaque année. Mais cette fois, c?est différent, Dahmane va venir. Massika marche avec fierté, droite, presque en se pavanant.. Elle n?est plus cette «ouliya» qui inspirait la pitié, Dahmane est de retour. Elle passe de longs moments avec sa belle-s?ur dans la cour de la maison, assise sur une peau de mouton, la ceinture dénouée car il fait très chaud. Contrairement à son hôtesse noyée dans la graisse, son embonpoint lui donne une impression de force d?une travailleuse de la terre, aux bras et au visage tannés par le soleil.
? Il te faudra acheter une paire de chaussures, ya Massika, les tiennes sont éculées !
? Oui, c?est vrai ! Et elle sourit... Je dois repartir demain matin !
Quand elle se rend chez le marchand de chaussures, elle choisit une paire pour hommes à sa pointure.
? Mais, dit le commerçant, ce ne sont pas des chaussures pour femmes...
Massika habituée à cette réflexion réplique :
? C?est pour mon frère, il est à l?hôpital... nous avons la même pointure !
L?homme jette un coup d??il à ses pieds et comprend, car Massika n?a pu chausser des souliers de femmes que tout au début de son mariage, quand elle n?était encore qu?une svelte jeune fille.
Quand Dahmane arrive enfin, c?est la fête. Tout le monde s?écarte d?abord, laissant sa mère, la première, le serrer dans ses bras. Mais la joie est trop forte pour Massika et elle s?évanouit dès qu?elle le voit descendre de la voiture qui l?a ramené de la gare...
? J?ai ressenti une forte «redka» dans mon c?ur, en te voyant mon fils.. comme tu as changé ! (à suivre...)


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