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On achève bien les métiers d?antan
Publié dans Info Soir le 18 - 03 - 2004

Déduction Le retour à la nature et à ses richesses bienfaisantes et inépuisables traduit un désir manifeste de changer une réalité surchargée de technicité et de froideur.
La tendance «bio» adoptée comme style de vie, depuis plusieurs années, voire des décennies, en est la meilleure preuve, car cette façon d?être offre un retour aux sensations pures et au plaisir originel des sens, désorientés par le factice et les produits de substitution.
Le plastique a, non seulement, tenté de remplacer tout ce que le verre, la terre ou le bois ont apporté d?utilitaire à la vie des gens, mais s?est également attaqué à l?expression artistique dans ses différentes manifestations, dans une perspective d?industrialisation pour que l?art descende dans la rue.
Cette «banalisation» de l?art est la principale cause de son agonie aujourd?hui, notamment dans notre pays où plusieurs maîtres artisans, céramistes, potiers, dinandiers, tisserands et autres ont été contraints à jeter l?éponge après de longues années de lutte. La Casbah, qui comptait des centaines d?artisans dont les chefs-d??uvre ornaient les longues rues de cette belle citadelle, ressemble aujourd?hui à un village fantôme qui a perdu le souvenir de ses journées ensoleillées par la blancheur de son haïk m?rema et le scintillement de ses dinanderies.
Les maîtres «harrarines», qui tissaient la soie pour le plaisir des Algéroises toujours parées de foulard, fouta et haïk les plus raffinés, ont également disparu du décor.
La broderie décorative par excellence répondait à tous les besoins d?ornement des tissus, du velours, de la soie et du cuir que les maîtres brodeurs maniaient avec aisance.
Le tisserand et le tapissier, qui composaient sans maquette des thèmes de décoration empreints de gaieté et de richesse, ont cédé à contrec?ur leur place aux machines industrielles.
Ce retour à la nature reflète également le désir de retrouver un vécu empreint de convivialité et d?authenticité dans ce que l?homme entretient comme relation avec ses semblables ou dans ce qu?il fait, fabrique et offre comme service pour répondre aux besoins de son entourage.
La nostalgie envahit nos parents et leurs parents, qui ont survécu à un dépouillement socioculturel, loin dans une époque où ils n?avaient de respect que pour la noblesse de l?objet manié et l?affection qu?offrait l?artisan à travers ses produits.


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