M. Ali Bey est libraire de son état, il affirme que sa corporation est la plus lésée. «Nous vivons une situation de pénurie depuis le 1er janvier 2002, date de l?entrée en vigueur des augmentations de taxes douanières qui dépassent l?entendement.» Il a pointé un doigt accusateur vers les importateurs qui empruntent un circuit parallèle, échappant ainsi à tout contrôle. Ainsi des millions de francs français passent sous le nez des libraires. Il estime que le jeu est biaisé et qu?il est impératif de moraliser le secteur, de mettre fin à la concurrence déloyale. Il faut, selon l?orateur, définir une politique claire par la mise en place d?un cadre législatif adéquat. Actuellement, il n?existe pas une industrie du livre. C?est juste une chaîne lente et surannée qui commence depuis l?édition en passant par l?importation jusqu?à la diffusion sans oublier les atermoiements bureaucratiques. Les libraires ne sont pas optimistes. Ils affirment qu?ils font leur métier par amour du livre, car ils ne font pas réellement de profits, nous disent-ils. «Les gens n?achètent pas de livres, ils sont découragés par les prix. Certains viennent reluquer les étals et s?en vont quand ils découvrent le prix des livres. Rares sont ceux qui achètent. Il n?y a que les manuels scolaires et les livres à usage académique qui se vendent bien. Les livres de culture générale ou les romans ne trouvent preneurs que durant les périodes de vente promotionelle.» Les mordus de la lecture se rabattent sur les bouquinistes qui proposent des livres à des prix cassés.