Insuffisante - La pension d'un retraité, de l'avis de tous les seniors qui ont consacré leur vie à ce pays, permet tout juste de ne pas mendier dans les rues. Peu importe si 50% parmi eux ont plus de 10 000 DA par mois ou si 30% ont plus de 15 000 DA, la seule réalité à retenir, au-delà des chiffres, est qu'ils ne peuvent plus vivre avec cette allocation. Décemment en tout cas. Les dernières majorations de la retraite apaisent certes les tensions mais ne les font pas disparaître pour autant. Et cela pour une raison bien simple et facile à comprendre. Tout est cher, tout est hors de prix, rien ou presque rien n'est accessible, ni la nourriture, ni le vêtement, ni le médicament. L'inflation est à deux chiffres et la spirale des prix est telle qu'aucune pension ne peut suivre. D'où la grogne des seniors qui considèrent qu'on les traite comme la dernière roue de la charrette dans ce pays, des laissés-pour-compte qui n'ont plus rien à attendre. Nous avons tous assisté ou du moins suivi les pérégrinations de cette affaire qui a failli tourner au mauvais vaudeville. D'abord une tripartite qui a décidé d'une augmentation de 40% puis juste après, un responsable de la FNTR qui se fend, tout heureux, d'une annonce pour le moins triomphale à savoir que les retraités la percevront en novembre. Il ira jusqu'à préciser avant la fin de l'Aïd el-Adha. Ne voyant rien venir à l'horizon pas même le début d'un commencement de revalorisation, les retraités furieux manifestent bruyamment devant le siège de la Maison du peuple où ils faillirent lyncher Sidi Saïd. Certains anciens qui avaient calculé le montant de leur future majoration en fonction des taux qu'on leur avait promis de 40, 30 et 15% baissent carrément les bras et finissent par ne plus croire qui que ce soit aussi bien le ministre Tayeb Louh que l'UGTA. Quelques-uns crient à la manœuvre, d'autres à la hogra mais tous ne comprennent pas pourquoi un Conseil des ministres devrait décider du sort des retraités d'autant que de nombreux corps de métiers ont bénéficié de bien meilleures augmentations sans que cela passe par le même canal. Dernier volet de cette histoire qui n'a pas fini de faire des vagues : l'Etat consent enfin à revaloriser les pensions de 30 à 5 % en fonction d'un certain nombre de paliers, c'est-à-dire de manière dégressive. Une victoire pour les retraités ? Oui mais à la Pyrrhus… Le Conseil des ministres ne dit pas un mot sur l'augmentation de 40% pas plus d'ailleurs sur la revalorisation de la prime du conjoint. Il ne souffle pas un mot non plus sur les rappels depuis janvier 2010, bref il a évité pratiquement toutes les doléances pourtant inscrites au cahier des charges. En attendant, les anciens qui en ont vu d'autres ne lâchent pas prise et maintiennent la pression.