Entre application des réformes et élections législatives, le pays a renoué avec les émeutes, et un peu partout, des citoyens désabusés occupent la rue et troublent l'ordre public. Mais quel est le lien entre ces faits marquants de la vie politique nationale et cette soudaine fébrilité de la population ? Aucun, diront les analystes, prompts à veiller à ne pas établir le moindre rapport entre le déroulement cyclique de renouvèlement des institutions élues et cette spontanéité des «mouvements de masse». Pourtant… C'est vrai que le paysage politique national est, de loin, très différent de ceux qui existent actuellement dans les pays voisins et toute la région alentour, mais faut-il pour autant dormir sur ses lauriers et compter sur la rente pétrolière pour parer à toute mauvaise surprise en concédant de larges augmentations et en soutenant les denrées essentielles ? Qu'aurait dit l'actuelle Assemblée nationale si elle avait été sollicitée pour enquêter sur les émeutes du logement, elle qui a désigné la dérégulation du marché et accablé les grossistes au sujet des fameux soulèvements de l'huile et du sucre ? Il y a indéniablement un déficit de confiance entre gouvernés et gouvernants, et le citoyen lambda, confronté à une baisse spectaculaire de son pouvoir d'achat. La préoccupation des participants aux futures élections relève surtout du score que réaliseront les partis islamistes et chacun s'évertue à en minimiser la portée, alors que des leaders gardent un œil sur les présidentielles sans chercher à cacher leurs ambitions. C'est peut-être cela la politique politicienne qui rebute le citoyen confronté, lui, à des problèmes plus terre à terre. Comme cette inflation qui a atteint des proportions incroyables. Ce couffin qu'on n'arrive plus à remplir. En attendant de remplir…l'urne. Enfin de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.
