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Une ville, une histoire
Aïn Fouara, cette belle étrangère
Publié dans Info Soir le 01 - 07 - 2012

Proverbe n «Un douro de benjoin et la ville est encensée ».
Il n'y a rien de plus vrai, ni de plus subtil pour illustrer cet état d'esprit qui règne dans cette grande ville des hauts- plateaux de l'est algérien, ce carrefour d'échanges et de convivialité où tout se sait et où rien ne saurait être caché.
Ici l'étranger se sent vite chez lui, c'est ainsi que dans cette mosaïque fraternelle de Amr, de Ouled Naïl, de Kabylie, de Chaouia, de Kotama, de Souafa, de Beni M'zab et d'ailleurs, c'est une étrangère qui est devenue le symbole de la ville, quasiment sa dame patronnesse.
Statue en marche. « Aïn Fouara » représente une femme nue aux formes délicates et harmonieuses. Elle a été sculptée par l'artiste français, Francis de Saint Vidal et a été achevée le 26 février 1898. Selon une légende, la jeune femme prise comme modèle était une française de Sétif, dont il serait tombé amoureux... Un jour que la statue était exposée au Musée du Louvre, le gouverneur militaire de Sétif tomba en extase devant elle et demanda au sculpteur de l'offrir à Sétif pour en faire une fontaine monumentale.
L'artiste accepta volontiers. La statue entreprit alors un long périple à destination de sa ville d'adoption. Elle partit en juillet 1898 de Paris vers Marseille puis embarqua à bord d'un bateau vers Philippeville (Skikda).
Elle fut reçue au port, en grande pompe par de nombreux notables de Sétif. Son destin de Sétifienne venait de commencer.
De Philippeville, elle fut transportée, par des moyens de l'époque, par monts et par vaux jusqu'à Sétif. Le voyage dura plus de dix jours, mais finit en apothéose. Toute la communauté européenne était là pour l'attendre. La curiosité se le disputait à l'admiration. Son sort était scellé. Elle venait de captiver les cœurs des Sétifiens toutes communautés confondues.
L'architecte franco-italien Francissionni sera chargé du site de son emplacement. Plusieurs artisans de renommée seront mis à contribution pour parachever l'œuvre de Saint Vidal et dresser la statue et son piédestal sur une fontaine quadriforme.
Le jour de son érection, par une journée glaciale de fin d'automne, l'assistance nombreuse vit d'épaisses volutes de vapeur monter de la fontaine sous
l'effet du froid intense. Des voix de Sétifiennes autochtones montèrent : «Fouara... Fouara... » (en arabe : elle fait de la vapeur, elle fait de la vapeur...) cette femme nue, superstition aidant, allait prendre au fil des ans une valeur incroyable aux yeux, non seulement des autochtones mais aussi des Européens. Surtout parmi les femmes. Celles qui n'avaient encore trouvé un mari venaient, sans même sans cacher, lui demander de leur en ramener un. Et lorsque les vœux étaient exaucés, les femmes revenaient en habits de fête et avec force youyous passaient du henné sur les mains et les pieds de la belle fée.
Malgré sa totale nudité, El-Fouara ne choquera pas. Pourtant, elle ne se trouve qu'à une cinquantaine de mètres de la grande mosquée de Sétif. Ce voisinage, assez peu coutumier au regard des traditions algériennes, est d'ailleurs l'expression d'une tolérance inouïe et jamais constatée dans un pays musulman. L'esthète et le croyant, à quelques mètres l'un de l'autre, l'un admirant les formes féminines d'une statue de marbre, revêtue de sa seule chevelure mais aussi d'une telle beauté qu'elle en est devenue pudique dans sa nudité même et l'autre priant sereinement son Créateur sans qu'il soit besoin lui de jeter l'anathème sur la beauté, l'innocence et le désarroi des cœurs qui espèrent et se languissent.
Mais à l'aube d'une journée d'avril 1997 à moins d'une année du centenaire de la statue, le centre de Sétif fut secoué par une forte déflagration. Aïn El Fouara avait été dynamitée, Les Sétifiens découvrirent avec une douleur non dissimulée que cette fée qui faisait partie de leur patrimoine, de leur vécu et de leur personnalité avait été déchiquetée. Ils la pleurèrent, hommes et femmes, comme un être cher. L'identité de ceux qui avaient voulu frapper l'âme même des Sétifiens ne sera jamais connue.
En ces temps de trouble et de violence, tout était possible pour lâcher les démons.
Grâce aux élèves de l'Ecole des Beaux-Arts, la statue fut restaurée. C'est à peine si l'on en voit encore quelques cicatrices. Mais émus par ce qui lui a été infligé, les Sétifiens ne l'en aiment que plus.
Anis Mehdi


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