Octobre, dit-on, est le mois des poètes. C'est aussi celui des révolutions et des blessures que porte en son flanc l'humanité incapable de les panser. Nous avons «décélébré» un 5 octobre devenu un lointain souvenir presque insignifiant que des caricaturistes représentent par une paire de tennis «Stan Smith» déguenillée et que des chroniqueurs ont déterré à l'occasion du décès du Président en fonction à l'époque. Lequel, dit-on, est parti avec ses secrets, quoique un pavé soit attendu pour lever des zones d'ombre. Octobre a vu partir un autre digne fils de l'Algérie, Pierre Chaulet, qui a choisi sa patrie dès sa prime jeunesse, préférant à l'oppression le combat pour la liberté. Demain, on commémorera le 17 de ce mois, comme une blessure béante dans un fleuve soudain taché de rouge. Cette nuit-là, les Algériens des ghettos de Nanterre et d'Aubervilliers ont tous répondu à l'appel du FLN pour manifester dans un Paris infesté de CRS. La suite restera dans les annales de l'histoire comme une honte de la République des droits de l'Homme. Les flics du sinistre Papon précipiteront les paisibles manifestants dans la Seine et à ce jour aucune repentance ni moindre regret n'ont été formulés. Octobre a pourtant bonne mémoire, lui qui en a vu des sillons tracés par l'araire et souillés du sang des martyrs...Alors dans un dernier sursaut il a choisi de se déplacer dans ces contrées arabes pour faire un pied-de-nez aux saisons et se confondre au printemps, lui le mois automnal. Il arrive à octobre de voler des fragments de canicule comme il le fait cette année, où il chauffe sur les têtes. Cela s'appelle l'été indien et il rêve de faire une révolution pour justement récupérer ce que les Indiens lui ont enlevé. Son scalp ? Non, son usine, sise quelque part dans une plaine de l'Est algérien. Pour sûr, ce jour-là, il prendra sa revanche comme le chante le poète. En attendant, octobre lézarde sur les parkings sauvages, à l'ombre des gourdins et dans les étals de ce satané informel qui ne veut pas se rendre. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.