Evénement A l?occasion d?une naissance, d?une circoncision, d?un mariage, les belles mélodies étaient à l?honneur. Pour la naissance c?est surtout le «sbaâ» (7e jour) tout au long de la toilette du nouveau-né caractérisée par un cérémonial comportant notamment la pose du henné, des chants, interprétés par des femmes, sont ponctués de you-yous. L?après-midi permet aux nombreuses invitées d?assister au concert qui leur est réservé animé par des «messamaâ». Ces orchestres étaient, jusqu?à une récente période, constitués de femmes de générations différentes et même au plan social chantant ensemble des mélodies tout en suivant une prosodie typique avec des vers qui épousent le rythme. Par le passé ce type d?orchestre se comptait sur les doigts d?une main, mais il mettait surtout en valeur un genre ayant une étroite relation avec l?environnement. Aujourd?hui, les tabous sont brisés et le chant et la musique ne constituent plus une honte au sein des familles. La radio, et la télévision ont largement contribué au développement de cette activité. D?ailleurs, plusieurs jeunes garçons et filles, disposant parfois d?un haut niveau intellectuel, ont adopté l?art de la musique qui est même inculqué dans les établissements scolaires et aussi dans les instituts spécialisés. Chez les hommes, c?est surtout lors des mariages ou des circoncisions d?enfants que ce type d?animation est relevé. Autrefois, en Algérie on a même vu des familles démunies organiser des fêtes au cours desquelles on rassemblait des fonds pour permettre aux futurs mariés de réaliser leur rêve. Les conditions sociales dans lesquelles vivaient certaines familles ne leur permettaient pas de faire des folies. C?étaient beaucoup plus des rassemblements de familles et d?amis. Ce genre de réunion était aussi organisé par les nationalistes afin de se rencontrer loin des yeux des informateurs de l?administration coloniale. Pour les circoncisions la cérémonie est toute particulière. Chez les familles aisées, alors qu?un repas copieux est servi aux invités à l?intérieur de la maison, une troupe de Zernadjia joue des morceaux selon divers modes entrecoupés de temps à autre par des youyous poussés par des femmes cachées dans des pièces donnant sur une cour où se déroule la manifestation. Par le passé c?était un homme sans aucune formation scientifique, mais plein d?expérience connu sous le nom de «hadjam» auquel on faisait appel pour procéder à l?intervention. Son arrivée est également annoncée par la mélodie de «Azziz alia» alors que l?enfant, vêtu de ses plus habits notamment une gandoura, est pris en charge par un membre de la famille. Profitant de l?ambiance créée autour de son arrivée, le hadjam se glisse sous un drap tendu par plusieurs personnes permettant à l?enfant de fixer son regard sur les billets de banques et les pièces de monnaie qui affluent devant lui. A ce moment précis, un membre de la famille jette à terre un ustensile de cuisine dont le bruit détourne le regard de l?enfant qui commençait à se préoccuper de la présence du hadjam sous le drap. Une fois la circoncision opérée, l?enfant est vite transporté sur son lit accompagné des mélodies de «Mabrouk el farh alikoum» et de «Tebkaou bil l-khir».
