Résumé de la 5e partie ■ L'expert Yan Ross analyse le TCAS, le système embarqué d'évitement des collisions. Il constate qu'il a fonctionné correctement. «Avant l'abordage, le TCAS de chacun des avions a émis et affiché un avis de résolution. Le Tupolev a reçu l'ordre de monter et le Boeing celui de descendre», raconte Yan Ross. Si les avions avaient suivi ces instructions, l'accident aurait pu être évité. 20 :35. Mais si les pilotes du Boeing ont bien obéi à leur TCAS, ceux du Tupolev ne l'ont pas fait. «Des experts américains se rendent sur les lieux de la collision mortelle des deux avions dans le sud de l'Allemagne.» Le crash fait la une dans le monde entier. La presse se perd en conjectures et cherche un bouc émissaire. «Le pilote de l'avion russe n'aurait pas tenu compte des instructions répétées du contrôleur aérien». «Le TCAS conçu pour éviter les collisions, aurait-il facilité celles-ci ?». «Pourquoi l'avion russe n'est-il pas descendu quand il en a reçu l'ordre ? Un problème de langue ? Les contrôleurs donnent toujours leurs instructions en anglais.» Autant d'interrogations que se posaient tous les commentateurs. L'enregistreur phonique permet rapidement d'exclure une première hypothèse. «Grâce au CVR, l'enregistreur phonique, nous avons également pu établir que le problème ne venait pas d'une maîtrise insuffisante de l'anglais», explique l'expert. En revanche, l'enregistrement contient un indice curieux. «Nous avons remarqué que le contrôleur aérien avait donné une instruction. Et qu'au même moment ou tout de suite après il y avait eu une alarme TCAS», ajoute l'expert. Presque simultanément, les pilotes russes reçoivent donc deux consignes contradictoires. «Descendez au 3..0. Accélérez la descente», entend-on sur l'enregistreur phonique. «L'équipage a dû faire un choix très, très rapidement. Que faire ? Et ces hommes ont eu un mal fou à se décider», explique Yan Ross. Or le choix aurait dû être simple. Les deux avions survolaient l'Allemagne, et les règlementations européennes sont claires. Le TCAS a la préséance sur les contrôleurs aériens. «Je ne m'expliquais pas qu'une telle chose avait pu se produire. Pourquoi l'équipage n'avait-il pas utilisé le TCAS comme il devait et pouvait le faire», s'interroge Yan Ross. Depuis avril 2001, le TCAS est obligatoire presque partout dans le monde. Mais les enquêteurs découvrent une exception de taille à cette règle : la Russie. (A suivre...)